Qu’est-ce qui peut bien nous obliger à signer un nouveau contrat social ? La pandémie, voyons!
La pandémie que personne n’a vu venir et que nous avons créée.
Soixante-et-deux scientifiques confinés dont beaucoup de déprimés parce qu’ils ont donné l’alerte vers 2005 sans être écoutés, se sont confiés par skype à la journaliste Marie-Monique Robin. Elle a fait de ces entrevues, un livre qui s’intitule : La fabrique des pandémies. Préserver la biodiversité un impératif pour la santé planétaire.
Ces écologues de la santé nous font constater la baisse énorme de la biodiversité, qui cause les zoonoses, la transmission de virus des animaux à l’homme, vu une trop grande proximité.
Nous apprenons aussi que notre microbiote individuel dépend de la qualité de la biodiversité locale et globale. Et donc que notre santé dépend de la biodiversité. Ce qui veut dire que nous devrions cultiver une vision globale et holistique, ainsi qu’honorer la transdiciplinarité. Nous devrions aussi adopter le concept de « one health », une seule santé qui unifie la santé des humains, celle des animaux et celle des écosystèmes.
Nous devrions cesser de déforester comme nous le faisons et en ce qui nous concerne particulièrement, cesser la déforestation importée en consommant des produits qui ont de l’huile de palme ou de noix de coco.
Si rien n’est fait, si nous ne revoyons pas notre rapport à la nature, une « épidémie de pandémies » est à nos portes, qui ouvre une ère de « confinements chroniques ».
L’autrice du livre a l’habitude de faire aussi un film sur le même sujet. Vous aurez des nouvelles de sa parution dans sa page Facebook.
Cette pandémie est aussi, bien évidemment, une question médicale. Le médecin Michael Greger quEnous connaissons mieux par son livre Comment ne pas mourir. Ces aliments qui préviennent et renversent le cours des maladies, écrit pour baisser la courbe de l’épidémie des maladies chroniques qui fait moins la manchette, a réécrit en confinement son livre de 2006 : How to survive a pandemic, qui lui aussi n’avait pas été écouté, le forçant à réorienter sa carrière vers l’écriture et les conférences pour changer le mode de vie via surtout l’alimentation. En plus d’informer pour nous aider à prendre en mains notre santé, il vise le changement du système de santé mais avise ses lecteurs de prendre soin d’eux en attendant qu’il réussisse à changer ce système car ça pourrait être long…
Dans son livre de 2020 pour montrer à survivre à une pandémie, il est dans l’ensemble d’accord avec le livre de Marie-Monique Robin, sauf qu’il fait une analyse plus profonde de l’élevage industriel massif des poulets et porcs. Il y a dans ces mégafermes un potentiel de transmission aux humains d’un ou des virus, transmission pouvant aussi bien arriver dans un marché de New-York qu’à Wuhan.
Il existe une échelle des catégories des tempêtes virales, semblable à l’échelle des catégories des ouragans, de 1 à 5. Covid 19 est de catégorie 2 et une épidémie de catégorie 5 est possible. Personne n’est prêt pour une telle épidémie, que personne ne voit venir, sauf une centaine de scientifiques fatigués de lancer des alertes pour rien.
C’est pourquoi il a fait un chapître sur la préparation pour survivre à une pandémie, au niveau individuel, familial, du quartier, de la municipalité, de la région, du pays et de l’international. En attendant que nous réussissions à harmoniser notre rapport à la nature nous serions avisés de se préparer. « Better prepared than scared », dit-il. On dirait ici : vaut mieux être préparés qu’apeurés.
Un troisième livre, écrit en confinement, sans surprise, sachant que le système économique dominant repose sur la destruction de la biodiversité, propose un autre système, pour éviter cette folie, un État social-écologique garant de la santé. L’auteur, économiste, Éloi Laurent, pense que l’espérance de vie en pleine santé vaut mieux que la croissance, le PIB et le plein-emploi.
Deux tableaux m’ont particulièrement intéressé : celui des bénéfices sanitaires tirés de la biodiversité et des écosystèmes, sur le plan de la physiologie, de la psychologie et des aspects cognitifs et spirituels et deuxièmement le tableau des croisements des compétences municipales sociales et environnementales qui ouvrent le champ de la transition sociale-écologique urbaine.
C’est ainsi que son livre : Et si la santé guidait le monde, est une suite aux deux autres.
