Militante engagée, Françoise David a été présidente de la Fédération des femmes du Québec de 1994 à 2001. Ensuite, elle a fait le saut en politique d’abord avec Option citoyenne avant de devenir la porte-parole de Québec solidaire. Provenant d’un milieu aisé, ses parents lui ont transmis le désir d’aider les autres. Son père, fondateur de l’Institut de cardiologie de Montréal, soutenait l’accès universel à un système de santé public et efficace. Dans son carnet De colère et d’espoir, elle partage ses aspirations pour un Québec où il fait bon vivre et y expose des principes essentiels.
Égalité
Cette politicienne défend un système de santé public centré sur la prévention des maladies, les services de proximité (CLSC), le soutien aux personnes vulnérables et à leur entourage ainsi qu’une remise en question de la rémunération à l’acte des médecins. Elle explique sa position : «Cette privatisation partielle du système de santé me scandalise. Pourquoi ? Parce que je suis convaincue que ce recours aux services privés détricote complètement la solidarité sociale sur laquelle nous avons fondé le système de santé. Celui-ci repose sur une idée généreuse : chaque citoyenne, chaque citoyen doit être soigné efficacement, dans des délais raisonnables, et ceci sans égard à son statut social.»
Selon elle, en matière d’éducation, c’est le même principe. Il faut avoir accès à l’université sans se ruiner et mieux encadrer les écoles publiques pour que les jeunes aient le goût de les fréquenter. Il faut également lutter contre la pauvreté et encourager nos artistes locaux qui vivent souvent sous le seuil de faible revenu.
Intégration des femmes
Féministe, elle constate que les femmes voilées sont marginalisées. La plupart d’entre elles sont scolarisées et s’expriment en français. Les médias discutent du voile sans prendre la peine d’écouter le point de vue des femmes musulmanes. Mme David tempère : «Pourtant, je crois que nous devons nous calmer un peu. Voir la femme sous le voile. C’est d’abord un être humain. […] Elle veut travailler, gagner sa vie, être autonome à sa manière. Pourquoi ne pas chercher à la comprendre ? Pourquoi ne pas favoriser l’intégration plutôt que l’exclusion ?» L’intégration des femmes voilées à la société québécoise contribue à leur autonomie financière donc par le fait même à leur liberté. Françoise David n’appuie pas pour autant les intégristes qui chercheraient à modifier les orientations religieuses de l’État québécois. Elle ne souscrit pas non plus au port du voile intégral, où l’on ne voit que les yeux de la femme, pour des raisons évidentes de qualité de communication et de sécurité dans certains métiers.
Protéger la nature
«Pour ma part, je demeure convaincue que nous devons nous opposer de toutes nos forces à l’exploitation des gaz de schiste. Parce que cette industrie charcute littéralement des territoires habités et fertiles. Parce que les risques environnementaux sont trop élevés. Et surtout parce que nous n’en avons pas besoin» s’insurge la co-porte-parole de Québec Solidaire. La mobilisation citoyenne et politique s’est vivement opposée à cette exploitation et a remporté temporairement cette bataille. Pendant ce temps, d’autres projets comme la plateforme d’extraction pétrolière Old Harry et le projet minier du Plan Nord se mettent en branle à l’encontre de la volonté commune. Aucune évaluation environnementale stratégique n’est prévue. Le gouvernement agit comme si ça n’avait aucun impact majeur sur nos terres, nos rivières, notre sous-sol et nos forêts.
Défense du français
Depuis quelques années, cette militante remarque que le français est de moins en moins utilisé à Montréal. L’augmentation des échanges commerciaux entre le Québec et l’étranger encourage certains employeurs à exiger l’anglais chez les travailleurs. «Et on arrive à cette aberration : pendant les entrevues d’embauche, on demande à des personnes immigrantes qui ont fait l’effort d’apprendre le français, si elles parlent anglais ! Bonjour les contradictions !» relève l’auteure.
Françoise David s’indigne devant les injustices et les discriminations. C’est une femme proche des gens qui a la capacité de verbaliser des situations complexes. Elle fait de la politique en faisant valoir ses points de vue, et ce, sans dénigrer les autres partis politiques. «Je suis entrée en politique pour y apporter des idées et des propositions, comme je le faisais lorsque j’étais présidente de la Fédération des femmes du Québec. […] La partisanerie agressive et mesquine n’est pas mon fort…» confirme-t-elle. Dommage que cette femme humaniste ne soit pas reconnue à sa juste valeur, car en tant que politicienne, elle présente de bonnes propositions pour l’avenir du Québec.
De colère et d’espoir
Françoise David
Éd. Écosociété, 2011, 216 pages