UN AUTRE MONDE EST NÉCESSAIRE. Ensemble, il devient possible. C’est sous cette maxime que s’est tenu le Forum social mondial (FSM) du 9 au 14 août à Montréal, sur le territoire autochtone non cédé du peuple Mohawk. Environ 35 000 personnes y ont participé. Plus de mille ateliers autogérés ont été proposés. De plus, il y avait différents espaces où les gens pouvaient échanger en toute convivialité sur divers sujets tels l’éducation, la santé, les alternatives économiques, la diversité, le vivre ensemble, la solidarité internationale, le féminisme, les genres et la sexualité, etc.
J’y ai animé un atelier sur la Marche mondiale des femmes (MMF). Des déléguées du Brésil, des États-Unis, de la Tunisie et du Québec et une femme autochtone ont relevé différents systèmes d’oppression. Le patriarcat cause les salaires moins élevés des femmes, elles sont sous-représentées dans la sphère politique et subissent maintes violences. Le colonialisme limite les déplacements des peuples autochtones et bouscule leur façon de vivre. Le capitalisme coupe les services publics, instaure des mesures d’austérité, soutire les ressources de la terre avec violence, même en assassinant des personnes qui s’opposent à sa destruction. L’hétérosexisme crée de la violence envers les homosexuels et les personnes trans. Certaines se trouvent à l’intersection de ces oppressions, par exemple du colonialisme et du patriarcat, qui ont causé la mort et la disparition de plus de mille femmes autochtones au Canada.
Pour arrêter de perpétuer ces systèmes, nous nous informons, nous sensibilisons la population, manifestons et développons des alliances. C’est ainsi que les femmes ont obtenu le droit de vote! La MMF est en marche pour créer un monde basé sur des valeurs d’égalité, de justice, de paix, de solidarité et de liberté. Le 4 novembre prochain, la MMF participera à la grande mobilisation lors de la Journée continentale pour la démocratie et contre le néolibéralisme sous le thème Aucun pas en arrière!.
La prochaine rencontre internationale de la MMF aura lieu au Mozambique en octobre prochain. Les femmes y poursuivront la construction des alternatives et le renforcement des solidarités féministes. Je ferai partie de la délégation des quatre Québécoises qui y participeront. La Fédération des femmes du Québec reçoit les dons des organismes et des personnes qui veulent soutenir cette délégation. Elle doit amasser 10000$ rapidement!
Dans tout forum social, les gens manifestent. Au nom de ConcertAction femmes Estrie et de la MMF, j’ai participé à la manifestation contre le projet d’oléoduc Énergie Est, qui comporte de grands risques environnementaux. Le sol des berges du Saint-Laurent est trop instable pour supporter un pipeline, selon une étude commandée par le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles. J’ai participé au mur de femmes et à la lecture de leur déclaration contre les projets d’oléoducs et le développement effréné des énergies fossiles.
D’ailleurs, la semaine suivant le FSM, une commission parlementaire sur le projet de loi 106 a eu lieu. Le Regroupement vigilance hydrocarbures Québec n’a pu exprimer ses points de vue. Si accepté, des centaines de milliers de familles du Québec pourront être expropriées par des compagnies qui découvriraient des hydrocarbures sur leur terrain. Il est encore temps d’exprimer haut et fort son désaccord avec cette pétition en ligne.
J’ai aussi participé à une manifestation le 12 août pour demander au gouvernement d’augmenter le budget de logements sociaux afin de répondre à la demande criante de la population.
En soirée avait lieu des rassemblements de convergence. J’ai assisté à une soirée politico-artistique organisée par le Comité Extractivisme, libre-échanges et pouvoir des transnationales. Les voix d’une quinzaine de militant.es de la planète se sont entremêlées à l’humour, la musique et la danse. J’ai été touchée par les témoignages de personnes fortes, qui travaillent à l’amélioration de notre monde. L’importance de s’opposer aux accords de libre-échange, qui font primer les intérêts de quelques compagnies transnationales au détriment du bien-être des populations était évidente. Les marchandises transitent mieux les frontières que les humains. À cet égard, des centaines d’activistes se sont vu refuser leur demande de visa pour participer au FSM. Les altermondialistes prônent un commerce basé sur le respect de la démocratie et des droits humains plutôt que sur l’exploitation de la terre et des êtres vivants.
J’ai aussi assisté à une présentation Femmes autochtones et extractivisme, de Kairos, une organisation œcuménique de justice sociale. Des autochtones du Québec, du Canada, des Philipines et de l’Équateur ont répété comment les compagnies minières briment leurs communautés. Il est important de se poser cette question: de quoi avons-nous vraiment besoin pour satisfaire nos besoins? Plusieurs productions, telles les armes ne sont pas nécessaires. De l’extraction du minerai pour leur fabrication au produit fini, on ne cause que destruction du territoire et des populations.
Plusieurs grandes conférences étaient organisées en soirée. Je suis allée à celle intitulée de l’Afrique aux Amériques: les femmes luttent pour leurs droits, organisée par le Comité québécois femmes et développement de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale. Des femmes de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine ont parlé d’un même combat contre les compagnies qui violent leurs corps et leurs territoires.
Durant ce forum, il a été clair que les gouvernements que nous élisons protègent les intérêts des compagnies au détriment des populations. Pour changer cet état de fait, il faut s’engager dans des organisations qui militent pour la justice sociale. Je vous invite à prendre du temps pour vous informer sur des organisations citées dans cet article, à signer des pétitions et à participer activement à changer notre société.