Selon la Modern Monetary Theory (MMT), il serait possible pour un État de dépenser autant qu’il le souhaite puisqu’il a le pouvoir de créer la monnaie dont il a besoin. Cette approche, qui gagne en popularité aux États-Unis, a néanmoins de très nombreux détracteurs.
Les gouvernements en font-ils assez pour lutter contre la pauvreté, contre l’évasion fiscale, pour taxer les milliardaires (0,5% de l’humanité) qui s’enrichissent de plus en plus alors que la moitié la plus pauvre s’appauvrit(1), pour assurer le plein emploi et minimiser l’inflation? C’est une conversation sur ce sujet avec un copropriétaire de plusieurs blocs appartements de Sherbrooke que ce dernier m’a parlé de la Théorie monétaire moderne (Modern Monetary Theory).
La MMT a été développée par les économistes Warren Mosler, Bill Mitchell (qui en a trouvé le nom) et L. Randall Wray. Elle possède plusieurs sources telles que le Chartalisme, une école de pensée économique développée entre 1901 et 1905 par l’économiste allemand Georg Friedrich Knapp ainsi que des écrits de John Maynard Keynes et ceux de Michal Kalecki.
Nature d’une devise
Dans la MMT, la devise est l’instrument de l’autorité politique dédié à son approvisionnement en ressources réelles (biens et services). Elle considère la devise comme un bon, un avoir, un coupon permettant de payer les taxes. L’État crée la devise en dépensant, et détruit une part de la même devise en la taxant : la fiscalité sert alors à créer une demande de devises qui s’exprime comme une offre de biens et services.
Ainsi, la devise représente le crédit d’un agent privé (sociétés financières, entreprises, individus ou ménages, institutions sans but lucratif) envers l’État qui est destiné à payer la taxe. Cela signifie que, si la devise est reprise par l’État, le secteur privé doit l’avoir déjà obtenue de l’État: la devise n’est pas créée par ces agents. L’ensemble de la devise nationale a été créé en amont par l’État, et donc que les taxes (et impôts) n’ont pas pour objet de financer les dépenses de l’État. Et, dans la mesure où la devise est un crédit d’un agent du secteur privé envers l’État, lorsque ce crédit est reversé à l’État par le règlement de la taxation, le crédit envers l’État s’annule.
Fonction d’une devise
L’analyse historique de l’origine de la devise illustre le fait que la devise est antérieure au marché. Non seulement il ne s’agit pas d’une « créature du marché » mais plutôt une « créature de l’État »: le marché est une conséquence d’une façon d’imposer la devise.
La fiscalité est le moteur du transfert des ressources réelles des sujets vers l’autorité: la devise est son véhicule. Loin d’être un simple moyen d’échange anodin, elle est un mécanisme de contrôle et de distribution de la production économique réalisée sur le territoire de l’État.
La taxation crée pour la population locale le besoin d’obtenir cette devise en produisant puis en vendant des biens et des services, y compris la force de travail, en échange de la devise(2). La taxation existe non parce que l’autorité politique a besoin de la devise, mais parce qu’elle a besoin que les acteurs économiques en aient besoin.
Les Implications
Un gouvernement qui a plein contrôle de sa devise dépense d’abord afin que le secteur privé obtienne la devise avec laquelle il pourra payer les impôts ou convertir cette devise dans une forme spécifique appelée titres d’État. Cela contraste avec l’approche économique dominante selon laquelle le gouvernement doit taxer pour obtenir la devise nationale à dépenser. En fait, la force qui maintient en route le système est que les contribuables ont besoin de la devise du gouvernement pour pouvoir payer les impôts.
Selon Mosler et Forstater (1999), « l’éviction des dépenses privées ou des emprunts privés, l’augmentation des taux d’intérêt, les exigences de financement pour le gouvernement et les questions de solvabilité ne s’appliquent pas à un gouvernement qui dépense d’abord, puis emprunte ».
Références:
(1) https://oxfam.qc.ca/riches-pauvres-inegalites/
(2) https://fr.wikipedia.rg/wiki/Theorie_monetaire_moderne
Suggestions de liens web à visiter:
https://mmt-france.org/
http://moslereconomics.com/2011/08/04/mmt-history-and-overview/
