Le 20 août dernier, je me suis laissé porter, au détour d’un dimanche soir morne et tiède, vers le parc Jacques-Cartier pour assister à la soirée de clôture du Festival de Danse Contemporaine de Sherbrooke (FDSC), produit par Zemmour Ballet.
Le tout a débuté avec la présentation de l’animateur, Nicolas Zemmour. L’animateur coloré et excentrique nous a tenus en joue et en haleine en décochant une blague sur le thème des sardines après chaque numéro, alors que les artistes s’installaient. Il faut dire que les sardines ont été mises à l’honneur dans l’imagerie du festival. En prime, il nous a servi sur un plateau une anecdote croustillante lors d’un retour sur sa carrière de danse, alors qu’il faisait une prestation sur la scène du Bolchoï devant l’élite politique moscovite.
Ainsi, la soirée de clôture était lancée. En premier lieu, est monté sur scène « La pomme de discorde » par Héloïse Le Bagousse. La troupe composée de Rachel Amozigh, Cloé Arias, Capucine Dupasquier, Danièle Darracq, Romane Picard, Sarah-Jane Savard et Meï Thongsoume nous ont invités à prendre un peu de recul sur les 3 dernières années. Trois années durant lesquelles notre vivre ensemble a souvent été mis à mal, ce que la pièce dénonce. J’applaudis le choix musical, qui d’entrée de jeu, nous a chatouillé le creux de l’oreille avec une variation de On the nature of Daylight du compositeur allemand Max Richter. Dans la pénombre, avec le Lac des Nations en arrière-plan, ça rivalisait de poésie.
Ce premier morceau fut suivi de « Échos » par Pauline Berndsen Danse. Il y a un proverbe qui dit que « Les absents ont toujours tort » et c’est particulièrement vrai ici parce que, cher·ère lecteur·trice, je suis incertain de ce que j’ai vu. Plus encore, je suis convaincu que nous avons tous vu un morceau différent ! Pauline Gervais et Leah Tremblay nous ont hypnotisés avec une danse tantôt obsessive, tantôt romantique et émotive. Le jeu de celles-ci est venu nous fouiller les chairs et m’a personnellement laissé avec un curieux frisson qui me parcourait la nuque.
Après ce morceau excentrique et déjanté, nous avons été immédiatement catapultés en sens inverse. Parce qu’en troisième lieu, « L’autre soi » nous invitaient à faire un peu d’introspection dans une danse que je qualifierais de pansement pour l’âme. Lila Dubois-Pagesse était accompagnée de Rachel Amozigh et de Danièle Darracq avec au piano, Manylou Charest-Boutillette et Maxime Gaudreau à la contrebasse.
D’aucuns ne critiqueront le choix du festival d’insérer un morceau de danse traditionnelle libanaise avec El Kamar bi zaher qui signifie « La lune qui fleurit ». Dans ce morceau, Chanel Cheiban nous invite dans son salon et dans ses réflexions afin de nous parler de son pays d’origine, qu’elle aime même à défaut de l’avoir visité. La troupe lui fera office de famille et les chants arabes de Najla Jaffel ont eu tôt fait de convaincre la foule, qui battait la mesure avec elle. L’oud et le darbuka joués respectivement par Nadine Altounji et Anas Jellouf auront contribué à nous nettoyer le palais afin d’accueillir le dernier service.
En dernier lieu, « Hada » se présentait comme un remède à l’anxiété que peuvent vivre certains face à la crise climatique. Diana León a donc laissé libre cours à sa créativité en dansant pour que la beauté du monde subsiste encore un peu. Et toujours un peu. Encore et toujours un peu plus, jusqu’à la prochaine édition du FDCS, dira-t-on.
Si vous devez vous pointer à la prochaine édition, ne faites pas la même erreur que moi et apportez-vous une chaise de parterre. Ça rendra votre expérience beaucoup plus confortable. Et de grâce ! Si vous le pouvez, donnez ! Donnez à Zemmour Ballet afin que le festival se pérennise et puisse avoir lieu à nouveau l’année prochaine.
Cet automne, vous me verrez peut-être porter fièrement mon kangourou jaune moutarde à l’effigie du festival alors que je fais le tour du Lac des Nations… Parce que j’ai déjà la fièvre de l’édition 2024 !