Après avoir sillonné une grande partie du Québec pendant l’été, la députée de Sherbrooke Christine Labrie était de retour dans sa circonscription pour rencontrer les membres des associations de Québec Solidaire en Estrie et ainsi présenter les objectifs de sa candidature comme co-porte-parole femme de Québec Solidaire dont l’élection se fera lors du congrès de novembre 2023. Après plus de deux heures d’échange avec les membres, où Mme Labrie a développé ses idées de réformes internes du parti pour élargir l’électorat et devenir l’opposition officielle lors de la prochaine élection, nous avons interrogé la députée solidaire sur cette campagne interne.
Entrée Libre : Après un été à traverser le Québec, avez-vous un spot de vacances à nous recommander ?
Christine Labrie : (surprise, prenant un temps de réflexion). Je dirais la rivière Saint-Maurice, que j’ai (re)découverte lors de mon voyage en train de La Tuque vers l’Abitibi. J’ai eu un vrai coup de cœur pour ses paysages.
EL : Quelle question est revenue le plus souvent dans votre tournée des différentes associations ?
CL : Il s’agissait surtout de questions de gestion/organisation interne au parti. Sur un volet plus politique, c’est la question de « comment gagner la confiance de l’électorat en région » qui est revenue constamment. Cette question était même posée dans les associations de Montréal !
EL : C’est la première fois qu’une élection comme co-porte-parole femme se fait avec autant de candidates. Sur quel(s) clivage(s) politique va se faire cette élection ?
CL : Pour moi, la question de l’urne est : qui va nous permettre de grandir en dehors des centres urbains habituels. Les membres sont très déchirés entre nous trois (Ruba Ghazal et Émilise Lessard-Therrien, les deux autres candidates – NdA), mais tout le monde souhaite que l’on sorte de cette élection sans déchirement.
EL : Si vous ou Émilise êtes élues, ce sera la première fois que Québec Solidaire aura une co-porte-parole venant d’une association hors de Montréal. Qu’est-ce que cela représente pour vous et le parti ?
CL : Cela sera un symbole très important! C’est un message fort que l’on veut adresser au reste du Québec. Mais attention, je suis bien consciente que ça ne sera pas suffisant pour gagner la confiance de l’électorat en région et de casser le stéréotype QS = Montréal. Il faut que cela s’accompagne d’un changement de fond.
EL : Vous parliez précédemment de la peur des membres de Québec Solidaire de voir le parti se déchirer après cette élection interne entre trois figures importantes de QS. Pensez-vous qu’une dynamique positive pourra s’installer autour de la personne élue ?
CL : Ce qui nous protège, à la différence des autres partis, c’est qu’il ne s’agit pas d’une course à la chefferie. Le programme de Québec Solidaire a été rédigé et voté par ses membres, et aucune des porte-paroles ne pourra s’en distancier. À QS, on est protégé par notre programme qui est un projet partagé : ça n’est pas une personne, même la co-porte-parole, qui peut changer la ligne. Si nous avons toutes les trois une stratégie différente pour QS, nos buts politiques sont eux très clairement partagés !