Si je devais écrire la dernière édition de ma chronique, je vous parlerais d’Entrée Libre. Je vous parlerais d’un média indépendant, libre et critique, mais surtout nécessaire, comme une oasis au milieu d’un paysage médiatique qui se désertifie.
À une époque où les journaux indépendants peinent à survivre, à une époque où la plupart doivent faire une croix sur la couteuse impression de journaux papier pour se tourner vers des médias numériques qui les censurent pour éviter de leur payer leur dû, un journal comme celui-ci apparaît comme plus important que jamais.
Il est pour le moins hasardeux de tout miser sur une poignée d’individus à la fortune indécente dont l’ambition, à peine voilée derrière des discours libéraux ou libertaires, est le monopole des canaux d’expression. Une homogénéisation croissante des discours s’en suit naturellement, car tous ces individus ont certainement bien plus en commun entre eux qu’avec la plupart d’entre vous, chers lecteurs. Cette uniformisation des avis et des points de vue visibles dans les médias écrits devrait tous nous alarmer. En réponse à ces inquiétudes, il semble aujourd’hui essentiel de chérir et de supporter ces voies d’expression dissidente où fleurissent des pensées constructives, génératrices de réflexions plutôt que de simples réactions. Car oui, les titres chocs et les textes clivants, mais populistes sur des enjeux anecdotiques, même dépourvus de réflexions de fond, génèrent souvent plus de clics, plus de fric. Les grands médias sont généralement des entreprises après tout, et les grands financements demeurent synonymes de grand pouvoir d’influence. Et quelle est véritablement cette influence que les grands médias et leur propriétaire souhaitent exercer ? Cette question est vôtre.
Je m’offre la suite de ce court texte pour m’éloigner des grands enjeux et revenir au plus local. Je vais vous dire un mot sur moi. Il y a maintenant un an, j’ai écrit un courriel sur un coup de tête. Puis, j’ai rencontré des gens fort sympathiques, le soir même, dans un bar de Sherbrooke. Ils m’ont accueilli à bras ouverts et j’ai commencé à écrire cette chronique, qui s’achève. Je remercie ces gens passionnés qui font vivre ce journal, des personnes que je n’ai finalement vues que bien peu souvent, certainement trop peu. Une année durant, je vous ai partagé ce qui me semblait être des réflexions dignes d’intérêt. C’est au terme de ces huit articles que je tire ma révérence, évitant la redondance et la banalité par respect pour votre intellect. Un commencement n’attend cependant jamais bien longtemps après une fin pour se manifester.
En ce dernier paragraphe, je vous encouragerai donc à rejoindre ces gens, à contribuer à ce journal, à y participer avec les énergies dont vous disposez et sans trop vous poser de questions. Je souhaiterais que vous puissiez, vous aussi, peintres amateurs que vous êtes, ajouter votre couleur à toutes les autres qui forment ces toiles de mots. Nous avons besoin de réflexions et de diversité, de politique et de culture, de critiques et d’idées neuves, et ce journal nous en abreuve. Longue vie à celui-ci.