Québec solidaire (QS) est un parti politique face auquel je suis partagé. J’adhère à certaines de ses positions et orientations alors que d’autres ne me rejoignent pas du tout.
Lors de la campagne électorale l’an dernier, QS a proposé de taxer les véhicules les plus énergivores (consommation élevée de carburant au km). J’ai applaudi cette mesure, comme bien d’autres Québécois(es), car il s’agit d’une mesure courageuse, nécessaire, réaliste, concrète et déjà appliquée dans plusieurs pays.
D’ailleurs, plus ou moins la moitié des Québécois(es) sont en accord. Un sondage Léger réalisé en 2020 (voir « Le bonus-malus : une solution incontournable » sur roulez-électrique.com) révélait que 54 % de la population est d’accord avec la proposition à l’effet que les personnes qui utilisent un véhicule plus polluant paient davantage qu’actuellement et 64 % en accord avec le fait que ceux qui utilisent un véhicule moins polluant paient moins cher qu’actuellement. Enfin, 55 % se disaient favorables à ce que le gouvernement du Québec décourage les véhicules plus polluants en instaurant une nouvelle taxe.
À la suite de cette annonce de QS, François Legault, en bon démagogue ou en excellent populiste qu’il est, s’est empressé de décrier cette proposition la qualifiant de taxe orange, alors que celle-ci aurait dû être requalifiée, par Gabriel Nadeau Dubois, de taxe verte supportée par plus de 50 % des Québécois(es) et de lui-même railler Legault, face à son manque de courage et de positions sérieuses et réalistes pour contrer le réchauffement climatique. Sous le gouvernement Legault, nous faisons l’exact contraire de ce qu’il faudrait faire. Voici deux exemples : la consommation de produits pétroliers est en hausse, les Québécois(es) achètent des voitures toujours plus énormes et plus gourmandes. Ce sont des constats du dernier Rapport annuel sur l’État de l’énergie au Québec.
Tant le Québec que la majorité des pays n’atteindront pas les objectifs de diminution des gaz à effet de serre qu’ils se sont donnés pour 2030. Cet échec fait en sorte que nous devons oublier la possibilité que le réchauffement ne dépasse pas les 1,5 °C. Comme bien souvent, nous agissons trop peu et trop tard. Nous sommes endormis dans nos cocons douillets et laisserons aux générations futures ce problème catastrophique d’un réchauffement climatique aux conséquences dramatiques et multiples tant sur la santé physique et mentale ou la biodiversité que sur l’économie.
Des dirigeants de QS ont mentionné lors de leur congrès de février dernier que leur proposition de taxer les véhicules les plus énergivores lui a coûté des votes et des sièges. Personnellement, je n’y crois pas. Je pense que QS cherche un bouc émissaire pour ses résultats décevants, et particulièrement en région rurale. Il est facile pour QS de ne pas regarder du côté des vraies raisons qui selon moi sont autres. Les Québécois(es) francophones sont très loin de QS sur des questions identitaires telles que :
- la laïcité : par exemple l’interdiction des signes religieux chez les employés de l’état incluant les professeur(e)s,
- la loi 101 au Cégep,
- la demande de démission de la nouvelle représentante du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie, Amira Elghawaby qui a fait consensus chez les 3 autres partis.
Tant que QS se positionnera à l’encontre de la majorité francophone sur de telles questions, sa proportion du vote n’augmentera pas significativement.
La lutte contre les changements climatiques est un thème gagnant pour QS pourvu que ce parti y travaille constamment et non seulement en période électorale. Ainsi pourquoi QS n’a-t-il pas présenté de projet de loi sur cette question de 2018 à 2022 ? QS aurait pu présenter un projet de loi pour taxer davantage les véhicules les plus énergivores. QS doit non seulement avoir le courage de proposer des orientations claires et réalistes concernant les changements climatiques, mais il doit mettre en place les moyens pour les diffuser, les expliquer et mobiliser celles et ceux qui y croient. Malheureusement, QS n’a pas fait ce travail. Ce qui me désolerait le plus serait de voir QS abandonner cette proposition, alors que nous avons non seulement la possibilité, mais la responsabilité de transférer aux générations futures un Québec et une planète où il fera bon vivre.