Dans le cadre des élections provinciales, les candidates et les candidats de la Coalition Avenir Québec, du Parti Conservateur du Québec, du Parti Libéral du Québec, du Parti Québécois et de Québec Solidaire dans les circonscriptions de Saint-François et de Sherbrooke ont été invité·es à se prononcer sur différents enjeux.
Mélissa Généreux de Québec Solidaire, candidate de la circonscription de Saint-François, s’est prêtée au jeu.
Économie et inflation : Actuellement l’inflation est particulièrement élevée au Canada et impacte les finances personnelles des québécoises et québécois ainsi que les finances des entreprises. De quelle manière comptez-vous répondre aux enjeux que cela fait naître?
Mélissa Généreux : L’une des mesures que nous avons annoncées pour faire face à l’inflation est de suspendre temporairement l’application de la TVQ sur certains produits essentiels, c’est-à-dire la nourriture, les médicaments vendus sans ordonnance, les produits de soins corporels, les services de réparation et les vêtements. Concrètement, pour le ménage moyen, ça représentera une économie de 1109 $ en 2023. Nous proposons de maintenir cette suspension tant que l’inflation ne sera pas redescendue sous la barre des 3 %.
Salaires : Depuis plusieurs années, organismes communautaires, groupes militants et instituts de recherche s’inquiètent du bas taux horaire du salaire minimum. Quelle est votre vision concernant la hausse du salaire minimum ou même d’autres outils de régulation des salaires?
M.G. : Nous croyons que, pour réduire les inégalités sociales et assurer une meilleure sécurité des revenus, le salaire minimum doit être augmenté à 18 $ de l’heure. Actuellement, les personnes qui travaillent 35 heures par semaine au salaire minimum gagnent 26 000 $ par année, ce qui ne permet pas de combler les besoins de base. Autrement dit, le salaire minimum actuel condamne toutes ces personnes à la pauvreté, ce qui est pour nous inacceptable.
Enjeux féministes : Les enjeux féministes préoccupent une large proportion de la population. Pourtant, ils ne semblent pas être au cœur des premières annonces de la campagne pour plusieurs partis. Quelles sont vos positions concernant ces enjeux?
M.G. : Le féminisme est au cœur des réflexions qui ont mené à l’ensemble de nos propositions. Québec solidaire s’est toujours présenté comme un parti politique féministe. Notre engagement à garantir une place en CPE pour tous les enfants en est un bel exemple, puisque ce sont principalement les mères qui sont touchées par cette crise.
Nous avons également plusieurs propositions pour que le Québec soit encore plus féministe, comme garantir un accès universel à la contraception, offrir la gratuité des produits d’hygiène menstruelle, assurer l’accès universel à l’avortement et agir en matière d’équité salariale.
Racisme systémique : Les questions du racisme systémique ont occupé le débat dans les dernières années. Le racisme systémique étant un concept avéré reflétant la réalité de nombreuses et de nombreux québécois et québécoises, qu’avez-vous à nous dire à ce sujet?
M.G. : Pour parvenir à l’inclusion, favoriser l’égalité de tout le monde et promouvoir la diversité québécoise, nous sommes convaincus qu’il est nécessaire de combattre toutes les formes de discrimination et le racisme systémique. Nous proposons d’embaucher plus de membres de minorités visibles et ethniques dans la fonction publique, de doter le Québec d’un plan d’action contre le profilage racial et de mettre sur pied une commission d’enquête sur le racisme systémique. Ce n’est pas normal qu’au Québec une personne membre d’une minorité visible ait plus de difficulté à se trouver un emploi et un logement que la population en général, et qu’elle soit plus susceptible de se faire arrêter par la police.
Environnement : La crise climatique est sur toutes les lèvres, préoccupe grandement la jeunesse grandissante au Québec, mais pas seulement, et ses effets se font déjà sentir sur le Québec. Comment entendez-vous adresser cet enjeu de taille?
M.G : Québec solidaire a dévoilé le plan Vision 2030, qui est le plan de lutte aux changements climatiques le plus ambitieux jamais présenté par un parti politique au Québec. Il a été validé par 8 experts des changements climatiques. Étant moi-même chercheure en environnement, je peux vous garantir que le Québec, pour faire face à la crise, a besoin de se doter rapidement d’objectifs beaucoup plus importants que ceux qui sont proposés à l’heure actuelle par le gouvernement.
Crise du logement : La crise du logement affecte grandement les populations les plus marginalisées, mais aussi les premiers acheteurs avec le marché de l’habitation qui a subi de grands mouvements dans les dernières années. Comment pensez-vous vous occuper de ces enjeux?
M.G. : Il faut s’attaquer à cette crise de façon prioritaire, car tout le monde devrait avoir un endroit décent et abordable où se loger. Nous nous engageons donc à construire 50 000 logements sociaux, dont la moitié dès notre premier mandat.
Nous voulons également mettre en place un fonds anti-spéculation qui aurait pour mission d’acheter 10 000 propriétés, de les rénover et de les revendre à un prix inférieur à leur valeur marchande de 25 %, afin de favoriser l’accès à la propriété.
Culture : La culture est une part importante de nos sociétés, les fermetures liées à la pandémie de COVID-19 nous l’ont rappelé avec beaucoup d’acuité. Quels sont les principales mesures que vous souhaiteriez mettre en place et de quelle manière la culture occupe telle une place importante pour vous?
M.G. : Notre culture fait partie de notre identité et il est de notre responsabilité de mettre en place des mesures pour favoriser l’accès aux savoirs, aux arts et à la culture. Nous proposons, par exemple, de rendre obligatoires 4 activités culturelles par année pour tous les élèves du primaire et du secondaire, et pour les étudiantes et les étudiants des cégeps. Tous les jeunes du Québec doivent avoir accès à la culture, peu importe leur milieu socioéconomique. Nous avons également plusieurs propositions pour soutenir financièrement les artistes du Québec et le milieu artistique en général en dehors des grandes régions urbaines.
Enjeu important pour vous dans la circonscription de Saint-François : En terminant, pourriez-vous me parler d’un enjeu important pour vous qui n’a pas été suffisamment abordé dans cette entrevue.
M.G. : Évidemment, l’accès aux soins de santé de proximité est un enjeu criant dans la circonscription de Saint-François. Avec la fermeture de soir de l’urgence à Coaticook, il y a une proportion importante des citoyens de la circonscription qui n’ont pas d’autres choix que de se rendre à l’urgence à Sherbrooke pour obtenir des soins. Après avoir discuté avec des experts et de nombreux acteurs sur le terrain, je sais qu’il est possible de mettre en place des solutions assez rapidement pour faire face à ce problème.