Dans le cadre des élections provinciales, les candidates et les candidats de la Coalition Avenir Québec, du Parti Conservateur du Québec, du Parti Libéral du Québec, du Parti Québécois et de Québec Solidaire dans les circonscriptions de Saint-François et de Sherbrooke ont été invité·es à se prononcer sur différents enjeux.
Christine Labrie de Québec Solidaire, députée sortante de la circonscription de Sherbrooke, s’est prêtée au jeu.
Économie et inflation : Actuellement l’inflation est particulièrement élevée au Canada et impacte les finances personnelles des québécoises et québécois ainsi que les finances des entreprises. De quelle manière comptez-vous répondre aux enjeux que cela fait naître?
Christine Labrie : Nous avons déjà mis au jeu plusieurs propositions pour aider les gens face à l’inflation, notamment celle de suspendre temporairement la TVQ sur les biens essentiels comme la nourriture, les vêtements, les médicaments sans ordonnance, les produits d’hygiène et les services de réparation. Québec solidaire propose également de doubler le crédit de solidarité pour les 65 ans et plus, qui vivent très difficilement l’inflation.
Salaires : Depuis plusieurs années, organismes communautaires, groupes militants et instituts de recherche s’inquiètent du bas taux horaire du salaire minimum. Quelle est votre vision concernant la hausse du salaire minimum ou même d’autres outils de régulation des salaires?
C.L. : À Québec solidaire nous avons clairement pris position en faveur d’une hausse du salaire minimum à 18$/h, afin de permettre aux personnes concernées d’avoir un revenu viable. Nous allons soutenir financièrement les organismes communautaires et les PME afin de leur permettre d’offrir ce salaire. Pour contrer les inégalités entre les dirigeants et les employés, nous allons par ailleurs mettre sur pied un salaire maximum au sein du secteur public et des sociétés d’État, ainsi que dans les entreprises qui reçoivent de l’aide financière de l’État. Ce salaire maximum sera établi en fonction du salaire de la personne la moins bien rémunérée dans l’entreprise en question.
Enjeux féministes : Les enjeux féministes préoccupent une large proportion de la population. Pourtant, ils ne semblent pas être au cœur des premières annonces de la campagne pour plusieurs partis. Quelles sont vos positions concernant ces enjeux?
C.L. : Il y a tout un volet de notre plateforme électorale qui concerne nos engagements pour un Québec plus féministe, voici un aperçu de ce qu’on propose : Rendre obligatoire la parité au Conseil des ministres; Élargir la portée de la Loi sur l’équité salariale et réduire le délai de traitement des plaintes à ce sujet; Mettre en œuvre l’ensemble du rapport transpartisan Rebâtir la confiance; Rendre accessibles gratuitement tous les moyens de contraception.
Racisme systémique : Les questions du racisme systémique ont occupé le débat dans les dernières années. Le racisme systémique étant un concept avéré reflétant la réalité de nombreuses et de nombreux québécois et québécoises, qu’avez-vous à nous dire à ce sujet?
C.L. : À Québec solidaire nous reconnaissons l’existence du racisme systémique et nous nous engageons à mettre sur pied une commission d’enquête à ce sujet et à en appliquer les recommandations. Nous allons aussi renforcir les programmes d’accès à l’égalité en emploi et lutter contre le profilage racial.
Environnement : La crise climatique est sur toutes les lèvres, préoccupe grandement la jeunesse grandissante au Québec, mais pas seulement, et ses effets se font déjà sentir sur le Québec. Comment entendez-vous adresser cet enjeu de taille?
C.L : Nous avons adopté une cible de réduction des GES de 55% d’ici 2030 et notre plan pour y arriver a été validé par 8 experts indépendants. Ce plan a été salué par de nombreux experts comme étant non seulement le plus ambitieux, mais aussi le plus solide pour lutter contre les changements climatiques. Il compte des dizaines de mesures qui touchent les transports, mais également l’industrie, l’agriculture et la construction. C’est possible de le consulter sur notre site web: https://appuyez.quebecsolidaire.net/environnement
Crise du logement : La crise du logement affecte grandement les populations les plus marginalisées, mais aussi les premiers acheteurs avec le marché de l’habitation qui a subi de grands mouvements dans les dernières années. Comment pensez-vous vous occuper de ces enjeux?
C.L. : Québec solidaire sonne l’alarme depuis des années quant à la crise du logement, et nous avons développé une série de propositions pour régler cette crise. En voici un aperçu : Livrer 50 000 logements sociaux, dont 25 000 dans un premier mandat; Créer un fonds anti-spéculation et racheter 10 000 maisons qui seront mises en vente 25% sous le coût du marché auprès des premiers acheteurs, afin de faciliter l’accès à la propriété; Implanter un registre des loyers; Contrôler les hausses de loyers; Abolir la section F du bail [section Restriction au droit à la fixation du loyer et à la modification du bail – qui permet aux propriétaires d’immeubles neufs ou affectés à des fins résidentielles depuis moins de 5 ans de ne pas voir leur loyer fixé par le Tribunal administratif du logement – Journal Entrée Libre], qui prive certains locataires de leurs droits.
Culture : La culture est une part importante de nos sociétés, les fermetures liées à la pandémie de COVID-19 nous l’ont rappelé avec beaucoup d’acuité. Quels sont les principales mesures que vous souhaiteriez mettre en place et de quelle manière la culture occupe telle une place importante pour vous?
C.L. : La mesure que je préfère dans la plateforme solidaire en matière de culture, c’est d’offrir 4 sorties culturelles par année du primaire au cégep. C’est important pour moi de rendre différentes formes d’art accessibles dès le plus jeune âge et de développer l’habitude très tôt d’intégrer les activités culturelles dans sa vie. On propose également de mieux financer les centres culturels régionaux et municipaux, parce que c’est essentiel d’assurer la vitalité du milieu culturel sur l’ensemble de notre territoire.
Enjeu important pour vous dans la circonscription de Sherbrooke : En terminant, pourriez-vous me parler d’un enjeu important pour vous qui n’a pas été suffisamment abordé dans cette entrevue.
C.L. : Il est très peu question d’éducation dans cette campagne électorale, et pourtant il y a des enjeux majeurs: pénurie critique de personnel, état des infrastructures, accès aux services pour les élèves à besoins particuliers, transport scolaire précaire. C’est une crise généralisée que nous vivons au Québec en éducation, et Sherbrooke n’y échappe pas. Dans les écoles de nos quartiers il y a des élèves qui n’obtiennent pas les services dont ils ont besoin et auxquels ils devraient avoir droit, il y a encore des fontaines qu’il faut laisser couler parce qu’elles sont contaminées au plomb, il y a des membres du personnel en détresse parce qu’ils en ont trop sur les épaules. C’est surprenant de voir à quel point ces enjeux sont quasi invisibles pendant la campagne, alors que l’éducation, c’est la base de tout.