Personnel et clientèle autiste ou déficiente intellectuelle en danger dans les CRDI

Date : 23 octobre 2018
| Chroniqueur.es : Emmanuel Breton
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Un reportage du journaliste Davide Gentile de Radio-Canada levait le voile, mercredi le 19 septembre dernier, sur de graves problèmes vécus dans les Centres de réadaptation en déficience intellectuelle et trouble du spectre de l’autisme (CRDITSA).

Depuis l’implantation de la réforme Barrette qui a donné lieu à un cortège de fusions et de réorganisations des services, on constate une nette dégradation de l’encadrement des patients présentant une déficience intellectuelle ou un trouble de l’autisme. Cette dégradation se répercute directement sur la santé et la sécurité des professionnel·le s et des technicien·ne·s qui interviennent auprès d’eux, qui subissent de plus en plus de violence. Dans l’obligation de consacrer temps et énergie à régler les agressions quotidiennes, ce personnel spécialisé se retrouve, dans ce contexte, incapable de remplir sa mission de réadaptation.

Nous déplorons une désorganisation institutionnelle croissante ainsi qu’un manque criant de ressources financières, humaines et matérielles. Le personnel qui travaille en soutien à domicile et dans les résidences à assistance continue (RAC) est responsable d’un plus grand nombre de patients. Les besoins des patients ne sont plus au cœur de l’organisation des services des CRDITSA. Cette situation les rend dangereux pour eux-mêmes et pour le personnel.

Cette violence subie au quotidien se traduit par de la détresse psychologique, des arrêts de travail et des démissions touchant autant nos intervenant·e·s les plus expérimenté·e·s que les plus jeunes qui débutent leur carrière en CRDI. Ces dernier·ère·s qui ont moins d’expérience prennent alors la relève dans des conditions de plus en plus difficiles, ce qui aggrave le cercle vicieux du roulement et de la pénurie de personnel. Sans un virage majeur pour améliorer les conditions de travail et la sécurité, on n’en sortira pas.

Il existe pourtant des aménagements pour rendre les lieux plus adaptés à une clientèle présentant des troubles graves de comportement, des mesures pour accroître la sécurité en situation de crises, de la formation pour mieux les prévenir et les gérer. Mais le constat des intervenant·e·s est que leurs difficultés ne sont pas prises en compte. Nous réclamons minimalement la création de comités paritaires de santé et sécurité du travail spécifiques aux CRDITSA pour entendre leurs doléances et établir des mesures de prévention à mettre en place partout. Faudra-t-il qu’un drame survienne pour que l’on comprenne enfin l’ampleur des risques auxquels le personnel comme les patients sont exposés…?

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