Malgré la promesse du premier ministre Trudeau de doter le Canada d’un régime d’assurance-chômage digne du XXIe siècle, ce projet semble être aujourd’hui relégué aux oubliettes. La nécessité d’une réforme en profondeur de l’assurance-chômage, confirmée par l’incapacité du régime actuel à faire face à la crise de la COVID-19, n’est plus à démontrer.
La mise en place de la PCU (prestation canadienne d’urgence) en 2020, de la PCRÉ (prestation canadienne de la relance économique) et de mesures temporaires spéciales à l’assurance-emploi jusqu’en septembre 2022 prouve que le régime canadien d’assurance-chômage n’arrive plus à jouer son rôle de régulateur des fluctuations du marché du travail.
L’État préfère conserver un programme de protection désuet qui exclut près de 60 % des victimes du chômage et qui peine à servir adéquatement les 40 % restants. Les contre-réformes des années 90 et celle du gouvernement Harper de 2013 ont complètement dénaturé le régime d’assurance chômage. Cet ancien pilier de notre filet de sécurité sociale est en bien piètre état. Il appauvrit des millions de personnes chaque année depuis plus de trente ans.
Certains s’étonnent encore de voir bondir les demandes d’aide auprès des banques alimentaires, le nombre de faillites et la hausse de l’itinérance partout au pays. Ces trois tristes réalités sont très présentes dans les médias traditionnels et la solidarité de la population est sollicitée de toutes parts. On nous invite à applaudir lorsqu’un ministre daigne saupoudrer de quelques millions de dollars les organismes de derniers recours. Foutaise ! C’est simplement ce qui arrive lorsqu’on laisse tomber une importante partie de la population active.
Qui se questionne sur les réelles sources de cette pauvreté grandissante ? L’inflation semble être la grande responsable de tous les problèmes selon les élu.es et les médias, ces très « chers » porte-voix du patronat. Il y eut un temps où les partis d’opposition à Ottawa questionnaient le gouvernement sur l’effritement de notre filet de sécurité sociale et les importantes lacunes du régime d’assurance-chômage canadien.
Aujourd’hui, le NPD a laissé tomber les victimes du chômage en omettant cette problématique dans son entente avec les libéraux pour éviter des élections à court ou moyen terme. Une députée bloquiste isolée poursuit la lutte pour un régime universel d’assurance-chômage à la Chambre des communes. Bravo pour son dévouement et son acharnement, mais depuis combien de mois son chef n’a pas abordé ce sujet en public ?
Du côté des conservateurs, on ne peut oublier leur vive opposition aux « Mesures COVID-19 » qui, à leur avis, incitaient les gens à ne pas vouloir retourner au travail. Leurs discours réclament une déresponsabilisation de l’État ad nauseam.
Concrètement, le pays connaît les plus bas taux de chômage de son histoire. Rarement le nombre de prestataires a été aussi bas, mais cela n’empêche pas l’augmentation indécente des délais de traitement des dossiers par la Commission de l’assurance-emploi. Il n’est pas rare de voir des prestataires attendre une décision depuis plus de quatre mois. Plusieurs sont évincé.es de leur logement faute de pouvoir payer leur loyer. Nous ne devons plus tolérer ce rejet systémique d’humain.es à la poubelle.