Nous ne savons plus où donner de la tête

Date : 1 mars 2015
| Chroniqueur.es : Marilyn Ouellet
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ConcertAction Femmes Estrie est une table de concertation de divers organismes, syndicats, centres de femmes. Un lieu où il est possible de réfléchir ensemble à la situation actuelle des femmes dans la société, mais aussi un lieu d’action collective.

Parmi ces projets, il y a J’éduque à l’égalité, qui vise à sensibiliser le personnel scolaire et toutes personnes ayant des liens avec les enfants et les jeunes à l’impact des stéréotypes sur le développement et la construction de comportements différenciés entre les filles et les garçons.

Avec ces participant·e·s, nous abordons la problématique de la non-reconnaissance de certains métiers, comme les éducatrices en service de garde, en milieu familial ou encore en CPE. Un métier pourtant extrêmement exigeant tant sur le plan physique que psychologique. Ces éducatrices stimulent, éduquent et prennent soin de ces enfants qui seront la société de demain. Leur rôle est pourtant essentiel et elles sont assurément parmi les personnes étant capables d’inculquer une éducation égalitaire exempte de stéréotypes. C’est pourquoi à travers le projet J’éduque à l’égalité, nous les sensibilisons à cet enjeu.

Pourtant, le gouvernement refuse de reconnaitre à sa juste valeur un métier occupé majoritairement par des femmes. Non seulement il refuse de rémunérer le nombre réel d’heures travaillées par les responsables des services de garde en milieu familial, mais il cherche à privatiser ces services par le projet de loi 28, réduisant ainsi considérablement les conditions de travail des éducatrices.

Métiers et préjugés

À travers J’éduque à l’égalité, nous abordons aussi la question des métiers à prédominance masculine. En effet, la socialisation différenciée des garçons et des filles tend à réduire considérablement le choix de carrière des jeunes et particulièrement celui des femmes. Bien que le taux d’activité de ces dernières augmente constamment, sur plus de 500 professions répertoriées, la moitié des femmes ne travaillent que dans vingt professions seulement.

En 2005, la division sexuée du travail est toujours d’actualité et la concentration des femmes dans certains secteurs est encore prédominante: secrétariat (98.1%), personnel de soutien de garde (92.5%), science infirmière (90.6%), caissière (86.1%), personnel des services des aliments et boissons (76.1%). Ces métiers, en plus de se trouver parmi les 10 professions les plus occupées par les femmes de façon générale, se trouvent aussi à être des emplois très peu rémunérés. Dans ces 10 professions majoritairement féminines, le salaire moyen le plus bas et le plus haut sont respectivement de 18428$ (serveuse) et de 51535$ (science infirmière), alors que dans les 10 professions majoritairement masculines, le salaire moyen le plus bas est de 31043$ (nettoyeur) et le plus élevé est de 112904$ (membre du corps législatif).

Femmes et sciences

Il est primordial pour nous de favoriser et promouvoir l’accès des femmes aux métiers dits traditionnellement masculins et ainsi favoriser une mixité en emploi, ainsi qu’une meilleure répartition des revenus disponibles sur le marché du travail. Encore une fois, la question des stéréotypes est centrale et il est important de déconstruire les préjugés selon lesquels les femmes sont moins intéressées, moins compétentes ou n’ont pas les capacités physiques pour occuper une grande diversité de métiers.

Le gouvernement libéral, en plus de sabrer dans les subventions octroyées à des organismes qui travaillaient sur le terrain ou en recherche, abolit une partie du concours Chapeau les filles! qui visait justement à reconnaître leur place dans ces métiers et les encourager à intégrer des métiers techniques, scientifiques ou encore professionnels.

Évidemment, J’éduque à l’égalité se doit d’aborder la question de l’intimidation en milieu scolaire, en faisant la promotion de la diversité et la complexité des identités, qu’elles soient culturelles, sexuelles ou encore de genres. Sensibiliser les intervenant·e·s en milieu scolaire devrait être une priorité gouvernementale afin d’éradiquer cette violence que subissent des milliers de jeunes et qui peut mener assurément au décrochage scolaire. Ce décrochage qui soulève l’indignation de l’ensemble des acteurs sociaux, mais dont nous cherchons rarement à identifier la racine du problème, soient les inégalités sociales, accrues par les gouvernements qui se sont succédé.

En ne reconduisant pas la campagne publicitaire 2014-2015 contre l’homophobie et celle sur l’égalité des genres, en supprimant les concours régionaux de Chapeau les filles!, en prenant un virage idéologique austère ayant des impacts importants sur les conditions de vie des femmes, en abolissant les antennes régionales du Conseil du statut de la femme, en abolissant des lieux de concertation régionaux où les femmes prenaient part au développement politique et social de leur région, je me demande bien durant combien de temps nous devrons encore sensibiliser à l’importance de l’égalité entre les femmes et les hommes.

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