Les catastrophes climatiques se multiplient et s’intensifient à mesure que le climat se réchauffe. Et ceci est encore plus vrai aux pôles. Prenons l’exemple de l’Arctique où la fonte des glaces est telle que le réchauffement a atteint, selon les scientifiques, un point de non-retour : en d’autres mots, l’Arctique ne retrouvera plus la calotte glaciaire qui le recouvrait avant des millénaires.
Vous pensez que c’est peut-être anodin. Au contraire, le glacier dans son état normal réfléchit vers l’espace environ 80 % des rayons du soleil. Il joue alors son rôle de permettre au climat terrestre de ne pas trop se réchauffer. Si les calottes glaciaires fondent, c’est comme si votre frigo arrête de fonctionner. Tant d’autres exemples pourraient être mentionnés tel celui de la forêt amazonienne qui est entrée dans une zone de hauts risques, etc., etc.
Autour des années 1970, nous avons quitté l’Holocène, cette période de l’histoire de notre Terre qui a duré autour de 10 000 ans. L’Holocène se caractérisait par un climat stable, 2 calottes glaciaires intactes, une biodiversité incroyable, des forêts tropicales, tempérées et boréales qui recouvrait plus de 50 % de la surface de la Terre, de l’eau et de l’air purs sur la majorité de notre planète. Vers les années 1970, les activités humaines en sont venues à avoir de telles répercussions sur les écosystèmes de la planète (biosphère) et le climat que nous sommes entrés dans une nouvelle époque, soit celle de l’Anthropocène, c’est-à-dire où c’est l’homme qui est le principal facteur de changement. Malheureusement ces changements sont en très grande partie négatifs tant au niveau du climat, de la biodiversité, des sols, de l’eau et de l’air ainsi que des catastrophes de plus en plus nombreuses et intenses.
Au cours des toutes prochaines années, nous atteindrons 2 limites climatiques (seuils critiques) qui nous amèneront dans une période de risques plus élevés.
1er seuil critique : L’atteinte du 1,5°C de réchauffement
La température terrestre moyenne à la surface de la Terre a augmenté de plus de 1,1°C depuis le début de l’ère industrielle. Cette hausse de 1,1°C est importante quand on constate toutes les catastrophes qu’elle provoque. À tel point que les scientifiques font consensus sur le fait que nous ne devons pas dépasser une hausse de 1,5°C. Vous pensez que si nous stabilisons ou diminuons nos émissions de CO2 et des autres gaz qui sont la cause du réchauffement du climat, nous n’atteindrons pas cette hausse de 1,5C. Mais la réalité est que le gaz à effet de serre que nous émettons le plus, le CO2 (dioxyde de carbone), demeure dans l’atmosphère, en moyenne, 100 ans.
Pour comprendre ceci, voici une image, celle de votre baignoire qui se remplit rapidement car les robinets sont ouverts au maximum. Elle est pleine au trois quarts. Si vous fermez à moitié les robinets, elle continuera à se remplir. C’est exactement comme les gaz à effet de serre qui continueront à augmenter dans l’atmosphère même si nous réduisons nos émissions compte tenu qu’une fois qu’ils sont dans l’atmosphère, ils y restent en moyenne une centaine d’années.
D’après un bulletin sur le climat publié par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) le 27 mai 2021, il est mentionné qu’il est probable à 40 % que la température mondiale annuelle moyenne atteigne temporairement 1,5 C pendant au moins l’une des cinq prochaines années, et cette probabilité augmente avec le temps. Ce bulletin annuel se fonde sur l’expertise de climatologues de renommée internationale et sur les meilleurs systèmes de prévision des principaux centres climatologiques du monde. Selon Petteri Taalas, Secrétaire général de l’OMM « Cette étude montre, avec une grande fiabilité scientifique, que nous nous rapprochons de manière mesurable et inexorable de la limite inférieure de l’Accord de Paris, soit 1,5C. Elle vient nous rappeler que nous devons tous remplir plus rapidement nos engagements pour réduire radicalement les émissions de gaz à effet de serre et atteindre la neutralité carbone » a-t-il précisé.
2e seuil critique : L’atteinte de la concentration de CO2 dans l’atmosphère 450 ppm
En 1800, la concentration du CO2 dans l’atmosphère était de 278 ppm (parties par million) en moyenne et était restée stable pendant des milliers d’années. En 1958, cette concentration avait augmenté de 12 % à 313 ppm. Mais depuis l’augmentation s’est accélérée, passant d’une moyenne de 378, 9 en 2005 à 395,3 en 2013 pour atteindre 416,45 en 2021, et ceci malgré .la COVID 19 qui a entraîné une baisse des voyages en 2020 et 2021. Autour des années 2030, cette concentration pourrait atteindre les 450 ppm. Avec notre très forte augmentation de la combustion des énergies fossiles (essence, diesel, huile à chauffage, etc.) nous avons émis dans l’atmosphère de plus en plus de gaz à effet de serre tel le CO2 qui provoque le réchauffement du climat que nous connaissons.
En franchissant ces deux limites au cours des toutes prochaines années, nous entrerons dans une zone de hauts risques. Il faut comprendre par hauts risques que les catastrophes climatiques se multiplieront et s’intensifieront. Chaque fois que nous dépasserons de tels seuils, la probabilité que ceci entraîne un effet domino, soit une réaction en chaîne qui peut avoir un impact sur un ou plusieurs autres systèmes, se trouve multipliée. Actuellement la concentration dans l’atmosphère du CO2 est au plus haut depuis trois millions d’années, rendant inévitable la hausse dramatique de la température et du niveau des océans, mettent en garde des chercheurs.
Les répercussions seront majeures dont celle de voir notre Terre devenir une ennemie de notre civilisation. Regardez l’extraordinaire documentaire sur Netflix intitulé NOTRE PLANÈTE A SES LIMITES (en anglais Breaking Boundaries) et vous comprendrez mieux.
Jusqu’à tout récemment notre planète avec sa capacité de résilience avait la capacité de diminuer et d’absorber les impacts de nos activités; en ce sens elle était une amie. Alors qu’en dépassant les limites de nos écosystèmes, la Terre perd cette capacité et va amplifier nos impacts. Voici 2 exemples de ceci. Les forêts absorbent environ 25 % CO2 que nous émettons. Un rapport du gouvernement du Canada révèle que de 1990 à 2018 les forêts canadiennes ont émis plus de CO2 qu’elles n’en ont absorbées. Pourquoi ? Tout simplement en raison des incendies qui ont ravagé des millions d’acres de forêts. Lorsqu’un arbre brûle, il émet dans l’atmosphère le CO2 qu’il avait emprisonné durant sa vie. Ceci est un exemple de l’effet domino : température plus chaude, sécheresse, feux de forêt, émission de CO2 dans l’atmosphère, augmentation du CO2 dans l’atmosphère. Allez voir et lire le très beau reportage de Radio-Canada intitulé Changements climatiques : et si la forêt se retournait contre nous ?
Voici un autre exemple de l’effet domino : dans le pergélisol (sol gelé en permanence et absolument imperméable des régions arctiques), il a d’immenses quantités de gaz à effet de serre. De nombreux scientifiques pensent qu’avec le réchauffement en cours, ces sols en dégelant pourraient libérer des quantités très importantes de ces gaz qui augmenteront l’effet de serre et donc le réchauffement de la Terre.