Aux fidèles du «Que faire?», il est temps pour moi aujourd’hui de vous dire au revoir. Je quitte cette rubrique avec un mélange de nostalgie et d’envie d’ouvrir cette page à de nouveaux horizons.
C’est en septembre 2009 que Sylvain Bérubé de l’équipe de rédaction d’Entrée Libre m’avait approché en me proposant de contribuer par mes mots et mes idées à augmenter la portion culturelle du journal. À l’époque, je modérais un site et forum dédié aux arts (je sais, juste parler de forum nous replonge dans une autre époque de l’internet) et j’alimentais aussi un compte Twitter annonçant divers événements culturels, principalement de la relève. Quand ma collaboration avec Entrée Libre s’est dessinée, c’est tout naturellement qu’est venu l’idée de tenir un calendrier culturel entièrement sherbrookois, le «Que faire?».
Au fil des ans, j’ai tenu fidèlement le flambeau de ce calendrier. Ma fierté est d’avoir résisté à la tentation d’en faire une simple liste sans âme, avec seulement des dates, des noms et des lieux. Le «Que faire?», c’était un espace ouvert pour parler avec générosité des créateurs, surtout de la relève, et des salles de diffusion d’ici. J’ai toujours essayé de mettre de l’avant les artistes de la région, en laissant une place plus grande aux nouvelles créations et en misant sur un équilibre entre les différentes disciplines et styles de pratique. Il y a vraiment eu de tout dans le «Que faire?»: des spectacles de musique (du trad au métal en passant par le folk, le rock, la chanson, la pop, l’électro et l’opéra), des expositions d’art visuel (peintures et sculptures autant qu’installations et art performance), des pièces de théâtre, de l’improvisation, du cirque, de la danse, des projections cinématographiques, même des prestations indéfinissables et, bien sûr, des événements littéraires pour lesquels, je l’avoue, j’avais un léger parti pris. Malgré tout, j’ai voulu aborder chaque manifestation artistique qu’on me proposait ou que je dénichais avec enthousiasme et sans a priori, pour donner le goût en quelques lignes d’aller découvrir l’artiste ou l’événement dont il était question. Mettre en lumière l’art, et dans la plus belle lumière, quel privilège au fond!
Si pendant longtemps j’ai senti que le «Que faire?» était pertinent et utile à la vie culturelle à Sherbrooke, j’admets volontiers que j’ai abordé la dernière année avec une certaine fatigue et l’impression de me battre un peu trop fort pour trouver assez d’événements pour remplir ma page avant la date de tombée. Le constat est assez évident: Facebook a tranquillement et sûrement modifié la façon dont on s’informe pour savoir ce qui se passe en ville. Désormais, les événements artistiques se découvrent beaucoup au bout de nos doigts et un peu moins dans le journal qu’on attrapait à la sortie du café ou dans le hall d’un pavillon du Cégep ou de l’Université.
Mais peut-être que je me trompe. Peut-être que vous lisiez le calendrier avec intérêt lors de chaque parution, peut-être que vous y avez découvert un événement qui vous a marqué, peut-être vous a-t-il motivé à sortir voir un spectacle ou une exposition, peut-être qu’il vous a incité à acheter un billet, un livre, une œuvre d’art ou une paire d’échasses, qui sait?
Peut-être que le «Que faire?» a toujours sa place. Si tel est le cas, je le verrai voguer à distance. Après neuf ans d’engagement bénévole, à promouvoir la culture et les merveilleux artistes d’ici, je fais le choix de me consacrer davantage à mes propres projets artistiques. J’ai beaucoup hésité, mais voilà c’est dit: ce calendrier s’éteindra… ou renaîtra de ses cendres grâce à la passion, à l’énergie et aux mots de celui ou celle qui aura le désir de me succéder. Je le souhaite, autant que je souhaite voir rayonner l’art sous toutes ses formes, dans ce journal, dans notre ville, dans chacune de nos vies.
Un grand merci à toute l’équipe d’Entrée Libre pour votre soutien et votre carte blanche infinie. Et ne vous inquiétez pas, je reste tout proche, je lirai simplement notre fantastique journal avec encore plus de bonheur. À la prochaine!
(Crédit photo : Mathieu Gosselin, photographe)