La Fête du Lac des Nations a accueilli l’artiste Ziggy Marley avec une foule enflammée. Un concert en ce 22 juillet 2017 qui marquera la mémoire de plusieurs, surtout ceux qui les yeux fermés ont eu l’impression d’entendre directement Bob Marley lors de la prestation de «One Love».
Ziggy Marley, le plus vieux des fils de Bob, ne semble pas renier ses sources et ne semble pas non plus tenter d’imiter celui-ci. Il a sa propre signature musicale tout en poursuivant dans la même veine de son héritage. Lui-même, qui à 11 ans se trouvait sur scène avec son père, va à son tour à la fin du spectacle s’entourer de sa marmaille. Force est de constater que sa descendance a aussi tout le potentiel du rythme!
Si on se plonge dans le courant Rastafari dans toute sa splendeur, très lié au reggae, on y découvre un pan culturel et spirituel pour une rébellion et une libération des consciences. Me rappelant d’avoir sillonné la Jamaïque en entier seule en sac à dos, le contact fut tout aussi troublant qu’éblouissant. La pauvreté d’un niveau de vie rudimentaire côtoie la solidarité et la richesse humaine. La présence rasta empreinte de respect s’est vivement reflétée dans mes échanges avec les gens.
Un brin d’histoire? Reconnue pour une violence omniprésente, Port-Royal, déplacé à Kingston suite à des inondations, fut le quartier général des pirates. L’Angleterre nomma Henry Morgan (oui oui le Captain Morgan des bouteilles de rhum qui savait générer des butins tel un prolifique pirate) lieutenant-gouverneur afin d’occuper l’Assemblée de la Jamaïque au 17e siècle. Son expérience émérite des situations difficiles aura servi. On peut ainsi y voir les racines ancestrales du crime et ses dérives.
Kingston fut aussi un haut lieu de création des Marley. Comme quoi il y a du mauvais comme du bon dans cette ville. À même la légendaire maison résident les studios d’enregistrement Tuff Gong. Là où tant de musique de paix, d’amour et de respect des peuples ont pris naissance. Des chansons qui ont conquis la planète entière où peu importe où l’on se trouve, si quelqu’un chante une chanson de Bob, c’est clair que plusieurs s’y joignent pour se partir un band l’instant d’un moment.
Ce côté rassembleur propage un message pacifiste avec un regard humain qui unit plus qu’il ne divise tout en faisant appel au mouvement de masse comme à l’individu. Nous avons tous été transportés sur une vague de bonnes vibrations en cette belle soirée. L’œuvre de Ziggy, qui veut dire little spliff, est peu connue contrairement à son paternel. Mais cela reste une musique du cœur, qu’on la reçoive d’un groupe de 9 musiciens en performance sur scène, autant que par la bouche de nos haut-parleurs.
Est-ce qu’un mouvement collectif peut naître d’une musique? À mon avis, du moment où l’on se sent interpellé par le message, que l’on entend pour s’imprégner, que l’on se fait porteur de son essence et que ces mots deviennent des actions, il se peut que oui si on s’y met.
Gagnant d’un Grammy Award en 2015 pour le meilleur album reggae, Ziggy Marley a su nous porter l’espoir par sa musique et j’ose espérer qu’il aura pu aussi nous inspirer.