Montée vers les étoiles (La nuit de Noël, épisode 10)

Date : 15 Décembre 2016
| Chroniqueur.es : Pier-Luc Brault
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L’astronef s’élevait maintenant en ligne droite avec une accélération constante. Après quelques minutes de vol, Romarin prit la parole en s’adressant à Farandole :

— Maintenant que tu as eu le temps d’assimiler ton expérience d’hier, et pendant que tu participes à un voyage vers les étoiles, j’imagine que tu te poses encore beaucoup de questions.

— Oui, papa. Pourquoi est-ce qu’on n’utilise plus la poussière d’étoiles pour faire voler les rennes et entrer dans les cheminées?

— C’est une histoire un peu complexe… Je vais faire mon possible pour te l’expliquer dans des mots simples.

Il fut interrompu par Doucenuit qui riait aux éclats en regardant l’écran de son téléphone.

— Qu’est-ce qui te fait rire, Doucenuit? l’interrogea Romarin.

— Quelqu’un a créé une page « Bernie for new Santa » sur Facebook, c’est trop drôle! se justifia-t-elle. Ne vous occupez pas de moi.

— Bon, reprit Romarin, comme tu le sais, à l’époque, tous les jouets étaient fabriqués directement par les lutins, à l’atelier de Trèsaunord. Mais ce n’est plus le cas, depuis environ trente ans.

— D’où proviennent les jouets, maintenant? demanda Farandole.

— Ils sont achetés, tout simplement.

— Mais pourquoi?

— Eh bien, tu sais sans doute qu’il y a longtemps que les enfants ne reçoivent plus de jouets en bois fabriqués à la main. Aujourd’hui, les jeunes veulent toutes sortes d’appareils électroniques, de jeux complexes et de gadgets appartenant à des grandes marques. Et nous ne pouvons pas fabriquer ces objets, puisque les grandes marques nous attaqueraient alors en justice.

— Mais je ne comprends pas, papa… Même si les jouets sont achetés au lieu d’être fabriqués, ils pourraient quand même être distribués avec le traîneau et les rennes, non?

— Eh bien, comme tu le sais, pour pouvoir acheter autant de jouets, il faut beaucoup d’argent. Le Prince Bradley a donc décidé, il y a trente ans, de créer une place boursière. C’est un endroit où les humains investissent leur argent, et s’ils sont chanceux, ils réalisent un profit, c’est-à-dire qu’ils obtiennent plus d’argent. La Principauté récolte une partie des profits, et s’en sert pour acheter les jouets. Lorsque la Fée des Étoiles a appris cela, elle a décidé d’arrêter de nous donner de la poussière d’étoiles. Bien sûr, nous avions des réserves, mais elles ont été épuisées au bout de quelques années. Depuis ce temps, il faut se rabattre sur la technologie pour distribuer les cadeaux. C’est pour cette raison que de nos jours, ce sont des drones, plutôt qu’un traîneau volant, qui parcourent la planète en transportant des cadeaux la veille de Noël.

L’astronef avait maintenant quitté l’atmosphère terrestre.

— Mais papa, je ne comprends pas pourquoi la Fée des Étoiles a pris cette décision. Elle n’aime pas la bourse? Est-ce que c’est parce qu’elle n’est pas très chanceuse?

Romarin sourit.

— Ce serait trop compliqué à t’expliquer, mon trésor. Tu comprendras mieux plus tard. Disons seulement qu’elle trouve que notre nouvelle façon de fonctionner trahit l’esprit de Noël.

— Mais pourquoi elle accepterait de nous en donner, de la poussière, maintenant?

— Tu verras plus tard, répondit Romarin avec un sourire encore plus grand.

Lire la suite du roman-feuilleton La nuit de Noël n’est pas un dîner de gala

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