CETTE ANNÉE MARQUE LE QUARANTIÈME ANNIVERSAIRE DE FONDATION DU MOUVEMENT DES CHÔMEURS ET CHÔMEUSES DE L’ESTRIE-MCCE. L’ORGANISME RECEVAIT SA CHARTE D’INCORPORATION LE 23 JUIN 1980. AVANT LE MCCE, IL Y A EU QUELQUES ORGANISATIONS QUI SE PRÉOCCUPAIENT DE LA QUESTION DU CHÔMAGE. POUR LEUR RENDRE HOMMAGE, NOUS AVONS VOULU CITER LEURS CONTRIBUTIONS POUR QU’ELLES NE SOIENT PAS OUBLIÉES. PAR LA SUITE, IL SERA QUESTION DE L’HISTORIQUE DU MCCE.
Sherbrooke et les chomeurs
Il a fallu du courage pour les chômeurs et chômeuses pour traverser la crise des années 1930. On préconisait le « retour à la terre ». Les gouvernements municipal, provincial et fédéral préconisaient divers programmes. Entre autres, en 1934, la Ville de Sherbrooke embauchait des chômeurs pour bâtir le muret de pierres tout au long de la rue Saint-François Nord jusqu’à la rue Jubilée.
Les marches pour un régime d’assurance-chômage
Entre 1935 et 1940, tant au Canada qu’au Québec, on organisait des marches, aussi par train pour l’obtention d’un régime d’assurance chômage. Après les camps de travail synonyme d’esclavage et une réponse répressive et violente… En 1940, le gouvernement adoptait enfin la Loi sur l’assurance-chômage.
Le CRAC (1970-1973)
Entre 1970 et 1973, tout en poursuivant de revendiquer de meilleures mesures quant à la loi de l’assurance-chômage, dorénavant on préconisait la création d’emploi. On créait le Comité de recrutement et d’aide aux chômeurs – CRAC, sis au 440, rue Conseil, Sherbrooke. L’Abbé Salvail s’occupait de trouver du travail aux jeunes qui passaient par la Maison du chômeur. Pour lui prêter assistance, on avait engagé M. Marcel Clark, employé du bien-être social. Puis un premier employé, M. Réal Dostie. Entre 1970 et 1971, on avait trouvé du travail à 1100 chômeurs. En 1971, on engageait des travailleurs de rue pour rencontrer les chômeurs et chômeuses. Dans un atelier de réparation et de confection, on fabriquait des meubles, artisanats et autres, qui étaient vendus. On avait une salle de montre à la Boutique d’artisanats québécois, au 243, rue Alexandre dès fin mars 1972. Le CRAC organisait une rencontre sur la loi de l’assurance-chômage le 18 avril. Au 5 juin 1972, on aménageait au 569, rue Wellington Sud (Partage St-François).
Comité d’action des jeunes chômeurs 15-25 ans (1976-1978)
Au 30 novembre 1976, on pouvait lire dans La Tribune « 6000 jeunes sans emploi ». Le comité d’action des jeunes sans-emploi, en collaboration avec Odyssée-Placement organisait un salon, lors de la Semaine du jeune 15-25 sans -emploi. On y rencontrait plusieurs entrepreneurs de la région, dont la Paton. Le comité réclamait des programmes permanents adaptés aux besoins de la jeune clientèle. Au 4 décembre 1976, le Centre des travailleurs de l’Estrie voyait le jour. Cet organisme s’occupait de trouver du travail pour les personnes de 45 ans et plus. En mars 1977, une table ronde réunissait députés, responsable de l’aide sociale et de l’assurance-chômage et de création d’emploi, etc. Un dossier noir en était ressorti.
On dénonce le projet de loi
Au 4 mai 1977, le comité d’action dénonçait un projet de loi déposé à la Chambre des communes et visant à amender la loi d’assurance-
Chômage. Le comité s’alliait à d’autres organismes du milieu communautaire, tel l’Accent centre-sud (devenu Action Plus de Sherbrooke). D’un comité d’action on devenait le Mouvement des travailleurs sans-emploi de l’Estrie au 5 mai 1978.
Le milieu syndical et communautaire s’en mêle
On entend de plus en plus la voix du milieu syndical et des organismes populaires et communautaires quant à la loi de l’assurance-chômage. Dans La Tribune du 4 mars 1978, on pouvait lire : « Cinq organismes s’étaient regroupés pour une Action chômage continue » Opération chômage : L’ACEF-Estrie, l’Aide-juridique de l’Estrie, le Carrefour de solidarité internationale, la Fédération des travailleurs du Québec – FTQ et la Ligue de solidarité.
Action chômage Opération chômage
Les 10 et 28 novembre 1978, les manifestations Opération chômage se tenaient devant le Bureau de chômage de la rue Olivier. Réunissant le milieu syndical et communautaire. Au 2 janvier 1979, l’éditorialiste Jean Vigneault citait : « C’est un cadeau de Noël très mal emballé, ce projet de loi C-14 de l’assurance-chômage ».
Fondation du Mouvement des chômeurs et chômeuses de l’Estrie
M. Denis Boivin de l’ACEF, signalait que trente groupes de chômeurs et chômeuses existaient au Québec mais pas à Sherbrooke depuis la fermeture d’Opération chômage. l’ACEF-Estrie se penchait sur le sujet et cherchait des fonds pour lancer un autre mouvement en région. Au 18 avril 1980, M. Gilles Tremblay, un travailleur communautaire du CLSC sud-ouest-centre de Sherbrooke, était chargé de se pencher sur les problèmes sociaux et économique des adolescent-e-s et des jeunes gens en chômage. Il dénonçait des mesures drastiques du ministère québécois des Affaires sociales. Un comité de chômeurs et chômeuses est implanté dans le quartier. Au 13 mai 1980, après une recherche de local, le comité s’installe au 287, rue Olivier, accolé au Bureau de chômage. Au 26 mai, on jonglait avec les noms : Mouvement des jeunes chômeurs de l’Estrie ou Comité des chômeurs et travailleurs de l’Estrie. Enfin, on optait pour le Mouvement des chômeurs de l’Estrie Inc. L’organisme obtenait sa charte d’incorporation le 23 juin 1980. La féminisation viendra plus tard pour devenir le Mouvement des chômeurs et chômeuses de l’Estrie – MCCE.
Au 5 août 1980, les médias nous apprenaient l’arrivée d’une série de mesures législatives visant àpénaliser les jeunes sans emploi, qui ont recours à l’aide sociale. Le MCCE était solidaire tant sur le dossier de l’aide sociale que de l’assurance-chômage. C’est à partir de ce moment que des alliances durables furent créées ! Le 9 septembre 1980, c’est l’ouverture officielle du local les lundi, mercredi et vendredi en après-midi.
Première manifestation officielle
Le 24 septembre 1980, première manifestation officielle du MCCE accompagné de l’Acef-Estrie, du Regroupement des assistés sociaux de Sherbrooke, du Comité des accidentés de l’Estrie, du Réseau d’entraide des mères célibataires de l’Estrie, devant le bureau du député Gérald Gosselin du Parti Québécois. M. l’Abbé Jean Luc Pinard s’adjoint à l’équipe du MCCE. Il s’occupait, entre autre, du service de défense. Dans son édition du 21 octobre 1980, La Tribune précisait que celui-ci se préoccupait déjà, en 1971, de la question de l’assurance chômage, en informant les jeunes de la loi lors des séances de pastorale sociale.
Les années passent et les réformes aussi
Au fil des ans se sont greffées au MCCE d’autres équipes de travail et de militant-e-s, qui se sont battues avec nos alliés naturels, passant par toutes les réformes subséquentes de l’assurance chômage des années 1990, 2000… On ne peut tous les nommer ici, par contre on doit les remercier sincèrement d’avoir fait évoluer notre mouvement. Il faut nommer un pilier qui a tenu à bout de bras le MCCE : M. Denis Poudrier, militant, puis notre coordonnateur depuis 1989. Celui-ci a cumulé plus de 30 ans de service et est encore actif aujourd’hui.
Le MCCE est de tous les combats
Depuis le 1er mai 1981, le MCCE participe à la Journée internationale des travailleurs et travailleuses. En mai 1983 il était du nombre lors de la Grande marche pour l’emploi. Le MCCE a été l’instigateur d’évènements tant théâtraux, musicaux que politiques au fil des ans ainsi que de manifestations et occupations de bureaux. Toujours présent à l’écoute collective des budgets tant fédéraux que provinciaux, le MCCE soutient des luttes sur divers enjeux sociaux tels la parité à l’aide sociale, le droit au logement, à l’éducation, pour l’ensemble des droits des femmes, pour le droit à l’avortement libre et gratuit, les droits des retraités et de l’ensemble des personnes vulnérables de notre société.
Engagé pour l’indépendance du Québec, la paix, l’environnement, le MCCE appuie diverses coalitions tant québécoises que canadiennes pour les droits communs. Le MCCE a contribué à la recherche de personnalités publiques qui ont pris position pour un meilleur régime d’assurance-chômage tels, Pauline Martin, Jean-Claude Germain, Luc Picard, Raymond Lévesque, Richard Desjardins, Michel Chartrand, Pierre Falardeau, Léo-Paul Lauzon, Yvon Deschamps, etc. Depuis 40 ans, le MCCE est bien ancré dans le tissu social de l’Estrie.On lui souhaite encore de belles années et de belles victoires.