Une critique sans divulgâcher.
Impressionnant est un mot que l’on pourrait associer au parcours du si jeune et talentueux réalisateur québécois, Xavier Dolan. À l’orée de ses 31 ans (en mars prochain), sa filmographie est très impressionnante, car avec Matthias et Maxime, il signe son huitième long-métrage, déjà!
Cette année, nous avons eu le droit à deux de ses films les plus aboutis, son premier film en langue anglaise avec un casting à faire pâlir de nombreux réalisateurs : Kit Harrington, Natalie Portman(oscarisée pour The Black Swan de Darren Aronovsky), Katie Bates (oscarisée pour le grandiose Misery de Rob Reiner), Susan Sarandon (oscarisée pour La Dernière Marche de Tim Robbins), Thandie Newton et le surdoué Jacob Tremblay.
Ce film brillant a reçu un accueil mitigé incompréhensible au vu de la qualité indéniable de ce film. Boudé un petit partout dans le monde, le film est sorti tardivement au Québec, proche de la date d’un énième film tout aussi réussi : Matthias et Maxime.
Beaucoup de gens reprocheront à Xavier Dolan de ne pas se renouveler dans ses thématiques, mais en quoi est-ce un problème sachant que nous ne demanderons pas à un Tim Burton de nous faire un film d’action. Nous ne demanderons pas à un Woody Allen, un Pedro Almodovar, un Claude Lelouch, un Terrence Malick de nous faire un film SF, ni à Tarantino de nous faire une comédie dramatique ou encore à un David Lynch de faire une comédie musicale.
Les réalisateurs explorent leurs thématiques sous toutes les coutures, le cinéma est leur outil pour s’exprimer au mieux devant la société.
Dans la huitième perle de Xavier Dolan, on explore l’amitié sous toutes ses formes avec cette bande d’amis qui va voir leurs relations vaciller, se fragmenter, se bouleverser. Contradictions, non-dits, moments cocasses et surtout, beaucoup, mais beaucoup de rires. Ce film multigénérationnel va sans doute vous replonger dans vos franches rigolades de tous les jours avec vos « chums », car c’est avant tout un film sur la jeunesse et ce passage au monde adulte.
On dit que Xavier Dolan ne change pas de registre, pourtant, Matthias & Maxime est une très belle comédie dramatique, un genre nouveau, écrit et filmé, par le réalisateur montréalais.
Nous retrouvons la sublime Anne Dorval, dans le rôle de la mère de Maxime, détestable, exécrable, mais touchante. Xavier Dolan, que l’on ne présente plus, joue également un rôle prépondérant dans le film puisqu’il campe le rôle de Maxime, jeune homme troublé, attachant qui rêve d’une nouvelle vie en Australie. Cela se fait au détriment de ces amis d’enfance interprétés par Gabriel d’Almeida Freitas (Matthias), que l’on a pu le voir dans des séries Les Simone ou Hubert et Fanny, Pier-Luc Funk (Rivette), que l’on a apprécié dans 1987 de Ricardo Trogi, Les Démons de Philippe Lesage ou encore dans Embrasse-moi comme tu m’aimes de André Forcier. Il y a également dans le film Samuel Gauthier (Frank), Antoine Pilon (Brass) et Adib Alkhalidey (Sharif), réalisateur de Mon ami Walid.
Le film de la sélection officielle de Cannes s’est vu octroyer une récompense pour la musique enivrante de Jean-Michel Blais.
Entrée Libre a pu assister à la conférence de presse le jour de l’avant-première sur Montréal et poser deux questions sur le film :
Souley Keïta : Les plans filmés de routes et des lignes discontinues reviennent plusieurs fois durant le film, est-ce que ces plans de lignes expriment une amitié friable ou plutôt les non-dits qui subsistent dans ce groupe ?
Xavier Dolan : Par rapport aux non-dits, non. Mais il est vrai que ces plans ont un rapport avec l’amitié. Il y avait un triptyque de ces plans de routes, deux ont survécu au montage.
Pour moi, le film commence sur une route très droite, qui, au fur et à mesure, devient sinueuse. On a par la suite, un virage pentu… abrupt… soudain… (En s’adressant à la salle) Allez ! (Un journaliste répond « serré ») Serré ! Tout cela pour « serré » (rires) ! Ce n’est pas cher au Scrabble.
Plus tard dans le film, ce plan devient un leitmotiv, quelque peu métaphorique qui revenait. On a cette métaphore de la ligne que l’on aime si droite et si continue entourée de ce bitume abimé qui a des trous, je me disais que l’on parle d’une amitié qui suit la complexité de cette route. Ça faisait longtemps que je voulais faire cela.
Souley Keïta : Vous nous exposez une amitié forte, des relations puissantes, pourtant il y a une violence qui s’exerce dans votre langage cinématographique, notamment sur vos zooms avec ce double avancé ou double recul. Est-ce que c’est une violence naissante ou est-ce qu’elle est déjà présente dans cette amitié ?
Xavier Dolan : Cette violence est déjà présente dès le départ… Vous avez de bonnes questions, merci… Elle est présente dès le début. On voulait avoir une caméra à l’épaule très énergique, très vivante. Ces zooms nous permettaient de suivre un peu la cadence de ce groupe d’amis, qui parlent vite, qui vont vite, qui pensent vite. Est-ce que c’est forcément la violence que l’on voulait évoquer à travers ce langage cinématographique, je ne sais pas. Quand la tension monte, je pense que les zooms servent le propos. Mais vous l’aurez peut-être remarqué que ces zooms disparaissent au fur et à mesure que le film avance. Plus la violence entre les personnages devient visible plus les zooms diminuent pour laisser place à la violence de la tension entre les personnages.
Je vous encourage à aller le voir au cinéma et pour passer un bon moment.
Sortie prévue ce mercredi 09 octobre 2019 à La Maison du Cinéma.