Une critique sans trop divulgâcher.
Si nous devions définir la manière de réaliser de Podz, les vérités qui en ressortiraient sans doute, seraient que son langage cinématographique est unique, que son don pour la mise en scène est inné ou encore, que sa rigueur ne le quitte plus depuis ses débuts en télévision (Les Prédateurs, Minuit, le soir, 19-2…)
Le polar MAFIA INC signe le retour tant attendu du réalisateur Daniel Grou, alias Podz, 5 ans après son dernier film King Dave.
Ce sixième long-métrage est une adaptation réussie, avec brio, du livre éponyme de André Nöel et André Cédilot. MAFIA INC, scénarisé par Sylvain Guy, nous plonge dans le récit de la famille italo-montréalaise Paterno et de la famille Gamache, dont le père Henri, tailleur, les habillent depuis plus de 30 ans. Des liens forts se créent entre les deux familles, jusqu’à l’entrée de Vince Gamache dans le grand banditisme.
Fort d’un casting impressionnant, avec, entre autres, la sensibilité la fragilité incarnées par Gilbert Sicotte (Il pleuvait des oiseaux, Merci pour tout, Paul à Québec, Léolo, etc…). L’autorité et le charisme joués avec perfection par le « parrain » Sergio Castellitto.
Que dire de la performance admirable de Marc-André Grondin (C.R.A.Z.Y, Le premier jour du reste de ta vie, L’affaire Dumont, Les Affamés,etc…) dans le rôle principale de ce Vincent Gamache qui veut établir un nouvel ordre et briser certains ponts. Nous n’oublions pas Mylène Mackay (Les fleurs oubliées, Nelly, La Bolduc, Embrasse comme tu m’aimes, etc…) qui se démarque dans ce monde mafieux, parfois, voire toujours, très masculin.
Le journal Entrée Libre s’est entretenu avec l’équipe du film qui faisait une courte halte à Sherbrooke, samedi dernier pour présenter le long-métrage :
Souley Keïta : Le film démarre très fort avec une première tension. Vous nous dévoilez au premier abord ce personnage de Vince sans masque. Est-ce que c’est le seul personnage à ne plus vouloir se cacher alors que ces organisations mafieuses perdurent grâce à leur vigilance et leur discrétion ?
Marc-André Grondin : Je ne sais pas s’il ne se cache pas car je pense que le personnage de Vince a toujours porté un masque notamment à partir du moment où il montre uniquement une image très forte de lui, très flamboyante, alors qu’en même temps, nous nous rendons compte que ce personnage est brisé et fragile. Cela est dû aux nombreux abandons qu’il a connu.
Podz : C’est une très belle question. Moi je pense que dans le cadre de ces actions, il ne se cache pas. Il veut montrer qu’il existe, face à ces deux « pères ». Il veut également montrer qu’il est une pièce du pouvoir. Au sein de cette organisation, il n’est pas anonyme. Après je pense que Vince Gamache a définitivement un masque sur ses sentiments car c’est rare de le voir dire ce qu’il ressent et même face à sa sœur.
Souley Keïta : Est-ce que Vincent Gamache est un personnage qui ne vit que par fracas par peur d’être abandonné ?
Marc-André Grondin : Il va brûler ce qui est construit, il s’arrange pour que les gens l’abandonnent pour se prouver que c’est inéluctable et qu’il sera forcément abandonné. Il préfère le (cf: l’abandon) provoquer que le subir et ainsi avoir un contrôle sur sa destinée.
Souley Keïta : La famille est un fardeau dans laquelle on ne peut pas nager à contre-courant, est-ce que le personnage de Vince voit dans ses deux familles, une entrave à son développement ?
Podz : Il a deux temps dans sa vie. Nous avons cette famille qui le crée puis l’autre qui l’ accueille et le façonne. Dans le film, nous allons vers un troisième temps avec cette déconstruction que subit le personnage. Vincent ne se serait jamais retrouvé dans ce milieu à cause de cette famille, qui en voulant son bien, l’a poussé vers un mal terrible.
Souley Keïta : Ah je pense que la famille de Vincent trempe dans ce mal et nous le savons dès les premières minutes avec Henri (Gilbert Sicotte) qui habille la famille Paterno et accepte donc leur argent sale.
Podz : Oui, il y a un peu d’hypocrisie dans tout cela car ils en profitent d’une certaine manière. Tout le monde en profite et c’est un peu le message que véhicule le film. Vince a ce côté, dès le début du film, où nous le trouvons en transition avec cette volonté de tout détruire.
Souley Keïta : Vous associez à merveille la mafia à un mariage, à un lien qui ne peut être défait que par la mort. Est-ce que MAFIA INC, c’est comprendre que dans ce mariage, les personnages ne peuvent pas prendre une seule façade de la phrase « pour le meilleur et pour le pire » ?
Podz : On prend le meilleur et on essaye d’ignorer le pire. Le pire est à travers ces unions et les personnages essayent de le faire disparaître. Il y a un double sens aussi car dans la mafia ce n’est pas une histoire de gang, mais une histoire de famille. La personne a qui tu peux donner une totale confiance est issue de la famille.
C’est pour cela que la phrase « à la vie, à la mort » prend toute son ampleur au sein de la mafia car la loyauté n’a jamais été aussi forte que dans ces organisations.
MAFIA INC de Podz est déjà dans les salles obscures de La Maison du Cinéma.