EN CET AUTOMNE GRISONNANT ET PANDÉMIQUE, PERSONNE NE S’INQUIÈTE DE LA DISPARITION DES GRANDS ARBRES AU PARC JACQUES-CARTIER. SELON CERTAINS, LES GRANDS ARBRES AURAIENT DIMINUÉ D’AU MOINS LA MOITIÉ AU COURS DES 20 DERNIÈRES ANNÉES. ON LES REMPLACE TANTÔT PAR UNE STÈLE EN « L’HONNEUR DE GENS HONORABLES », TANTÔT PAR UN SITE D’EXPOSITION, UNE PISTE COUVERTE POUR LA DANSE EN LIGNE, UN CHEMIN PAVÉ, UN SITE POUR LES SPECTACLES, ET QUELQUES TOUT PETITS ARBRISSEAUX POUR FAIRE MONTRE DE BONNE CONSCIENCE.
Il y a plusieurs années, le Théâtre du parc disparut, incendié. Le site enchanteur devenu terrain vacant sert parfois de dépôt avec atelier mobile, lors de grands évènements, quelques jours dans l’année. Le site n’est plus aménagé. Aucune tentative d’y planter des arbres bref de l’embellir.
Près du chalet sont disparus plusieurs grands arbres. Il en reste encore quelques-uns qui tomberont bientôt et dont les remplaçants ne montrent aucun signe de relève valable. Un nouvel espace, sous prétexte de « végétalisation », remplace maintenant une partie du stationnement autrefois asphalté. Penchant environnemental attendrissant, le nouvel espace créé à proximité du « lac », et fusionné au parc proprement dit, a été aménagé avec de grandes marches faites de grosses pierres et d’espaces gazonnés laissant un vide sans arbres. Bordé de quelques très petits arbustes qui ne feront pas le voyage, ce lieu donnant une vue sur le « lac » n’a qu’un seul objectif :accueillir encore plus de monde pour les feux ou autres manifestations. On a préféré la « végétalisation » avec pierres et « vulgare herba » à une « naturalisation » avec arbres et gros bon sens.
Le parc Jacques-Cartier se transforme peu à peu en béton, asphalte, ferraille bref en îlot de chaleur pour les accablantes journées d’été. Peut-on concilier manifestations de masse, groupes de pression ou d’intérêts avec un accès libre en tout temps aux promeneurs, et un effort de conservation des grands arbres ? L’opportunisme des promoteurs de rassemblements, la disparition des grands arbres et le refus d’accès lors de certains évènements semblent aller de pair. Par ailleurs, en ces temps de COVID à l’été 2020, la paix régnait au parc Jacques-Cartier. Pas de haut-parleurs, de barbe à papa, de bière de manifestations sportives, festives et autres « citoyennetés ». Certains parleraient de sainte paix, concept vieux et poussiéreux dont personne n’a à cirer. L’accès au parc en cet été 2020 aura été libre pour le commun des mortels. Un terme à la mode, la réappropriation, s’insère bien dans ce contexte. On dirait que la COVID a permis au voisinage, aux gens du centre-ville et aux principaux utilisateurs de se réapproprier leur parc.
La notion d’infrastructure publique concernant les arbres devrait être priorisée et mise de l’avant de manière plus radicale au parc Jacques-Cartier. Tristement l’intérêt d’autres décideurs fait aussi partie de l’équation, ou de l’adéquation c’est selon. Et on brandira les désirs de la population à savoir la masse populacière, la majorité à qui on fait croire que ce qu’on lui dit est ce qu’elle veut entendre, et qui ne demande que du pain et des jeux, pour justifier le saccage subtil du parc Jacques-Cartier. Et on arguera qu’on plante tout plein d’arbres au parc. Sans parler de ceux qui disparaissent ou qui finiront par nuire ou mourir prématurément, affirmons sans ambages que le compte n’y est pas. D’ici quelques années tous les grands arbres auront disparu au parc Jacques-Cartier.
Tant que c’est payant pour les promoteurs, les grands arbres peuvent bien disparaître.
Une économie après COVID transformera-t-elle le Parc Jacques-Cartier en un lieu où la distanciation sera la norme ? Le monde des rassemblements de masse survivra-t-il à la pandémie ? Les grands arbres en profiteront-ils ? Les promoteurs de grands évènements disparaîtront-ils à leur tour ?
Bienvenue COVID. Reste encore un peu !