Toujours la même rengaine. Les riches continuent de s’enrichir et les pauvres continuent de s’appauvrir. Les conséquences de ce phénomène sont tristement prévisibles, mais pas moins révoltantes : les inégalités s’accroissent, les discriminations envers les personnes à la croisée des oppressions s’accentuent.
Pendant ce temps, les organismes communautaires autonomes travaillent avec la population pour contrer l’exclusion, promeuvent l’égalité, luttent contre la pauvreté et la discrimination. Pas besoin de faire un dessin : les besoins pour les organismes communautaires augmentent tellement, que plusieurs de ceux-ci sont épuisés et au point de rupture. Les personnes les plus optimistes diront que les gouvernements font de leur mieux pour régler les problèmes sociaux (problèmes qu’ils n’avouent d’ailleurs qu’en demi-mot du bout des lèvres, quand ils ne les ignorent pas carrément). Les autres constateront que les gouvernements peuvent en faire beaucoup plus pour le bien commun, mais choisissent autrement. Toujours la même excuse. Les gouvernements n’ont pas d’argent. C’est bien connu, non ? C’est pour cela qu’ils ne donnent que des miettes pour réparer le filet social, c’est pour cela qu’ils sous-financent les services publics, c’est pour cela qu’ils se plient à l’influence néolibérale, c’est pour cela qu’ils ne s’attaquent pas aux législations de complaisance, c’est pour cela qu’ils appliquent des politiques d’austérité, c’est pour cela qu’ils donnent de grosses subventions aux entreprises engendrant des milliards de profit… Attendez. QUOI ? Il n’y a-t-il pas une incohérence ici ?
Comparer les dépenses du gouvernement du Québec permet de comprendre que cela n’a tout simplement pas de bon sens. Par exemple, dans le Plan d’action gouvernemental en matière d’action communautaire 2022-2027 (PAGAC), 2,2 millions de dollars sont accordés aux initiatives de lutte contre la pauvreté et l’exclusion. 2.2 millions ? Certains diront que c’est énorme. Énorme, hein ? En fait, pas tellement… Ce montant est accordé à l’ensemble des organismes de la province. DE LA PROVINCE ! Et ce n’est qu’une partie du milieu communautaire qui a accès à ce financement. Les autres, qui correspondent aux critères de l’action communautaire, en sont exclus de ces financements. D’une autre part, les subventions aux compagnies privées sont énormes : par exemple, les quelques individus qui dirigent Bombardier ont reçu 21 millions de dollars, l’année dernière (La Presse, 2022, [En ligne]). Comment ça qu’il est tant facile de donner des sommes astronomiques à quelques personnes faisant des profits astronomiques. Ne serait-il pas sage de repenser la manière dont l’argent est distribué, afin que les organismes puissent mieux contribuer à la société ?
Le Québec, mais aussi le Canada, a les moyens de créer une société juste pour tout le monde. Les gouvernements ont les moyens de réparer le filet social dangereusement troué. Les gouvernements ont les moyens de mieux financer les organismes communautaires.
Mais ils choisissent de ne pas le faire.
Car ils s’en foutent.
Bibliographie
Arsenault, Julien. 2022. « Les affaires vont bien pour Bombardier, ses patrons en profitent »