Dans un contexte de forte inflation alimentaire, la concentration dans le secteur de l’alimentation est sans précédent : cinq chaînes qui se partagent 80 % du marché ont généré des profits record dans les deux dernières années.
Pendant que le gouvernement Trudeau convoque les grands patrons de cet oligopole, l’appareil médiatique s’emballe sur les solutions à envisager : miser sur les magasins à rabais, introduire plus de concurrence chez les détaillants, forcer un gel des prix, subventionner les consommateurs…
Peu de voix s’élèvent, pourtant, pour proposer une solution qui renforce bien plus la résilience de notre système alimentaire dans son ensemble : l’agriculture de proximité.
Certes, l’Union des producteurs agricoles (UPA) et le Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ) affirmaient récemment, à juste titre, que la solution passait par l’inclusion des agriculteur·ice·s et transformateur·ice·s dans la discussion.
Mais nous devons aller plus loin. Les défis de notre système alimentaire dépassent largement celui de l’accessibilité monétaire des aliments. La grande distribution précarise notre système alimentaire en favorisant les produits les moins chers, générant les marges de profit les plus grandes, au détriment de la préservation des ressources, de la dignité des fermiers et fermières et de la santé publique. Pas même un Code de conduite de l’industrie de l’alimentation ne pourra y remédier.
Pour se sortir de l’impasse, l’agriculture de proximité constitue une véritable solution transversale. En favorisant les transactions directes entre les fermier.es et les citoyen.ne. s, il est possible de fournir des aliments accessibles, frais, sains et saisonniers tout en redonnant une meilleure part du prix payé aux gens qui les ont produits. Il est possible d’investir cette valeur ajoutée directement dans la transformation des pratiques agricoles, la rémunération de la main-d’œuvre, la lutte et l’adaptation aux changements climatiques.
Citoyen.ne. s comme fermier.es ont leur part de chemin à faire pour adopter les circuits courts. Mais, comme pour la transition des modes de transport, il faut aussi une vision politique forte et une redirection des fonds publics qui sont pour l’instant mobilisés dans les modèles de production, de transformation et de distribution conventionnels.
Cessons de cantonner l’agriculture de proximité aux images bucoliques. Dans notre quotidien comme dans nos politiques publiques, faisons de l’agriculture de proximité la pierre angulaire de notre résilience alimentaire.