Dans mon enfance, les dessins animés présentaient souvent ce grand méchant qui polluait la planète pour le simple plaisir. Il souffrait probablement d’une allergie très rare à l’air pur et à l’eau propre. En grandissant, le monde gagnait en teintes, en subtilité et en richesse. Si ce personnage était très éloigné de la réalité, ces œuvres avaient eu le mérite de planter en moi une graine : celle de la conscience écologique.
Une jeune pousse, fragile, qu’une armée de bien-pensants allaient prendre soin d’écraser avec leurs gros sabots. Des gens sans nuance, des enfants observant le cartoon de mon existence. Je craquais l’allumette pour brûler la forêt amazonienne, j’enfonçais de mes doigts les sacs plastiques dans la gorge des tortues de mer. J’étais coupable. Voici donc la première catégorie d’écologistes que j’ai rencontré. De tristes humains gangrenés par l’orgueil. Tout juste bons à propager la réactance.
Heureusement, ma conscience écologique avait survécu à ces sagouins. Je rencontrais Brice, un décroissant. La bienveillance de cet homme me poursuit encore après presque onze années. Ce jour-là, nous prenions un café qu’il accompagnait d’un Mars.
— Un Mars ! Mais que fais-tu du problème de l’huile de palme ?
Il avait ri à ma pique amicale. Bien sûr il savait tout ça, mais la vie ce n’est pas que de la privation, avait-il expliqué.
— Comme tout le monde, je fais partie de la société et je ne suis pas insensible aux produits et au confort que l’on y trouve.
Il existait donc une autre façon de s’engager. Une voie éloignée de la privation sectaire. Une voie où chacun pèse ses
décisions, conscient de l’impact de sa propre consommation mais aussi, des efforts qu’il en coûte. Je venais de découvrir le concept d’empreinte écologique.
L’engagement n’était plus un choix binaire avec ceux qui font tous les sacrifices et ceux qui n’en font jamais assez. C’était un petit chemin de randonnée où chacun avance à son rythme, s’arrête quelque temps sur un banc et peut même rebrousser chemin au besoin. Sans crainte de jugement. Avec simplement ce sourire compatissant qu’ont les autres randonneurs, ce sourire qui dit : je sais, c’est difficile, au plaisir de te recroiser bientôt.
Je me suis engagé sur le chemin plusieurs fois. J’ai fait des demi-tours et des arrêts fréquents. Le problème vois-tu, quand on n’a pas un cercle d’amis centré sur cet intérêt, c’est que l’on a accès à aucune récompense directe pour nos efforts. Pas d’encouragement, pas d’exemples, pas d’effervescence sociale. Alors bien sûr on participe et on sait, intellectuellement, que nos actes aident, un peu. Quelques sacs économisés en utilisant notre panier pour les courses, un peu de pétrole sauvé en favorisant les produits locaux. Mais tout ça, ce n’est pas tangible. On ne voit pas réellement l’effet de nos efforts sur l’environnement. Cela peut vite être démotivant quand on se rend compte à quel point nos économies personnelles sont ridicules face aux tonnes de déchets que la communauté produit chaque jour.
C’est pour ça que je veux te proposer aujourd’hui, d’arrêter de réduire ton empreinte et, au contraire, de la maximiser. Tu peux œuvrer à augmenter la biodiversité autour de toi. Cette vision de l’engagement écologique est très sous-estimée, pourtant il me semble le point d’entrée idéal. La récompense de voir la vie s’inviter chez soi est très directe et tangible. Un effort minimal pour un impact maximal. Tu habites en ville ? Place des bacs à fleurs et à potager dans ta rue, tu seras surpris de voir la pratique contaminer ton quartier ! Tu as un peu de terrain ? Diversifie les plantes qui composent ta pelouse en utilisant des couvre sol comme le serpolet. Non seulement tu réduiras les passages de tondeuse, mais cela dégage une odeur délicieuse et tu peux même l’utiliser en cuisine ! Tu as encore plus d’espace ? Plante des arbres, laisse des zones plus sauvages et ajoute des perchoirs pour inviter les oiseaux à ta porte.
Si tout ceci t’inspire et que tu veux aller plus loin, voici quelques mots clefs pour t’aider dans tes recherches : permaculture, biodiversité, plantes indigènes, zones sauvages, prairie fleurie, hôtels à insectes.
Tu as le pouvoir de faire une vraie différence. Fais le choix de la vie.