Vues sur… Le Temps Lumière et Paul Dussault (2/3)
En contemplant les œuvres exposées à la Galerie G de B R des 4 nouveaux artistes que sont Amélie Roberge, Julie Beauchemin, Stéphanie Robert et Paul Dussault, un mot en ressort : le voyage.
Ce mot qui démontre que l’art s’y attache avec une ferveur pour procurer une excursion à travers les émotions, nos émotions.
Le voyage de Paul Dussault se fige dans l’immortalité d’une photographie. Il nous laisse voir ces moments qui vivront infiniment à travers les nostalgies gravées dans ses photos argentiques. Le talentueux artiste nous plonge dans cette enivrante, cette déstabilisante solitude, celle qui nous suit pas à pas à travers des grands espaces, des lieux naturels canadiens.
Un beau voyage dont on ne veut pas sortir !
Le journal Entrée Libre a pu rencontrer les artistes et proposera une série d’articles mettant la lumière sur leurs œuvres et leur parcours. Le deuxième article est consacré au photographe Paul Dussault qui s’est prêté à nos questions :
Souley Keïta : J’aimerais que le lecteur en sache un peu plus sur toi. Est-ce que tu pourrais nous raconter ton background, mais aussi cette relation que tu entretiens avec la photographie ?
Paul Dussault : Je n’ai pas une histoire de conte de fait nécessairement (rires). Depuis que je suis jeune, je me suis toujours intéressé à la photo. Nous partions souvent en vacances avec un ami de mon père qui était photographe de loisir et j’étais toujours attaché à jouer avec ses appareils photo. Je me souviens jeune, que j’avais cet intérêt. Le premier réflexe à l’adolescence a été de m’acheter un appareil photo et le moment où cela a vraiment décollé c’est après le secondaire où je suis parti vivre dans l’Ouest canadien pour explorer la vie et pour faire de la photo. Là-bas, j’ai rencontré un autre Québécois qui faisait de la vidéo, mais également de la photo et nous nous sommes mis à faire des projets communs. J’essaye également d’avoir le plus de corde à mon arc en étant directeur photo et réalisateur. Je fais des projets dans ces deux domaines, mais la photographie est fondamentale pour moi et cela a toujours pris beaucoup de place chez moi. C’est vers cela que je me retourne à chaque fois, en fin de compte, c’est cela qui me parle le plus et qui me fait le plus vibrer. La simplicité que la photographie a, c’est cela qui m’anime et non pas uniquement l’aspect technique, mais sur le fait de réfléchir sur ce que l’image peut dire. J’ai l’impression que j’ai une plus grande relation avec une seule image qu’avec un projet complet, car je suis quelqu’un de solitaire dans mes projets.
Souley Keïta : Dans la galerie, après Eva Maude TC, tu prends le relais pour mettre la lumière sur la photographie. En quoi était-ce important de juxtaposer tes œuvres à l’exposition Le Temps Lumière ?
Paul Dussault : Je me souviens que lorsque Geneviève et Emma-Lou m’ont montré les autres exposants, j’ai accroché sur les œuvres d’Amélie (Roberge), de Stéphanie (Robert) et plus particulièrement de Julie (Beauchemin). Notamment au niveau des couleurs, et c’est là que j’ai réalisé que j’ai toujours été un grand fan de la couleur, je fais de la photo en noir et blanc aussi, mais la couleur c’est autre chose. C’est pour cela que je fais beaucoup de photo argentique encore, car il y a les couleurs qui ressortent tellement fortes. Lorsque j’ai vu les couleurs employées dans les œuvres des autres artistes, je me suis dit que toutes ces œuvres vont bien ensemble.
Souley Keïta : Un art où l’espace-temps se fige. On ressent à travers ta photographie, l’espace-temps qui s’arrête la vision de l’isolement que ce soit à travers un lieu, à travers la nature, peux-tu nous en dire plus?
Paul Dussault : J’ai pris ces photos dans les trois dernières années. Des années où je voyageais seul à temps plein. Je ne veux pas cacher que voyager seul à sa part d’isolement et qu’il y a un côté démoralisant, pesant. Voyager n’a pas que des beaux côtés, car sur du long terme, il y a des choses vécues qui sont plus difficiles, pourtant la photo me ramenait au-dessus de cela notamment lorsque mon mood était au plus bas. Oui, sur la plupart de mes photos on dirait que cela représente bien les humeurs dans lesquelles j’ai pris mes photos. Je peux dire que cela représente les lumières que j’ai eues dans ces moments de solitude où je prenais le temps de m’arrêter sur le bord de la route, de marcher un peu pour me rendre un endroit, d’attendre que la lumière descende pour prendre ma photo.
Souley Keïta : Se plonger dans le voyage, est-ce que cela signifie un temps consacré à la nature sans l’humain, car le reflet est plus clairvoyant ?
Paul Dussault : Oui totalement! Il y a une sorte de relation que tu as avec ton lieu que ce soit dans la nature ou autre part. Évidemment, j’aime beaucoup la nature et c’est cela que je veux photographier, je respecte beaucoup les artistes qui font de la photographie urbaine, car lorsque j’essaye d’en faire, je m’y reconnais moins là-dedans. Ce n’est pas la même relation que j’ai avec des scènes de campagnes ou de grands espaces.
Souley Keïta : On ira même plus loin que juste voir la nature sans humain notamment avec ce lieu sans humain qui est montré dans tes photographies à bord du traversier.
Paul Dussault : Ces deux photos ont une histoire particulière, car c’était en mars 2020, au début de la pandémie. J’étais sur l’île de Vancouver, à ce moment-là, tous les lieux commençaient à fermer et le Québec s’apprêtait à se confiner. Le traversier commençait à être vide, car tout le monde restait sur l’île. Je me suis dit que je dois retourner au Québec. Je me souviens d’être allé sur le traversier en fin de journée en me disant que le voyage se termine puis je me rappelle d’avoir été tellement nostalgique sur ce bateau en regardant le coucher de soleil et en marchant en quelque sorte vers l’inconnu. En effet, durant cette période tu te sens seul, car tu es sur la route tout seul, en même temps le pays doit s’isoler et tu te retrouves tout seul dans tes idées, dans tes plans. J’ai essayé de prendre le temps sur le bateau, prendre le temps pour les photos.