Vues sur… Le Temps Lumière et Julie Beauchemin (1/3)
Permettre au temps de s’arrêter l’espace d’un instant dans un lieu, est une possibilité dans ce refuge de l’art à Danville. L’exposition Le Temps lumière, à la Galerie G de B R, ne s’est pas arrêté en si bon chemin et nous revient avec 4 nouveaux artistes. De la sculpture d’Amélie Roberge, en passant par la photographie de Paul Dussault pour s’arrêter sur les peintures de Julie Beauchemin et Stéphanie Robert.
Justement, arrêtons-nous et posons notre regard, dans ce premier article, sur Julie Beauchemin. L’artiste, que nous avons pu rencontrer grâce à la galerie, est une artiste aux nombreuses et belles identités artistiques. Un mot nous vient à l’esprit lorsqu’on dépose le premier regard sur ses œuvres : liberté. À travers ces œuvres, c’est un rendez-vous pris avec le voyage. Un voyage paisible à travers notre inconscient qui ne nous laisse pas insensibles et nous initie à ce doux regard sur les rêves.
Rêvons, car la liberté est un rêve et le rêve est une liberté, Julie Beauchemin nous le montre.
Le journal Entrée Libre a pu rencontrer les artistes et proposera une série d’articles mettant la lumière sur leurs œuvres et leur parcours. Pour le premier article, Julie Beauchemin a répondu à nos questions :
Souley Keïta : J’aimerais que l’on se penche un peu sur votre background et ce lien que vous entretenez avec l’art. Pouvez-vous nous en dire plus?
Julie Beauchemin : Ma formation première est en art de la scène donc je suis comédienne, j’ai fait du théâtre, de la télévision, du cinéma. J’en fais encore, car c’est mon travail principal. Je prête également ma voix pour des dessins animés et pour du doublage. Concernant l’art visuel, cela fait une dizaine d’années que j’ai débuté. J’ai commencé par la photographie, puis je me suis mise à dessiner sur mes photographies ce qui m’a permis de créer un monde différent à partir de la réalité. La photographie reste toujours une inspiration. Je commence d’ailleurs toujours mes séries d’œuvres par un voyage d’une semaine avec mon appareil photo, en me laissant inspirer par les paysages. Pour cette fois-ci, pour l’expo qui a lieu à la Galerie G de B R, je présente des dessins numériques dont certains sont inspirés par des photographies. Je travaille au stylet sur une grande tablette graphique. Les œuvres sont ensuite imprimées avec des encres pigmentées sur du papier archive.
Souley Keïta : Vos fenêtres ouvertes, une fuite vers un paysage autre. Des fenêtres qui montrent des paysages que l’on voit, mais dont on ne prend pas le temps de regarder.
Julie Beauchemin :Une grande partie de mes œuvres, en dehors de l’expo actuellement présentée à Gde Br, mets en scène des maisons. Ces maisons, ces foyers, sont, à la base, des photographies. Par le dessin, le mouvement numérique et la colorisation, je refais tout l’environnement dans lesquelles elles se retrouvent. Je laisse presque toujours une lumière allumée dans la demeure, lumière qui représente pour moi l’humain qui y vit, ses émotions, son rapport à l’immensité au dehors. Pour les dessins présentés à G de Br, j’ai eu l’impression de plonger à l’intérieur de ces domiciles et de regarder par les fenêtre, dehors, l’environnement nourrissant, joyeux et éclaté qui s’y trouvait. C’est ce qui m’a inspiré pour créer mes nouveaux dessins à travers lesquels je me suis donné le droit d’aller là où je n’allais pas habituellement, en éclatant les couleurs, les formes et en allant dans l’abstrait plus que dans le figuratif. Pour moi, c’est une permission d’être que je me suis donnée et que représente ces dessins. Juste être.
Souley Keïta : Je voudrais m’attarder sur un de vos tableaux : l’amitié. Pour moi l’amitié est une maison où déborde un flot d’émotions noyé dans un extérieur incertain. Comment vous voyez votre œuvre ?
Julie Beauchemin : Vous voyez toutes ces fenêtres où la lumière est présente. Il y a plus de fenêtres que ce qu’il devrait y en avoir. Pour moi, ce que cela représente, ce sont les possibilités qu’offre l’amitié. Concernant ce paysage plus noir à l’extérieur de la maison, c’est ce temps qui passe puis qui nous permet de projeter le regard plus loin, car quand on a de grandes amitiés, nous pouvons passer des jours et des nuits à refaire le monde. Malgré le fait que le paysage puisse paraître lourd et que cette maison apparaisse sous le paysage, l’amitié permet une ouverture.
Souley Keïta : Les lignes de vie, comme une main qui se pose sur ce qui est toujours palpable au plus proche de nous. Peut-on voir à travers votre œuvre, l’inconscient dans le conscient?
Julie Beauchemin : Sans doute! Je trouve cela drôle parce que dans un projet, j’avais travaillé la terre et j’ai des mains avec beaucoup de rides, toute la terre est rentrée dans ces rides et j’ai pris des photos de cela. Par la suite, j’ai dessiné toutes ces lignes, donc c’est vraiment intéressant que vous en parliez, car c’est quelque chose sur lequel je travaille actuellement.
Retrouvez sans plus tarder les oeuvres de Julie Beauchemin à la Galerie G de B R jusqu’à la mi-septembre.