Le couperet est tombé, le stress de la soirée redescend lentement, dans la rumeur montréalaise du beau Théâtre Saint-Denis, pour les nombreux finalistes et lauréats. Entrée Libre a vécu les coulisses de la grande messe de la télévision québécoise.
Pourtant cette soirée n’avait rien d’habituelle, marqué, entre autres, par la crise des techniciens de plateau, qui mettait en opposition l’AQTIS (Alliance québécoise des techniciens et techniciennes de l’image et du son) et l’AQPM (Association québécoise de la production médiatique). D’ailleurs, après plusieurs mois de négociation et sous l’éventualité d’une grève générale illimité, qui aurait touché fortement le milieu du cinéma, de la télévision et autres médias québécois, la tension est finalement redescendue ce 16 septembre 2019, sous les coups de 22h. Plusieurs accords sur les conditions de travail ont finalement été acceptés (amélioration et équité salariale, limitation de la sous-traitance, etc…).
La tension était également à son comble dans la salle, pour les finalistes des 19 catégories en course durant une soirée de plus de 2 heures, présentée par la pétillante, dynamique et élégante Véronique Cloutier.
La fête de la télévision a eu le droit à un début enflammé sous les pas de danse de l’animatrice vedette. Oui ! Il y a vraiment eu un début d’incendie éteint rapidement par les mots de Véronique (et surtout par les pompiers).
Le gala a commencé avec une phrase : « N’oublions pas que c’est notre télé et que l’on est toutes dedans ». Un vibrant hommage, en l’honneur des femmes scénaristes et réalisatrices, récompensées, un peu plus tôt, lors de L’Avant-première. Une salve d’applaudissements pour Miryam Bouchard (réalisatrice de M’entends-tu ?), Catherine Therrien (réalisatrice de l’épisode 312 de District 31 ), Florence Longpré (scénariste de M’entends-tu ?), Amélie Dussault et Chloë Mercier (réalisatrices du talk-show La Vraie nature), pour ne citer qu’elles.
Une vibrante ovation durant de longues minutes pour la reine de la soirée, Madame Béatrice Picard, grande dame de la télévision québécoise avec plus de 70 ans au service du petit écran, couronnée, d’un diadème apporté sur scène, au moment de donner les nommés pour la catégorie meilleur comédie.
Cette cérémonie a été également marqué par la distribution, à tous les artistes et gens de la presse, d’une fleur grise à épingler sur la veste ou la robe. Fleur grise, synonyme d’un attachement à la culture d’ici, mais aussi de la célébration des créateurs et artistes qui font la fierté du contenu télévisuel. D’ailleurs, ce message a été souligné plusieurs fois, notamment par Fabienne Laroche, productrice des séries Clash, Unité 9 et District 31, qui a fustigé les grosses firmes (Netflix, Apple, Amazon) en mettant l’accent, une fois de plus, sur le talent et la passion qui ploient au Québec.
Nous n’oublierons pas une soirée ponctuée par de nombreux sketchs et quelques revendications, notamment pour une avancée significative de l’accessibilité (vidéo description, etc…)
Une cérémonie laisse aussi la place à des récompenses. Le grand gagnant de ce dimanche festif est District 31, qui a remporté 8 récompenses dont le Prix du Public Fonds Cogeco sur les 15 nominations. La déception sera sans aucun doute du côté de la série Clash, qui est reparti bredouille, malgré ses 13 nominations.
La série Unité 9 a récolté 3 trophées avec, entre autres, une récompense de meilleur premier rôle féminin pour Ève Landry, qui a ponctuée sa semaine idyllique puisqu’elle faisait l’ouverture du Festival Cinéma de la ville de Québec avec le sublime film Il pleuvait des oiseaux, premier long-métrage dans lequel elle joue le rôle d’une photographe.
D’autres séries, adulés par le public, sont reparties avec des récompenses comme Plan B (meilleure série dramatique) ou Lâcher prise (meilleure comédie) devant le favori M’entends-tu ?
D’ailleurs la série phénomène M’entends-tu ? est repartie avec 3 prix dont un Gémeau pour meilleur texte : comédie et meilleur premier rôle féminin pour Florence Longpré, qui nous a fait l’honneur de répondre à quelques questions pour Entrée Libre.
SK : Bonsoir Madame Longpré !
FL : Bonsoir.
SK : Félicitations pour vos récompenses !
FL : Merci énormément !
SK : Est-ce qu’il y aura une saison 2 de M’entends-tu ?
FL : Oui, exactement ! On vient de finir de tourner la deuxième saison il y a à peine 3 semaines. Là, on est en montage et ça sortira au mois de janvier 2020.
SK : J’ai vu que l’on qualifiait souvent les personnages de M’entends-tu ? (Elle dépeint dans la série les quartiers difficiles de Montréal.) comme des anti-héroïnes, est-ce que vous êtes en accord avec cette vision sachant que vos personnages n’ont rien d’ordinaire et ont un tas de qualités ?
Florence Longpré : Peut-être qu’elles sont qualifiées ainsi parce qu’elles sont dépeintes de manière naturelle, elles sont sans artifices. On voit ces filles autant dans leur laideur que leur bonté, elles sont habitées par cette dualité et se rapprochent de nous. Ce ne sont pas des personnages unidimensionnels.
SK : L’idée de ce scénario, de ces filles, comment cela vous est venue ? Est-ce que c’est lié au fait que l’on ne parle pas des gens « invisibles » ?
FL : Malheureusement c’est vraiment dur de dire d’où est venue l’idée. Je pense que c’est surtout un mélange de plusieurs choses. J’avais vraiment soif de dépeindre quelque chose de différent. J’avais le goût d’un autre univers que des condos et les mêmes types de gens que l’on voit à la télé.
Je pense que c’est venu de là et aussi du fait que j’ai travaillé longtemps avec cette clientèle lorsque j’étais jeune. Un mélange qui a fait naître M’entends-tu ?
SK : Merci !
FL : Merci beaucoup.
Alors que la soirée s’éteint peu à peu, après la fin de l’après-gala, présenté d’une main de maître par Herby Moreau et Claudine Prévost, et que la rumeur montréalaise a cessé, on se donne rendez-vous pour la prochaine fête de la télévision en 2020.