La Journée internationale des femmes a été célébrée pour la première fois au début du 20e siècle par différents mouvements sociaux, politiques et ouvriers, mais c’est l’Organisation des Nations Unies qui en a fait une journée officielle de manifestations et de revendications en 1977, dans une perspective d’égalité entre les genres. Ainsi, encore une fois cette année, des milliers de femmes des quatre coins du monde célébreront les gains des luttes féministes et mettront de l’avant les revendications actuelles. Pour l’ONU, la journée sera, en 2012, consacrée à « l’autonomisation des femmes rurales et leur rôle dans l’éradication de la pauvreté et de la faim, le développement et les défis actuels. »
À Sherbrooke, c’est sous la forme d’un souper-conférence de style « potluck » en compagnie de Françoise David que les femmes de la région ont décidé de célébrer cette journée. Réunies sous la bannière du Comité 8 mars, ces femmes issues du milieu communautaire et étudiant ont choisi d’approcher l’ancienne présidente de la Fédération des femmes du Québec, aujourd’hui co-porte-parole du parti Québec Solidaire, afin qu’elle puisse nous présenter du même coup son livre autobiographique De colère et d’espoir, publié en octobre 2011 aux éditions Écosociété.
Des gains encore fragiles
Plusieurs pensent que l’égalité est atteinte, que nous sommes dans les rues pour passer le temps, que nous « chialons » encore et toujours pour dominer les hommes, sans compter les nombreux préjugés bien entretenus envers les féministes : lesbiennes frustrées, souvent moches et poilues, qui haïssent les hommes et qui entretiennent une relation malsaine avec des expériences passées et/ou qui subissent la pression des pairs. C’est ce type de commentaires qui nous motive à travailler pour atteindre l’égalité et à continuer de défaire ces préjugés qui se perpétuent de générations en générations.
Féminisme : Mouvement militant pour l’amélioration et l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société.
En 2012, les femmes sont encore sous-représentées dans les postes décisionnels, occupent majoritairement des emplois précaires, sous le seuil de la pauvreté, doivent en faire plus pour combler le retrait de l’État dans certains programmes sociaux et sont encore violentées en grand nombre.
Et ce n’est guère mieux sur le plan des droits! Le droit à la santé est menacé de tous les côtés, entre autres par la taxe santé du gouvernement Charest et le ticket modérateur; le droit à une éducation accessible et de qualité est en déclin avec la hausse de 75% des frais de scolarité universitaires; le droit de disposer de son corps comme on l’entend, c’est-à-dire le libre choix notamment en matière de grossesse, d’avortement ou d’adoption, est fragilisé par plusieurs tentatives de projets de loi conservateurs pour criminaliser l’avortement à nouveau et limiter l’accès aux moyens de contraception, etc.
La liste est longue. Mais pourquoi, me direz-vous? Parce que la société est encore bâtie sur des bases patriarcales capitalistes qui maintiennent les femmes dans une position de soumission, qui font la promotion de la femme-objet et de la richesse individuelle. La multiplication des publicités sexistes et des vidéos musicaux dégradants en sont de récents exemples.
L’année de l’indignation
Les mouvements Occupy du monde entier ont donné le ton à cette année, qui se présente sous le signe de l’indignation. D’ailleurs, on peut lire sur l’affiche du 8 mars 2012 : « Les femmes ont toutes les raisons de s’indigner ». Faut-il y voir un lien direct? Certainement. La force du mouvement se trouve dans la solidarité entre les militantEs de toutes les générations, peu importe leur condition socio-économique, leurs origines ou leur genre. En luttant pour la fin du capitalisme et des structures oppressantes, des millions de personnes se sont positionnées – et se positionnent toujours – en faveur d’un monde plus juste, équitable et égalitaire. Quand on parle de capitalisme, on parle de reculs au niveau des droits sociaux et donc, de reculs au niveau des droits des femmes. Mais détrompez-vous! Les Occupy sont loin d’être terminés, bien qu’ils se fassent plus discrets en ce temps hivernal. La solidarité bouillonne encore à bien des endroits.
Afficher ses couleurs
Le féminisme est une manière d’être, une manière de penser et d’agir. Il est une lutte en soi, car le travail est loin d’être terminé, ici comme ailleurs. Les avortements clandestins sont en hausse sur la planète, le fœticide est encore une pratique courante dans certains pays, l’utilisation de la violence faite aux femmes comme arme de guerre ne cesse d’augmenter et les conditions de travail sont encore majoritairement indécentes et inégalitaires un peu partout sur le globe… le saviez-vous?
Le 8 mars, faisons-nous entendre et reprenons notre place!
Le 8 mars, soyons fières d’être féministes!
L’auteure est stagiaire au Collectif pour le Libre Choix.