Quels souliers faut-il chausser ou comment faut-il « mettre ses culottes » pour exercer une influence à l’Assemblée nationale du Québec? Peut-être s’agit-il d’être un citoyen actif, à la manière d’Anthony Leclerc, ce jeune Québécois de 18 ans qui fait partie du groupe à l’instigation de la pétition demandant la démission du premier ministre du Québec, Jean Charest.
À l’origine, l’ambition de ce groupe citoyen consistait à recueillir, en trois mois, 100 000 signatures appuyant la demande de démission de Jean Charest. Or, l’objectif était déjà dépassé 36 heures seulement après la mise en ligne de la pétition sur le site Internet de l’Assemblée nationale. D’ailleurs, à ce jour, plus de 240 000 citoyens et citoyennes ont exprimé leur volonté de voir démissionner leur premier ministre.
Certes, le dépôt d’une pétition à l’Assemblée nationale n’est pas nouveau. Toutefois, ce qui s’avère particulier dans le cas de la pétition demandant la démission de Jean Charest, c’est la force de l’adhésion manifestée à son égard. Outre les effets significatifs du traitement de cette pétition par les médias et Facebook notamment, trois éléments distinctifs doivent être soulignés pour expliquer l’effet boule de neige de cette initiative citoyenne.
D’abord, la nature de la demande exprimée par la pétition est exceptionnelle. Le fait de réclamer d’une telle façon la démission du premier ministre, sur initiative citoyenne, est une première à l’Assemblée nationale.
Ensuite, il faut remarquer que le contexte politique actuel ajoute à l’impact de la demande de démission du chef du gouvernement. Selon le site de l’Assemblée nationale, parmi les dépôts de pétitions depuis le début de l’année, 51 sont reliés à une demande d’enquête publique sur l’industrie de la construction. Outre celle réclamant la démission de Jean Charest, les deux pétitions en cours qui ont recueilli le plus grand nombre de signatures sont respectivement celle exigeant un moratoire sur l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste avec un peu plus de 75 000 signatures et celle défendant l’accessibilité aux études avec un peu plus de 12 000 appuis. Ces trois revendications constituent en bonne partie les motivations principales à la base de la pétition qui demande la démission du premier ministre. Les effets conjugués des différentes pétitions stimulent nécessairement les citoyens et citoyennes du Québec à adhérer à la demande de démission de leur premier ministre.
En un clic
Enfin, le troisième élément distinctif de la pétition qui exige la démission de Jean Charest, c’est son accessibilité. En effet, il s’avère davantage aisé de recueillir un nombre record de signatures par voie électronique que par voie manuscrite. Ce n’est que depuis décembre 2009 qu’il est possible de signer une pétition en ligne. Évidemment, le seul fait d’être en ligne n’est pas gage d’un appui massif à une pétition. À l’heure actuelle, douze pétitions sont ouvertes aux signatures sur le site Internet de l’Assemblée nationale. Or, exception faite de celles qui concernent l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste et les frais de scolarité, les requêtes comptent en moyenne quelque 1400 signatures.
« Nul ne possède d’autre droit que celui de toujours faire son devoir ». Voilà ce que défendait le philosophe et sociologue français Auguste Comte, il y a bientôt deux siècles. Si l’Assemblée nationale du Québec se dit l’institution garante de la place des citoyens, encore faut-il que les citoyens la prennent leur place en exerçant leur devoir citoyen. Assurément, chacun, chacune a le pouvoir d’exercer une influence en politique, quelle qu’elle soit. Comment y arriver ? Peut-être s’agit-il d’être un citoyen actif, à la manière d’Anthony Leclerc…