Quand j’étais adolescente, je m’impliquais beaucoup dans mon école secondaire. Je siégeais sur tous les comités, et étais de l’organisation de la majorité des évènements parascolaires. C’est donc sans grande surprise que m’est arrivée un jour l’occasion de me présenter à titre de présidente du conseil des élèves. Toutefois, contre toutes attente, j’ai refusé ce rôle et ai préféré assumer celui de vice-présidente.
Mais pourquoi, donc?
Eh bien ! À cette époque, je n’aimais pas vraiment prendre trop de place et j’avais du mal à me trouver assez compétente, malgré le fait que mon CV (curriculum vitae) soit plus rempli que celui de bien des jeunes de mon âge. À la place, je m’efforçais de demeurer discrète.
Ce n’est donc un autre élève qui a assuré la présidence, finalement.
C’est seulement qu’après des années de militantisme que j’ai réalisé que je n’étais pas la seule fille – désormais femme – à avoir un vécu semblable : celui de s’être effacée par habitude, de ne pas avoir osé prendre de place – peut-être sa place, qui sait ?
À la veille des élections municipales, je me demande si d’autres femmes ont renoncé à se présenter dans un district ou à la mairie pour des raisons similaires aux miennes. Se peut-il qu’une éducation genrée nuise encore aux femmes voulant s’impliquer dans la vie citoyenne et politique de leur municipalité?
Dans un élan de curiosité, j’ai décidé d’aller faire un tour sur le site de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) pour apprendre que les villes de la province comptent 34,5 % de conseillères et 18,8 % de mairesses depuis les dernières élections municipales de 2017. On y apprend aussi qu’à peine 34,7 % des conseils municipaux sont composés de façon paritaire, c’est-à-dire où la proportion de femmes se situe entre 40 % et 60 %. Nous voilà encore loin de la parité.
Si à Sherbrooke le portrait est un peu plus reluisant, notre conseil municipal entre tout juste dans la zone de la parité, avec sept conseillères (44 %) sur les seize postes disponibles. De plus, depuis sa fondation en 1852, la ville de Sherbrooke n’a toujours eu que des maires.
Mais pourquoi est-ce que la parité compte, au juste?
Tout simplement, parce qu’il s’agit d’une question de représentation ! C’est d’ailleurs l’un des objectifs de la démocratie : donner une voix à chacun·e. Donc, si un groupe représente 50 % de la population, pourquoi celui-ci serait-il sous-représenté?
Tout simplement, parce qu’il s’agit d’une question de représentation ! C’est d’ailleurs l’un des objectifs de la démocratie : donner une voix à chacun·e. Donc, si un groupe représente 50 % de la population, pourquoi celui-ci serait-il sous-représenté?
Dans le même ordre d’idée, d’après Élections Québec, 10,9 % des sherbrookois·e·s disent appartenir à une minorité visible, ce qui ne se reflète pas nécessairement au conseil municipal. Pareillement, plus de la moitié des ménages de la ville vivent en appartement et le revenu moyen est bien en deçà de la moyenne provinciale avec une forte proportion d’étudiant·e·s et de personnes âgées seules. Et je ne vous parlerai même pas des personnes à mobilité réduite ! Peut-être qu’il serait temps que cela se manifeste minimalement sur le palier de gouvernance le plus près de nous…
En attendant de changer le monde, je prendrai les espaces de parole qui me sont accessibles : la rédaction en chef d’un journal, par exemple…
Je vous encourage à faire de même dans les prochaines semaines, surtout si vous n’avez pas l’habitude de vous voir représenté·e dans les lieux décisionnels.