La seule et unique question que nous sommes en droit de nous poser vu l’état de la situation en logement est pourquoi les gouvernements des trois paliers et les partis d’opposition ont-ils si peur d’instaurer ou de revendiquer une commission d’enquête publique, indépendante et itinérante sur les crises du logement et des impacts sur les ménages locataires ?
Pourquoi préfèrent-ils sortir de leur chapeau quelques idées magiques pour contrer l’une ou l’autre des nombreux problèmes vécus par les ménages locataires sans vouloir identifier la ou les causes de la problématique et les effets pervers qu’engendrent cette crise qui affecte la santé physique, mentale et financière de millier de ménages locataires tant chez les personnes âgées, handicapées, immigrantes, des femmes, la communauté LGBTQ+ et les autres composantes des ménages locataires dont les enfants.
Avons-nous peur de constater qu’une mafia du logement s’enracine faisant leur propre loi en transgressant la législation sur le logement locatif, en harcelant et intimidant les ménages locataires pour qu’ils répondent à leur demande. Avons-nous peur de remettre en question l’ensemble du fonctionnement du marché locatif soit son tribunal, sa législation et le pouvoir que détiennent les propriétaires et les gestionnaires sur les ménages locataires. Avons-nous peur de prendre conscience que cette crise prend toutes sortes de visages mettant en péril l’accès à un logement, le maintien dans les lieux, la pleine jouissance des lieux et la sécurité de ses occupantEs.
Depuis 30 ans, les gouvernements des trois paliers injectent des milliards et des milliards de dollars par différents programmes et stratégies pour contrer la crise du logement. Pourtant la crise du logement s’enlise, s’enracine et s’amplifie. Combien de temps la population va croire nos éluEs qu’ils et qu’elles ont une réelle volonté de freiner cette crise et de trouver des solutions à court, moyen et long terme.
Aujourd’hui, l’Association des locataires de Sherbrooke (ALS) participe encore à l’une des nombreuses consultations sur le logement par l’un ou l’autre des paliers de gouvernement. Tout en ayant comme bien des personnes une certaine réserve sur les résultats (un chat échaudé craint l’eau froide), l’ALS a choisi d’éviter la chaise vide du à l’ampleur de la crise, de la durée de la crise et qu’on ne voit toujours pas la lumière au bout du tunnel. Nous tenterons de nouveau à mettre de l’avant notre expertise terrain, notre analyse et des solutions à court, moyen et long terme.
Nous vous remettons le mémoire que nous déposons aujourd’hui à la commission ad-hoc. Ce mémoire comprend une analyse de la problématique, des solutions à courts termes que la ville de Sherbrooke peut dès lors mettre en place pour minimalement éviter la catastrophe pour l’été 2023 et des recommandations à moyen terme que la ville avec ses groupes partenaires peuvent exiger des paliers supérieurs.
Nous sommes à la deuxièmre année du mandat de l’administration Beaudin. Rappelons-nous que lors de la dernière élection municipale, Madame Beaudin et les candidatEs de Sherbrooke citoyen s’étaient engagé à faire une priorité de la question du logement. Bien que des gestes ont été posés, il n’en demeure pas moins que la crise du logement demeure toute entière. Espérons que les recommandations de la commission ad-hoc que son administration retiendra auront comme objectif le mieux être des ménages locataires et non la construction de logements inabordables par le privé.
Dans quelques jours, quelques semaines ou quelques mois tout au plus, nous pourrons évaluer le sérieux de cette démarche et la volonté réelle des éluEs de Sherbrooke de reconnaitre d’une part qu’il y a une problématique majeure en logement et pour qui il n’y aura pas des solutions durables à très court terme mais le début d’un travail pour amoindrir les effets et d’autre part il faut que cette administration agisse sur les causes profondes et les effets néfastes de la crise du logement sur les ménages locataires.
Enfin, de croire que cette crise peut se résorber par l’intervention unique de la ville sans faire pression sur les gouvernements supérieurs qui détiennent les cordons de la bourse et le contrôle sur le marché locatif est illusoire. C’est pourquoi que nos recommandations portent également sur l’intervention de la ville auprès des paliers supérieurs.