La grande et jeune chanteuse Dominique Fils-Aimé tient fièrement notre traditionnel parchemin avec les mots immortels de Richard Séguin et de Raymond Lévesque (décédé en 2021, voir postface) : Nos armes de paix sont la musique, les arts visuels, le cinéma, la chanson, le théâtre, la poésie, la danse, le cirque, la littérature… Nos armes de paix sont nos gestes et nos paroles. Nos armes de paix sont nos engagements. Nos paroles et actions résonnent dans le présent de ce monde et trouveront écho dans les générations à venir. Quand les hommes vivront d’amour, les soldats seront troubadours.
Dominique Fils-Aimé unit sa (nos) voix à celles d’organismes ou de personnes touchées par le racisme systémique, afin de mettre fin aux inégalités qui détruisent autant ceux qui les instaurent par conservatisme et par peur (pléonasme ?), que celles qui épuisent leur courage à les combattre. D’où son appel s’appuyant sur son attachement à sa famille haïtienne avec ses lointaines racines africaines: À mes ancêtres, merci de nous guider dans la lumière qui nous guérira tous et toutes. La raison principale du prix met en avant son art, sa musique. Jouissant de l’appui de Daniel Lepage, Jacques Roy et de toute la famille Ensoul, enregistrant dans les studios Opus à l’Assomption, Québec, Dominique Fils-Aimé crée des spectacles avec le souci savant et néanmoins très vivant de rythmique intégrée, de liens de tonalité et de couleurs d’harmonie, en exploration de la palette émotionnelle de la musique soul d’hier à aujourd’hui. Sa présence scénique et sa voix envoûtante sont à couper le souffle (voir notre site).
Grâce à la très aimée Marjorie Walter et à la Très Honorable Michaëlle Jean (retenue à New York, aux Nations-Unies), on vous souhaite la BIENVENUE À HAÏTI : c’est par ces mots du secrétaire-général des APLP Pierre Jasmin que s’est ouverte la 33e cérémonie des Artistes pour la Paix, accueillie par la jeune équipe de la coopérative haïtienne de Montréal La Perle Retrouvée que nous remercions de tout notre cœur. La présence dès l’ouverture de la cérémonie de trois recrues élues cet automne sur notre conseil d’administration, Paule Tremblay, Marjorie Walter et Louise-Marie Beauchamp montrent le virage féministe jeunesse entamé par les Artistes pour la Paix.
Louise-Marie, conceptrice visuelle de profession, musicienne de formation et cinéaste activiste pour la paix de préoccupation, s’est donné la mission audacieuse de faire entrer les APLP dans l’ère numérique. Par ses démarches, elle a déjà réussi à nous faire accepter par le Conseil des Arts de Montréal et le Conseil des Arts du Canada, profil Festival et diffuseur multidisciplinaire, où elle déposera bientôt une demande de subvention PULSION NUMÉRIQUE.
Elle mène aussi le projet ambitieux À chaque maire (ou chef de conseil de bande) son artiste pour la paix, dont Samian, APLP de l’année 2016, chanteur rappeur comédien et photographe québécois de la Première Nation Abitibiwinni, sera le premier porte-parole. Le site web des APLP inaugurera bientôt un portail dédié à ce projet.
Continuité de l’engagement de paix des APLP
Notre mission inchangée se poursuit afin de faire avancer la paix grâce aux objectifs de paix et de lutte aux changements climatiques avancés par le GIEC, l’UNIDA, UNESCO et le Haut-commissariat pour les Réfugiés de l’ONU : on prendra connaissance sur notre site du discours spécialement adressé à notre 33e remise de prix par Michaëlle Jean.
2021 n’a pas oublié les événements traumatisants de la dernière (espérons !) année présidentielle 2020 de Donald Trump et de son racisme marqué par exemple par l’assassinat policier de George Floyd et par le retrait des États-Unis (réintégrés par Biden) de l’Organisation Mondiale de la Santé, à cause du racisme du Parti Républicain envers l’Africain Tedros Adhanom Ghebreyesus. Ce dernier, docteur en santé communautaire de l’université de Nottingham au Royaume-Uni, est le premier président de l’OMS élu démocratiquement en 2017 par l’immense majorité des 194 pays membres de l’Association Mondiale de la Santé (WHA-U.N.) : c’était contre un candidat britannique favorisé par le Canada, la Grande-Bretagne et les États-Unis qui ont pris cette élection comme un camouflet administré à leur racisme suprémaciste blanc. D’où les retards du Premier ministre Trudeau à prendre au sérieux les avertissements à propos de la COVID de cette instance de l’ONU (lire nos articles à ce sujet, y compris celui sur la crise de vedettes à Radio-Canada).
Arrivé la veille de Berlin à temps pour notre cérémonie, après son cours à l’UQAM qui finissait à midi trente, Aziz Salmone Fall nous a livré un discours à la fois apaisant et militant sur la suite du monde, en écho aux paroles avec lesquelles notre militant pour la cause autochtone, Normand Raymond, membre du groupe Pow Wow Buffalo Hats Singers et auteur-compositeur-interprète l’a salué au micro.
« Réuni mardi le 14 décembre 2021, le conseil d’administration des Artistes pour la Paix a nommé Aziz Salmone Fall ami 2021 de la paix pour son courageux antimilitarisme, son rôle historique dans les mouvements anti-apartheid au Canada, au Québec et en Afrique, sa participation dans la lutte internationale contre l’impunité, sa lutte en faveur d’une Afrique libre comme coordonnateur de la Campagne Internationale Justice pour Sankara, président du Centre Internationaliste CIRFA, membre du secrétariat exécutif ad hoc de l’internationale des travailleurs et des peuples et cofondateur du mouvement des assises de la Gauche au Sénégal : le dernier prix Goncourt Mohamed Mbougar Sarr, auteur de La plus secrète mémoire des hommes, est du Sénégal où Aziz a passé le temps des Fêtes. Pour le bonheur des APLP, Aziz est en outre musicien et cinéaste, entre autres créateur des films René Lévesque rebelle patriote internationaliste, Samir Amin l’internationaliste organique et Africom go home, bases étrangères hors d’Afrique. On a donc aujourd’hui l’honneur de lui décerner notre parchemin AMI DE LA PAIX. » Soulignons que l’ex-ministre de la Culture et des Communications du Québec, Maka Kotto, a tenu à adresser ses félicitations personnelles à son ami Aziz.
Une cérémonie vibrante de musique
Nous avons d’abord écouté la chanson Home de Dominique Fils-Aimé qui psalmodie en français la douce invocation la couleur de ton âme, qui s’insinue en nous comme l’art le plus subtil de contrer le racisme : l’art pour la paix n’est-il pas une guerrilla amoureuse ?
Pour écouter Home : visitez le site artistes pour la paix
L’autrice-compositrice-interprète de chansons en français, Paule Tremblay, accompagnée par Marjorie Walter – toutes deux n’étaient pas nées au moment de la création du tour de la terre en 1961 – chantent aussi Le monde est fou : on se demande bien pourquoi cette dernière chanson les a inspirées !
Remercions Stéphane Venne, Jacques Michel, Luc Plamondon et André Gagnon (dont l’hommage fut prononcé par Judi Richards en 2016), auteurs de chansons comme Tu trouveras la paix et C’est le début d’un temps nouveau portées par Renée Claude. Car c’est à elle que les APLP rendaient cet hommage qui a fait pleurer son compagnon de vie Robert Langevin présent ci-dessous.
Rappelons le mot à sa mort de notre mairesse Valérie Plante, qui nous a assurés de son appui pour notre cérémonie : « J’apprends avec tristesse le départ d’une grande montréalaise et d’une des plus grandes interprètes de l’histoire du Québec. Renée Claude aura influencé tant de femmes en chansons. J’ai une pensée d’amour et de paix, qu’elle chantait si bien, pour sa famille et ses proches. »
Izabella Marengo, notre vice-présidente Arts a toute la soirée uni ses efforts à ceux par exemple de Marjorie Walter et de Louise-Marie Beauchamp pour rendre hommage tour à tour à Dominique Fils-Aimé et à Renée Claude, tandis que s’activaient l’infatigable maman de Marjorie mobilisée aux jus et au café et, à la technique pour les projections, Normand Raymond, Mario Bonenfant, Joël Daniel Lops et notre camionneur préféré, Yves Simoneau, tenant à se distancer de la minorité de ses collègues complotistes manifestants que nos journaux et politiciens ont décidé de mettre en vedettes. Heureusement il y a Radio-Canada pour souligner le succès de notre magogois Jordan Pierre-Gilles aux Olympiques.
Comme promis, voici maintenant grâce à son conjoint Jean-Daniel Lafond, membre des Artistes pour la Paix, le discours de Michaëlle Jean (à voir sur site artistes pour la paix). Pierre a rappelé, en introduction, sa tournée en 2010 de gouvernements d’Afrique centrale à titre de gouverneure générale et cheffe de l’armée canadienne : son franc courage leur réserva plutôt un discours essentiellement axé sur les mutilations génitales (excisions) des femmes qui fit grimacer et figea les rangées de ministres et militaires du parterre, tandis qu’au balcon, les femmes exultaient, criaient et applaudissaient. C’est en continuité de ces actions que s’est adressée à nous la co-présidente de la Commission de haut niveau du Fonds des Nations-Unies pour la population (FNUAP/UNFPA) sur les droits et la justice en matière de sexualité et de procréation pour toutes et pour tous.
Postface
Nos morts de l’année dernière comprennent ces artistes tant regrettés:
- Raymond Lévesque, co-fondateur à qui nous avions rendu un hommage officiel en 2015.
- Claude Lafortune, à qui Tanya Lapointe a rendu hommage par un film documentaire.
- Naïm Kattan, ce juif irakien et auteur respecté de tous.
- Marcel Saint-Pierre, peintre et professeur d’histoire de l’art-Refus Global à l’UQAM.
- Marie-Claire Blais, écrivaine, membre cotisant des APLP pendant des décennies.
- Jean-Marc Vallée, cinéaste, dont C.R.A.Z.Y. restera gravé dans nos mémoires.
- Michel Garneau, poète, dramaturge, musicien et comédien.