Cette citation tirée d’un classique hivernal québécois bien connu prend étrangement tout son sens ce printemps. En effet, pendant que le monde est en guerre contre le coronavirus, il semble que le climat d’urgence actuel constitue, aux yeux des gouvernements, une raison pour nous faire mal et menacer notre aspiration à une société plus juste.
Les exemples de ce phénomène sont nombreux: arrêt ministériel dans le monde de la santé pour obliger les personnes employées à abandonner les congés auxquels elles ont droit et à faire du temps supplémentaire alors qu’elles sont déjà plus qu’à bout de souffle; le gouvernement Trudeau qui profite de l’attention tournée vers le COVID-19 pour continuer le développement des projets pétroliers au détriment de l’environnement; les organismes communautaires qui, en manque de ressources, portent seuls à bout de bras le sort des oubliées et des oubliés de la société, et j’en passe. Aurions-nous oublié la sage leçon de ce film qui a bercé l’enfance de plusieurs d’entre nous?
Un peuple qui se fait mal n’arrivera pas à combattre le coronavirus. Le remède pour nous sortir de la crise sanitaire actuelle ne réside pas dans les mesures d’urgence irréfléchies qui portent préjudice à la population et accroissent les inégalités sociales. Au contraire, il faut plus que jamais que nous fassions preuve de solidarité. Donnons à tout le monde les mêmes armes pour se prémunir du COVID-19, afin qu’il soit mis K-O pour de bon. N’en faisons pas un virus de classe! Les mesures d’aide actuelles des gouvernements fédéral et provincial sont non seulement bien en-dessous des besoins réels de la population, mais ne visent également principalement qu’une portion de celle-ci: les personnes travailleuses. Mais qu’en est-il des personnes itinérantes, étudiantes, ayant un handicap, ou assistées sociales? Va falloir beaucoup plus de boules de neige, et des plus grosses, pour que la société ait une chance de gagner la bataille! Ce n’est pas le temps de couper dans nos droits ou dans nos ressources.
Le lien entre ressources et santé n’est plus à prouver. Selon un rapport produit en 2016 par le CIUSSS de l’Estrie-CHUS, « plus du quart des personnes vivant dans un ménage où le revenu est inférieur à 30 000 $ déclarent un état de santé passable ou mauvais contre une personne sur 20 dans les ménages où le revenu est de 80 000 $ ou plus »[1]. Quand on sait que les gens en mauvaise santé ou immunodéprimés ont plus de risque que les autres d’attraper le coronavirus et de le développer de manière grave, ça laisse réfléchir. Et ne parlons même pas de l’impact de l’environnement sur la santé! Aurions-nous vécu une aussi grosse crise sanitaire que celle que l’on vit actuellement si tout le monde avait de meilleures conditions de vie, si la nature se portait mieux et si les inégalités sociales n’étaient pas aussi grandes? Oui, la solution à la crise du COVID-19 est la solidarité. Assurons-nous de retenir la leçon cette fois-ci. Comme la chanson titre du film « La guerre des tuques » le dit si bien: l’amour a pris son temps.
C’est le temps. Tirons des leçons et bâtissons un monde plus juste socialement!
[1] https://www.santeestrie.qc.ca/clients/SanteEstrie/Publications/Sante-publique/Portrait-population/Faits-saillants-2016/DxLocaux_Estrie_MAJdec2016.pdf