La semaine dernière, la rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, a publié un rapport intitulé « Anatomie d’un génocide », car il existe des « motifs raisonnables de croire » que le seuil de perpétration d’un crime de génocide a été atteint.
Wikipédia décrit ainsi madame Albanese : née en 1977, elle est nommée le 1er mai 2022 rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens, pour un mandat de trois ans. Dans son premier rapport, elle recommande que les États membres de l’ONU élaborent « un plan pour mettre fin à l’occupation coloniale israélienne et au régime d’apartheid ». Elle critique l’inaction sur cette question, décrivant les États-Unis comme « subjugués par le lobby juif » et l’Europe par un « sentiment de culpabilité à l’égard de l’Holocauste », arguant que tous deux « condamnent les opprimés » dans le conflit. Pendant la guerre Hamas-Tsahal, Francesca Albanese appelle à un cessez-le-feu immédiat, avertissant que « les Palestiniens courent le grave danger d’un nettoyage ethnique de masse, que la communauté internationale doit « prévenir et protéger les populations des crimes d’atrocité », et que « la responsabilité des crimes internationaux commis par les forces d’occupation israéliennes et le Hamas doit également être immédiatement recherchée ».
Conclusions et recommandations du rapport
1- Constats : « La nature et l’ampleur écrasantes de l’assaut israélien sur Gaza et les conditions de vie destructrices qu’il a infligées révèlent une intention de détruire physiquement les Palestiniens en tant que groupe. Israël a cherché à dissimuler sa conduite génocidaire des hostilités, en utilisant le droit humanitaire international pour couvrir ses crimes. En détournant les règles coutumières du droit international humanitaire, notamment la distinction, la proportionnalité et les précautions, Israël a de facto traité tout un groupe comme « terroriste »ou « soutenant le terrorisme », transformant ainsi tout et tout le monde en cible ou en dommage collatéral, donc éliminable ou destructible ».
2- Historique : « Le génocide perpétré par Israël contre les Palestiniens de Gaza est une
escalade d’un processus d’effacement colonial d’un peuple autochtone qui remonte à loin. Depuis plus de sept décennies, Israël étouffe le peuple palestinien en tant que groupe – démographiquement, culturellement, économiquement et politiquement – en le déplaçant, en l’expropriant et en contrôlant ses terres et ses ressources. La Nakba en cours doit être arrêtée et réparée une fois pour toutes. C’est un impératif que l’on doit aux victimes de cette tragédie qui aurait pu être évitée, ainsi qu’aux générations futures de ce pays ».
3- Les deux derniers points (96-97) du rapport portent sur ce que la communauté internationale peut et même doit faire, pour éviter ce génocide. « La rapporteuse exhorte les États membres à faire respecter l’interdiction du génocide conformément à leurs obligations auxquelles ils ne peuvent se soustraire. Israël et les États qui se sont rendus complices de ce que l’on peut raisonnablement considérer comme un génocide doivent rendre des comptes et indemniser le peuple palestinien à la hauteur de la destruction, de la mort et du préjudice infligés ».
Les moyens à disposition : les Artistes pour la Paix en ont appliqué les principaux en alertant la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly :
Mettre en œuvre immédiatement un embargo sur les armes à destination d’Israël, ainsi que d’autres mesures économiques et politiques nécessaires pour garantir un cessez-le-feu immédiat et durable, y compris des sanctions.
Soutenir la plainte de l’Afrique du Sud auprès de la CIJ qui accuse Israël de génocide.
Garantir une « enquête approfondie, indépendante et transparente » sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, y compris des missions d’enquête internationales, en saisissant la Cour pénale internationale et en appliquant la compétence universelle.
Qu’Israël et les autres États complices du génocide s’engagent à ne pas récidiver et à payer l’intégralité du coût de la reconstruction de Gaza.
S’attaquer aux causes profondes par l’intermédiaire des Nations unies, notamment en reconstituant le Comité spécial des Nations Unies contre l’apartheid.
À court terme, déployer « une présence internationale protectrice pour limiter la violence régulièrement utilisée contre les Palestiniens dans le territoire palestinien occupé ».
Garantir l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens qui a fait l’objet d’une campagne de propagande israélienne visant à empêcher son financement.
Enfin, Albanese appelle le Haut-Commissariat aux droits de l’homme à « intensifier ses efforts pour mettre fin aux atrocités actuelles à Gaza, notamment en promouvant et en appliquant avec précision le droit international, en particulier la Convention sur le génocide, dans le contexte de l’ensemble du territoire palestinien occupé ».
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