Rationalisation, réingénierie, optimisation, Taylorisme, productivisme et tutti quanti. Et puis, voilà, aujourd’hui nous y sommes arrivés. Ce choix politique dont il ne faut prononcer le nom : Austérité.
À chaque changement de gouvernement depuis 20 ans c’est pareil. L’un découvre que l’autre a vidé le portefeuille commun et qu’il faudra sabrer dans les dépenses. La population est désormais captive d’un discours martelé sans relâche depuis des lunes selon lequel l’État n’a plus les ressources pour permettre les services auxquels les citoyens ont droit.
Les Ministres claironneront qu’il faudra créer de la richesse pour la partager. Pourtant, il s’en crée chaque année de la richesse au Québec. Le PIB réel du Québec et le rapport à la dette (en incluant les actifs du Québec), se comparent sans gêne à la moyenne de tous les pays industrialisés. Malheureusement, force est de constater que l’économie du Québec n’est plus qu’au service d’une frange de plus en plus marginale de citoyens et citoyennes bien nantis. Bref, l’heure de la redistribution n’a toujours pas sonnée.
Alors que l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), le Fond Mondial International (FMI) et le Front économique mondial de Davos remettent en question l’efficacité des mesures d’austérités et dénoncent l’écart grandissant entre les riches et les pauvres, le gouvernement du Québec décide d’aller de l’avant avec un budget qui promet davantage d’inégalités sociales.
Détresse économique
Depuis quelques années déjà, les organismes communautaires remarquent l’augmentation constante de la détresse économique de la population. Maîtres d’œuvre sur le terrain et actifs auprès de personnes de toutes tranches d’âge et de statut social, ces organismes doivent conjuguer avec une pression accrue sur leurs services et l’affluence d’appels à l’aide est tout simplement consternante.
De plus en plus de travailleurs et travailleuses incapables de boucler leur fin de mois utilisent maintenant les banques alimentaires. Monsieur ou madame nécessitant des soins en santé mentale pénalisé·e par un système public embourbé. Des familles qui doivent composer avec un loyer coûtant près de 60 % de leur revenu et qui seront également touchées par les augmentations des tarifs en service de garde, augmentation des tarifs d’Hydro-Québec, etc. Des jeunes laissés pour compte, des aînés isolés et puis, de plus en plus de services tarifiés dans le réseau de la santé et celui de l’éducation.
Résultat net des politiques des 20 dernières années, cette détérioration du tissu social et des conditions de vie de la classe moyenne et des moins bien nantis ne trouvera pas de répit dans ce dernier budget.
D’autres solutilons existent
Pourtant, il est de notoriété publique que des solutions fiscales existent afin d’ouvrir la porte à des revenus supplémentaires pour l’État. Portées par la Coalition opposée à la tarification et la privatisation des services publics et élaborées par des économistes, ces solutions permettraient à terme des entrées d’argent à hauteur de 10 milliards de dollars. Les différents gouvernements ont successivement plutôt choisi de soutenir la classe dirigeante. Ce dernier budget s’inscrit une fois de plus dans cette logique au détriment du bien-être de la majorité.
L’auteur est directeur de la Corporation de développement communautaire (CDC) de Sherbrooke.