En cette période foisonnante de politique municipale, le film Les rois mongols sort sur nos écrans québécois. À la fois drôle et touchant, cynique et rempli d’humanité, le film raconte l’histoire d’une jeune fille qui décide de kidnapper une vieille dame, avec l’aide de ses deux cousins et de son petit frère, dans le but que ce dernier ne soit pas envoyé en famille d’accueil, le tout avec la crise d’Octobre 70 en toile de fond.
Le film d’époque, réalisé par Luc Picard, qui n’en est pas à ses premiers pas derrière la caméra, a su saisir le roman de Nicole Bélanger, dont l’histoire est inspirée, pour en créer une adaptation qui tient la route. Cette histoire, met en vedette la jeune Milya Corbeil-Gauvreau (Manon), Alexis Guay (Denis), Henri Picard (Martin, et le fils de), Claire Coulter (Rose) et l’adorable Anthony Bouchard (Mimi). Les rois mongols repose presque en entier sur les épaules de ces quatre jeunes prometteurs qui nous touchent du début à la fin de la projection, mais c’est véritablement Anthony Bouchard qui vient voler la vedette. En plus d’être mignon à souhait, ce petit est criant de vérité et sait autant nous faire rigoler avec ses répliques naïves et à la fois émouvantes.
Milya Corbeil-Gauvreau, qui tient le rôle principal du récit et est également narratrice, est à la fois convaincante et forte devant les épreuves auxquelles elle doit faire face. Henri Picard, que nous avions pu voir plus jeune dans le bouleversant L’audition, encore une fois réalisé par son père, nous revient cette fois-ci dans un rôle mature et tout à fait convaincant.
Crise d’octobre
La crise d’Octobre a déjà été portée à l’écran par le passé avec entre autres, La maison du pêcheur (2013) ou encore Octobre (1994) et Les rois mongols vient quant à lui, utiliser cette même crise pour y constituer un parallèle avec une crise familiale. Le film d’époque exige une reconstitution fidèle, dans tous les petits détails, tant dans les décors, les costumes, les dialogues et de la trame musicale et ce film réussit cet exploit haut la main. C’est d’ailleurs dans ces petits détails anodins qui font que le film est crédible. On n’a qu’à penser aux jouets dans les boîtes de céréales, le tabac de cigarettes vendu dans des pots sur les tablettes de dépanneur, les lunettes octogonales, les voitures immenses et que dire de l’accent et du roulage de «r», si bien exécuté.
La trame sonore vient également jouer un rôle marquant dans ce récit, avec des chansons de Charlebois, Corcoran, en passant par Harmonium. La musique ne vient pas seulement apporter une ambiance sonore, mais est aussi porteuse de messages avec ses paroles et elles n’ont pas été placées au sein du récit par hasard. Le film se termine sur la chanson culte «Un musicien parmi tant d’autres» de Fiori et les paroles; «On a mis quelqu’un au monde, on devrait peut-être l’écouter» viennent résumer le récit en entier. En effet, les quatre jeunes protagonistes ne demandent qu’à être écoutés au fond, à une époque où on valorisait rarement l’opinion des plus jeunes.
Les derniers instants du film nous laissent un peu perplexes quant au sort que l’on réserve à Manon et à son frère Mimi. De plus, Luc Picard nous semble plus préoccupé par l’idée de vouloir émouvoir, que de passer un message senti, lui qui est pourtant un souverainiste bien assumé. Malgré tout, le film Les rois mongols demeure une œuvre qui saura plaire tant aux plus vieux par la fibre nostalgique, qu’aux plus jeunes par la découverte d’un temps où nous n’étions pas encore nés. Un film à voir et à revoir.