Au revoir là-haut, c’est le nouveau film du comédien et réalisateur Albert Dupontel. C’est une adaptation du roman du même titre de l’auteur Pierre Lemaitre, qui raconte l’histoire de deux soldats français qui tentent de se réhabiliter dans une France d’après-guerre, au début des années folles. L’un, Edouard Péricourt, campé par le talentueux Nahuel Pérez Biscayart (120 battements par minute), joue un artiste dessinateur défiguré par la guerre. L’autre, Albert Maillard, interprété par Albert Dupontel (Un long dimanche de fiançailles), joue un modeste comptable, tentant de survivre difficilement, tout en prenant soin de Péricourt. À eux se joindra une jeune orpheline, du nom de Louise, interprétée avec justesse, par la jeune révélation qu’est Héloïse Balster. Les deux hommes laissés-pour-compte se vengeront en escroquant les municipalités avec des monuments aux morts fictifs. Le récit évoque également le parcours de ce fils délaissé et incompris face à son père.
Le film est truffé d’humour noir, passant par des rires malaisés à des scènes plutôt sombres (après tout, c’est la guerre) et réussit également à nous émouvoir. Il n’est pas facile pour un acteur de devoir jouer à visage couvert et le génie de Nahuel Pérez Biscayart, arrive à parfaitement nous communiquer ses intentions, par sa manière de bouger, se rapprochant de la commedia dell’arte. Les masques y jouent également un rôle important. Tantôt tristes, tantôt ironiques, passant par le délire et l’abstraction, ils évoquent les états d’âme d’Edouard Péricourt. La reconstitution historique est également très réussie, non seulement grâce à l’aide d’effets spéciaux modernes, mais également par les décors et costumes des années 20. Mention spéciale également à la musique, signée Christophe Julien, fidèle comparse de Dupontel et aux emprunts de Nino Rota et d’Ennio Morricone. Que dire également de la direction photo superbe et dynamique!
La base de ce récit repose en majeure partie sur la dualité entre abusés et profiteurs. Bien que tout se passe au début du siècle dernier, elle est d’une modernité ébranlante. Celle d’une petite minorité avide, dominant le monde, le fameux 1% pour ne pas le nommer, devant les pauvres gens qui tentent de survivre.
Bien que la finale semble discutable, elle nous laisse tout de même sur une note remplie d’espérance et de bonheur. Une œuvre grandement réussie!