Ça fait quelques mois déjà que je me pose des questions sur moi. Des grosses questions. Ces questions-là, elles m’ont angoissées plus que pas assez. Durant les derniers mois, mon estime personnelle n’a pas arrêté de monter et descendre, je me suis isolée de mes ami.es qui avaient pas l’air de comprendre ce qui se passait et j’ai rendu mon discours « ultra lesbien» juste pour me sentir en contrôle et projeter une image qui me rassurait, cette image de femme aux femmes, assumée.
En même temps, pendant plusieurs moi j’ai fait des cauchemars à répétition, toujours les mêmes. Dans mon cauchemar, mon corps se divisait et je ne savais pas trop lequel était le bon, j’avais peur de perdre cette partie de moi, mais en même temps j’étais en confiance. Je me réveillais toujours à bout de souffle, le coeur battant. Ah oui, il y avait aussi ces fameux souffles que je faisais au cours de la journée, tu sais ce genre de souffle qui semble dire que t’as un gros poids sur le torse ?
Donc, c’est ça, je me suis posé des questions sur mon identité de genres et je m’en pose encore. Le seul absolu, c’est que je peux être attirée par les femmes, personnes trans et personnes non-binaires, c’est pas une question d’inclusivité, ça n’a pas rapport, c’est juste de même. Être «queer», c’est attirant pour moi.
Bref.
Et puis, tu t’identifie comment ? Hey bien, je n’en ai aucune idée. Je me pose encore ces questions. Je me suis toujours sentie différente, plus masculine, mais en même temps j’ai un certain sentiment d’appartenance au fait d’être femme. Suis-je seulement une femme beaucoup plus androgyne que la norme ? Suis-je demi-femme, «genderfluid», non-binaire…on dirait que penser à tout ça faisait juste m’angoisser. Tu sais, quand tu relis les définitions et que tu essais de te mettre dans une catégorie mais que là, le stress te pogne, t’as l’impression qu’une main te serre le coeur et qu’elle ne veut pas le lâcher. Hah, c’est vraiment pas plaisant. Des fois, tout tournait autour de moi. Je pouvais être parmi une foule de monde et je voyais pu les visages, j’entendais pas plus le son, l’angoisse embrouillait tout. Un moment donné je me suis dit: «C’est assez! Tu t’angoisses toute seule, parles-en!.» J’ai ressenti le besoin d’en parler et je l’ai fait, à deux femmes épiques dont les réactions auront toujours une immense signification pour moi. J’ai littéralement eu un meilleur accueil qu’à mes deux «coming out» sur mon orientation sexuelle et j’ai vraiment ressenti l’acceptation et l’amour de celles-ci. Ouff.
Ma conclusion, c’est que mon stress je l’avais parce que j’avais peur d’être jugée, qu’on ne m’aime plus, d’être encore plus différente.
Pourquoi ça a de l’importance, finalement ?
Je ne sais pas encore comment je m’identifie, alors je me permet de faire mes expériences et de voir ce qui me plait sans me donner une étiquette. Peut-être suis-je seulement une femme cisgenre qui se questionne, peut-être suis-je non-binaire..? Le fait est que pour moi, ça n’a aucune importance et que la seule conclusion que je peux tirer pour l’instant de mes questionnements c’est que je ne veux pas que mon existence soit limitée à cette binarité là au niveau de comment je m’habille, comment je me comporte…tout. Je veux avoir le choix d’être et de faire absolument tout ce que je veux.
Pourquoi tu parles de ton identité de genres si t’es pas certaine ?
Parce que j’aurais voulu, avant que mon angoisse me submerge, qu’on me dise ça:
Tes questionnements sont valides et légitimes. Tu peux être cisgenre et te questionner, tu peux même te tromper dans ton identité de genres parce que des fois c’est juste très confus se découvrir à 20 ans ou à n’importe quel âge. Le fait que tu sois femme, homme ou une personne non-binaire ne te rend pas moins valide, ton existence même est ce qui te rend valide.
Si tu vis, t’as le droit d’être la personne que tu veux, t’as le droit de te tromper et même d’être tout croche des fois, de t’isoler ou de réagir trop fortement, t’as le droit de ressentir les émotions que tu veux, pis de bien les gérer ou des fois un peu moins.
Il n’y a rien de négatif à être qui tu es, la seule chose qui serait négatif c’est si tu vivrais une vie pour une autre personne, juste pour ne pas déranger, juste pour correspondre.
Et puis, enfin, ça ne devrait pas être si dure d’écrire un tel article, je ne serais pas sensée redouter les commentaires haineux qui vont fort probablement apparaître en dessous de l’article, ou même les regards douteux apparaître graduellement. Se questionner sur sa sexualité et son identité de genres, ça devrait être bien normal.
Je veux terminer en disant que suite à ces questionnements, j’ai un tout nouveau respect pour les personnes trans et non-binaires vivant leur réalité, s’assumant de la façon qu’ils le font. Ça m’émue de penser à ce que vous pouvez traverser dans une vie.
Solidarité!