Le ministre François Blais ainsi que le Premier ministre Philippe Couillard nous dévoilaient le 3e plan de lutte à la pauvreté attendu depuis deux ans. Nous n’avons pas eu le temps de l’étudier de près et nous savons que le diable se cache dans les détails.
Tout n’est pas négatif : soulignons que le gouvernement veut amener une partie des personnes inaptes à la Mesure du panier de consommation d’ici 2023, mais que fait-il de tous les autres? Ce qui en ressort, c’est le maintien dans la grande pauvreté d’une large partie de la population déjà fragilisée à tous les niveaux.
Les personnes considérées « aptes » recevront des miettes : une petite augmentation de 15 $ par mois en 2018-2019. Par ailleurs, on maintient les pénalités du programme « Objectif emploi » qui pourraient amputer un chèque déjà nettement insuffisant pour survivre. Selon nous, 628 $ par mois, ça ne se coupe pas! Au bout du processus, en 2023, les personnes seules ne toucheront que 55 % de la Mesure du panier de consommation, c’est-à-dire 55 % de la couverture de leurs besoins de base. C’est intolérable qu’un gouvernement, volontairement, affame et laisse se dégrader la santé physique et mentale des dizaines de milliers de personnes.
Doit-on rappeler qu’il y a quelques années, la ministre libérale Michelle Courchesne, reconnaissait que seulement 10 % des personnes considérées aptes pouvait vraiment retourner sur le marché du travail. Le gouvernement a choisi de pénaliser toutes les autres personnes qui ne sont pas, pour différentes raisons, déclarées inaptes.
Selon la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, le gouvernement doit travailler à éliminer les préjugés face aux personnes en situation de pauvreté. Présentement, il y va, tout au contraire, en les renforçant davantage. Dans ce plan, le gouvernement catégorise encore plus les personnes à l’aide sociale en « bons pauvres et mauvais pauvres » et creuse l’écart de revenu.
Nous observons d’ailleurs une dérive importante depuis que l’Assemblée nationale a voté à l’unanimité, la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale il y a exactement 15 ans. Le nom « Plan d’action gouvernemental pour l’inclusion économique et la participation sociale 2017-2023 » ne comprend même pas les mots lutte, pauvreté, ni exclusion sociale. Ce n’est pas simplement une question de mots, c’est une dérive face aux objectifs de la Loi : le gouvernement en détourne complètement le sens.
Autour de 800 000 personnes ne couvrent pas leurs besoins de base au Québec. Ce plan n’augmentera de façon significative les conditions de vie que pour 84 000 d’entre elles en négligeant les autres. Cela manque d’ambition et d’humanité!