Bien heureusement…

Date : 23 avril 2018
| Chroniqueur.es : Hubert Richard
Catégories :

On ne naît pas tous et toutes capitalistes. Pendant des millénaires, depuis que les États et les Empires garantissent la propriété à un propriétaire via l’impression de titres de propriété, il est vrai que la génétique capitaliste s’est constituée tout un capital auprès des bien-pensants de ce monde; rendant le patrimoine familial tout aussi ultime et absolu que l’objectif d’une progéniture. L’avènement du communisme et de l’État providence a ouvert une faille dans l’incontestable raisonnement qui devrait nous motiver vers le capitalisme: le patrimoine collectif!

Dès lors qu’une société atteint la maturité pour veiller à une redistribution plus équitable des richesses et invente le bien-être social; ce bien-être cesse d’être simplement l’œuvre des religieux et des humanistes poursuivant une cause morale. Le bien-être social devient une chose distincte, utile à l’ensemble de la société; et de par son côté essentiel: un droit! Le droit à l’éducation, le droit à la santé, le droit à un logement (encore flou dans la législation canadienne), le droit à la justice… le droit à la dignité! En plus d’offrir un filet de sécurité, ce droit permet un espace et un discours inclusif pour l’avancement même de la société.

Il est plus que regrettable quand on voit des ministres grippe-sous chercher à bafouer ce droit. Lutter contre la pauvreté ne veut pas dire lutter contre les pauvres en leur enlevant le peu auquel ils ont droit pour le moindre prétexte. Lutter contre la pauvreté ne signifie pas: gérons la pauvreté! Gérer la pauvreté c’est admettre que celle-ci ne peut être enrayée et ce raisonnement favorise la discrimination envers les pauvres. En justifiant des actions odieuses, comme celle de pousser à la dérive nos jeunes avec des problématiques sérieuses d’insertion sociale avec moins de 460$ par mois pour vivre, on oublie que, dans l’existence même du bien-être social, il existe un mécanisme permettant à la société de se développer d’une manière socialement acceptable; une des trois conditions pour envisager en tout enthousiasme son développement durable.

Bien que l’acceptabilité sociale soit la raison d’être de compagnies lucratives de la région comme Boréalis qui vend des programmes informatiques permettant aux compagnies minières de faire accepter socialement leurs projets miniers, je fais référence à un mécanisme de cohésion sociale permettant à une société de s’approprier le droit de rêver en conformité avec les exigences les plus fondamentales des droits sociaux. En fait, les pauvres seraient comme les héritiers légitimes du territoire, sans lesquels il devient désormais impossible à l’avenir de concevoir de réels plans solides. Et je ne parle pas d’arrangement à la Baie James qui se négocie sur un montant d’argent. Les pauvres n’ayant rien, deviennent, de facto, les propriétaires majoritaires de ce que les riches ne peuvent parvenir à acquérir, c’est à dire les choses qui ne peuvent que s’approprier que collectivement. En commençant par l’air, l’environnement et le bien-être social!

Loin de moi l’idée d’attiser les esprits machiavéliques avec de nouvelles notions de domination, je veux simplement vous témoigner le bonheur que j’ai, en constatant que dans les paradigmes nous poussant vers la richesse, les conjugaisons appropriées sont soumises à cette nouvelle règle: seulement s’ils mènent à l’amélioration de notre patrimoine collectif! Et cela grâce au fait que pour beaucoup d’entre nous, l’idée de la richesse soit avant tout guidée par une incorruptible affection pour l’avancement social.

Vous me trouverez sûrement un peu vite en affaires pour affirmer de telles constatations, sans référence aucune à des exemples manifestes d’amour pour une rentabilité sociale. Je vous incite seulement à réfléchir à la possibilité que, parmi les inadaptés du capitalisme, se trouve un champ de fleurs dont les semences n’attendent que votre attention pour germer et faire fleurir toute une garnison de mauvais garnements. Du moment que le ciel s’ouvre et qu’une utopie socialiste se mette à briller sous l’éclat irisé d’une pluie d’arc-en-ciel! Tant qu’il y aura des logements et des gens humbles pour les habiter, tant qu’à moi l’espoir de parvenir un jour à gérer ce paradis qu’est la Terre comme de bons gestionnaires de quelque chose dont on ne peut prétendre n’avoir que la responsabilité de la charge, comme pour nos enfants… dépend du désir des pauvres à participer en toute légitimité au destin de l’humanité. C’est pour ces raisons qu’il est capital de ne pas négliger la nécessité d’être inclusif et respectueux envers ceux et celles qui articulent leur bonheur sans chercher à tout posséder.

Partagez :

facebook icontwitter iconfacebook icon