Petit Papa Noël
Xavier Lemercier, 1944
Plus grand succès de la chanson française avec plus de trente millions d’exemplaires vendus dans le monde, tout le monde connait ce cantique laïc de Noël. Dans la version la plus connue, celle de Tino Russi de 1946, un enfant adresse une prière au Père Noël le soir du réveillon et lui demande de ne pas oublier « son petit soulier », c’est-à-dire ses cadeaux. Or, dans la version originale de Xavier Lemercier, le petit garçon demande au Père Noël de ne pas lui apporter ses jouets. Et surtout pas de petits soldats ni de fusils. L’enfant demande plutôt au Papa Noël de lui rendre son papa, prisonnier de guerre en Allemagne. Du fait de ses paroles dénonçant les conséquences de la guerre sur les familles, la chanson est immédiatement censurée dans la France de Vichy et disparaît des programmations. La redécouverte de cette version antimilitariste, ce serait bien !
Manuel d’éducation punk: La magie de Noël
Miriam Elia et Ezra Elia, 2019
Les frères et sœurs Elia sont bien connus en Grande-Bretagne pour avoir collaboré à la reprise satirique des « Ladybirds Grade Reader », une série anglaise de livres pour enfants, ainsi qu’à une poignée d’autres productions artistiques à l’humour noir. Traduite en français par les éditions Flammarion, l’ensemble de la série se retrouve sous l’intitulé des « Manuels d’éducation punk ».
C’est ainsi que l’on se retrouve devant ce qui ressemble – à première vue – à un conte de Noël pour enfants aux illustrations rétros. C’est dans le texte que toute la magie opère : une famille qui s’émerveille du consumérisme des fête, le Père Noël qui nous fait visiter son usine, récemment exportée au Bangladesh pour avoir à se soucier moins des droits des lutins. Plus tard, ce sera à « maman » de s’indigner et dénoncer les pratiques patriarcales de M. Noël, via le mouvement #balancetabarbe. Ce livre aux apparences innocentes – mais au contenu corrosif – est un cadeau idéal pour tou·te·s vos ami·e·s anticapitalistes !
Houppeland 1 et 2
Tronchet, 1997 et 1998
Qu’il est béni le temps des Fêtes. Celui où l’on se retrouve en famille pour partager les petits plats dans les grands et s’échanger des cadeaux qui font plaisir. Oui, mais si c’était Noël tous les jours ? Tous les jours la dinde, tous les jours un cadeau, tous les jours un sourire de façade et une attitude joyeuse de circonstance pour ne pas être le rabat-joie de service. C’est sous la dictature du Noël permanent imposé par un Président voulant régler ses névroses d’enfance – comme tous les dirigient·e·s de ce monde ? – que René Poliveau va tenter de sauver Arlette Champagne du camp de rééducation à la bonne humeur, tout ça parce que par mauvais esprit Arlette a préféré offrir une fourchette en plastique plutôt qu’un fer-à-repasser-un-cadeau-utile-donc-qui-fait-plaisir. Chez Tronchet, il n’y a jamais de héros lumineux et flamboyant, simplement le quotidien médiocre et parfois sordide de la vie. C’est l’humanité des héros de Houppeland qui nous offre une histoire drôle et pleine de poésie, comme toujours chez Tronchet. À offrir parce-que-c’est-utile-de-faire-plaisir.