L’avenir est radieux ! Le 23 septembre dernier, plusieurs manifestations ont eu lieu à travers la Province pour militer en faveur de la Justice climatique.
Comme nous sommes en période électorale, il est certain que les partis politiques ont écouté nos revendications de bannir les énergies fossiles d’ici 2030 et de taxer massivement la richesse1 . Comme il est merveilleux que ça fonctionne comme ça pendant une période électorale ! De plus, les élections c’est un moment pour se questionner, discuter et se positionner collectivement sur plusieurs enjeux de grandes importances. Il s’agit aussi d’un moment d’éducation où nous pouvons nous sensibiliser sur des thèmes tels que l’environnement justement.
Par contre, est-ce que les élections au Québec en 2022 sont vraiment un moment de démocratie ? Les réponses varient à ce sujet. À écouter les personnages politiques, les élections représentent la démocratie à son paroxysme. Alors que d’autres étudient la question et en ressortent des nuances. Dans son ouvrage Démocratie, Histoire politique d’un mot: aux États-Unis et en France, le chercheur Francis Dupuis-Déri constate que les pères fondateurs des démocraties modernes associaient la démocratie au chaos, à la violence et à la tyrannie des pauvres. La « démocratie est d’abord un terme repoussoir, l’élite politique commence à s’en réclamer vers le milieu du XIXe siècle, mais en lui attribuant un sens nouveau. Il ne fait plus référence au peuple assemblé pour délibérer librement, mais désigne au contraire le régime libéral électoral »2. Au Canada, les pères fondateurs partageaient cette aversion de la démocratie. Ils « refusèrent de consulter le peuple. “ Au fond de l’abîme se tient la démocratie “, lança George-Étienne Cartier, tandis que, pour John A. Macdonald, “ une élection est un trouble civil “. » 3
Alors, si nous vivons dans un système politique créé par des gens qui tenaient en horreur la démocratie, qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu’il est primordial d’avoir des acteurs de contre-pouvoir pour défendre le bien commun et les valeurs démocratiques. Nous parlons ici d’organismes communautaires, de syndicats, d’associations étudiantes, de groupes citoyens, etc. Ce sont par ces acteurs et actrices que les mouvements sociaux émergent afin de critiquer le pouvoir en place et font progresser la société. Les impacts des mouvements sociaux sur les politiques publiques sont incontestables. La plupart des gains sociaux que nous obtenons découlent directement des mouvements sociaux. C’est en s’organisant autour d’intérêts ou de valeurs communes que nous arrivons à faire changer les choses4. Il serait naïf de se fier à la bonne volonté de tous gouvernements pour régler la crise climatique ou adopter des politiques sociales de redistribution de la richesse. Tout comme c’est par le sang et la sueur de plusieurs militant.e.s que nous avons aujourd’hui une journée de 8h et une semaine de 40h de travail.
Alors, est-ce inutile de voter le 3 octobre prochain ? Pas nécessairement, bien que notre système politique ne soit pas démocratique, il peut faire partie d’un tout qui encourage la participation à des mobilisations sociales. Ce qui est important à retenir est qu’il est autant important, voire plus important, de mettre ses efforts et espoirs dans la mobilisation sociale que dans le système électoral actuel. Car après tout, la démocratie, ça commence en prenant la rue !
Solidarité populaire Estrie est un organisme de défense collective des droits qui fait la promotion et défend les intérêts économiques, sociaux et culturels de la population de l’Estrie en regroupant des organisations syndicales, populaires, communautaires, féministes, environnementalistes, étudiantes et de solidarité internationale.
1 Travailleuses et travailleurs pour la Justice climatique, Nous demandons au gouvernement fédéral et québécois de:, consulté le 11/09/2022, URL:https://justiceclimatique.org/
2 Dupuis-Déri, Francis, « Démocratie, Histoire politique d’un mot: aux États-Unis et en France », LUX, 2013, p.10
3 Le Devoir, Peuple jamais consulté, élus québécois divisés, consulté le 11/09/2022, URL: https://www.ledevoir.com/opinion/idees/433941/il-y-a-150-ans-l-union-federale-peuple-jamais-consulte-elus-quebecois-divises
4 CHABANET Didier, GIUGNI Marco, « 7. Les conséquences des mouvements sociaux », dans : Éric Agrikoliansky éd., Penser les mouvements sociaux. Conflits sociaux et contestations dans les sociétés contemporaines. Paris, La Découverte, « Recherches », 2010, p. 145-161. DOI : 10.3917/dec.filli.2010.01.0145. URL : https://www-cairn-info.ezproxy.usherbrooke.ca/–9782707156570-page-145.htm
