Elles sont mères, étudiantes, travailleuses de différents milieux. En éducation, dans les services sociaux, certaines travaillent à défendre vos droits…. bref, elles sont partout, mais on ne parle d’elles nulle part. Elles sont des Femmes en situation de handicap, se retrouvant à l’intersection du capacitisme, du sexisme et d’autres types d’oppression systémique.
La réalité des Femmes en situation de handicap est méconnue, voire invisibilisée. Pourtant, elles sont engagées, certes dans le but de faire reconnaître leurs droits, mais à contribuer au développement de notre société tout autant. Mais, pour qu’elles puissent tenir leur engagement et participer pleinement à la vie citoyenne, encore faut-il que le reste de la population s’engage à reconnaître leur existence et à considérer les barrières systémiques auxquelles elles se heurtent lorsqu’elles tentent de devenir des citoyennes à part entière.
Leur engagement ne date pas d’hier
AFHM (Action des Femmes handicapées Montréal), a vue jour le 13 mai 1986. Malgré son nom et, comme il s’agit du seul organisme québecois œuvrant auprès de ces femmes, AFHM lutte pour les droits des femmes en situation de handicap dans tout le pays. Il vise notamment à maximiser l’autonomie de ces dernières et à promouvoir leur participation dans toutes les sphères de la société. (AFHM, 2022).
Pour ce faire, on souhaite diminuer la discrimination dont elles sont victimes. On souhaite briser ce cycle d’exclusion et de marginalisation dans lequel les femmes en situation de handicap sont prises depuis des décennies. Il faut dénoncer les structures sociales actuelles qui contribuent à perpétuer ce cycle en prônant des valeurs de surproductivité et de performance à tout prix. En élevant ses standards à un tel niveau qu’il est extrêmement difficile pour ces femmes de répondre aux attentes que l’on a d’elles. Conscient des limites que pose ce cycle sur l’atteinte d’une société qui soit juste et inclusive, l’organisme s’est donné la mission de conscientiser autant la population en général que les instances gouvernementales en place.
À noter que l’arrivée d’AFHM concorde avec l’émergence de la troisième vague du féminisme, soit le féminisme contemporain se voulant intersectionnel. Dès le début de ce mouvement, l’absence de considération à l’égard de leur réalité n’est pas passée inaperçue aux yeux des principales concernées.
Cette citation de Dominique Masson l’exprime bien : « Aux prises avec le sexisme dans le mouvement de défense [des droits] des personnes handicapées et avec l’insensibilité aux enjeux liés au capacitisme dans le mouvement des femmes, les Femmes en situation de handicap créent leurs propres organisations à partir du début des années 80, et ce, dans de nombreux pays. Au Canada, le DisAbled Women’s Network (DAWN) ou RAFH (Réseau d’action des femmes handicapées), sa traduction francophone est fondé en 1985. »
C’est à cette quasi-absence de reconnaissance que nous devons la volonté des femmes en situation de handicap à travers le monde à s’engager, elles aussi, à faire valoir leurs droits. C’est aussi cette indifférence qui amena Maria Barile, l’une des fondatrices du DAWN, accompagnée de quatre de ses consœurs, créa l’AFHM, s’engageant, du même coup, dans un combat visant à sortir de l’ombre les femmes vivant en situation de handicap. (Masson, 2013).
Pour les années à venir, les principales luttes que devront mener les Femmes en situation de handicap pour favoriser leur inclusion sont :
- De veiller à ce que les différentes violences dont elles sont victimes soient mieux documentées et que des ressources accessibles soient mises en place pour leur venir en aide.
- De promouvoir la nécessité d’avoir des services de santé de manière égale aux autres membres de la société.
- De s’assurer que les femmes en situation de handicap ait un meilleur accès à un logement qui puisse leur permettre de vivre en sécurité.
- De faire reconnaître le droit des femmes en situation de handicap à la maternité et de promouvoir une meilleure compréhension de l’handiparentalité chez le personnel des systèmes de santé et des services sociaux.
Encore aujourd’hui, après 26 ans passées à lutter pour ne faire ne serait-ce que reconnaître notre existence afin de favoriser notre inclusion, notre principale lutte reste la même : conscientiser la population générale sur ce que vivent spécifiquement les femmes en situation de handicap dans leur vie de tous les jours afin que celles-ci soient reconnues comme des citoyennes égales aux autres, ayant elles aussi le potentiel d’être un atout pour notre société. (AFHM, 2022).
Malgré tout, nous sommes toujours là. Prêtes à nous battre pour la justice sociale. Encore aujourd’hui, les femmes en situation de handicap restent engagées. Et vous, êtes-vous prêt.es à vous engager à votre tour ?