Les artistes d’ici ont joué un rôle colossal dans la définition de l’identité québécoise et dans la facilitation de son appropriation collective. Voici quelques chansons esquissant avec passion et amour ce Québec d’hier et d’aujourd’hui.
Mon pays (Gilles Vigneault, 1964)
Avec ce deuxième hymne québécois, Gilles célèbre avec affection ce blanc pays rêvé (« mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver ») puis l’ouverture et la chaleur de son peuple.
« De ce grand pays solitaire
Je crie avant que de me taire
À tous les hommes de la terre
Ma maison, c’est votre maison
Entre ses quatre murs de glace
Je mets mon temps et mon espace
À préparer le feu, la place
Pour les humains de l’horizon
Et les humains sont de ma race »
Les gens de mon pays (Gilles Vigneault, 1965)
Mettant en lumière l’honnêteté, la sagesse et l’humour des Québécois et placée sous le signe de l’amitié, de la fidélité et de l’aventure collective, cette chanson a contribué à l’émergence d’un courant nationaliste dans les années 1960 dont elle fut aussi le reflet (dixit Bruno Roy).
« Je vous entends demain
Parler de liberté »
Le plus beau voyage (Claude Gauthier, 1971)
Claude Gauthier représente l’ambivalence et la progression du peuple québécois vers lui-même (dixit Mario Gauthier). À la fois rassembleuse et très personnelle, cette chanson évocatrice a su franchir le test des décennies.
« Je suis de dix enfants à table
Je suis de janvier sous zéro
Je suis d’Amérique et de France
Je suis de chômage et d’exil
Je suis d’octobre et d’espérance
Je suis une race en péril
Je suis prévu pour l’an deux mille
Je suis notre libération »
Gens du pays (Gilles Vigneault, 1975)
En 1975, Louise Forestier et Yvon Deschamps défient Gilles Vigneault de composer une chanson vouée à remplacer la chanson d’anniversaire Happy Birthday. Il surpassera les attentes en produisant du même coup l’hymne national de facto du Québec.
« Gens du pays, c’est votre tour
De vous laisser parler d’amour
Gens du pays, c’est votre tour
De vous laisser parler d’amour »
Chez nous (Daniel Boucher, 2001)
Écrite pour la fête nationale, Daniel Boucher nous offre une chanson sur le contrôle de son destin, l’ouverture au monde et l’amour entre les humains.
« C’t’à mon tour d’ouvrir la maison chez nous
Pis de pas m’gêner pour dire
Que je l’aime pis que c’est d’même
De que ça s’passe de que j’ai l’goût
C’t’à mon tour d’ouvrir
À du beau monde de partout
Les vouleurs de rire
Sont bienvenus chez nous »
En berne (Les Cowboys Fringants, 2002)
Depuis 20 ans Les Cowboys Fringants ont su mieux que quiconque mettre en chanson le peuple Québecois. Ici ils brossent un portrait peu flatteur d’une population inactive face au déclin de notre société.
« Si c’est ça l’Québec moderne
Ben moi j’mets mon drapeau en berne
Et j’emmerde tous les bouffons qui nous gouvernent!
Si tu rêves d’avoir un pays
Ben moi j’te dis qu’t’es mal parti
T’as ben plus de chances de gagner à’ loterie… »
Ô Canada (Jean Leloup, 2006)
Pièce à la fois irrévérencieuse et sincère à souhait dans laquelle The Wolf nous relate d’où il vient et nous demande où nous allons.
« Ô Canada,
Porter la croix,
Protégera nos foyers et nos droits,
Et Québécois! Nous sommes Québécois!
Mais ensuite, quoi ?
Ô Canada,
J’attends encore
Le fleuron glorieux,
Le lys victorieux,
Les puppetcetera, les puppetcetera »
Ô Kébèk (Raôul Duguay, 2011)
Grandiloquent hymne dans lequel l’auteur de La Bittt à Tibi dépeint un Québec riche de son histoire et uni dans la diversité. Si la sincérité de la démarche est à souligner, le résultat a été reçu tièdement et n’a pas convaincu.
« Kébèk c’est nous gens d’ici gens de coeur
Pays unique du nord de
l’Amérique
Grand peuple uni sous le fleurdelisé
Nation qui fleurit et aspire au bonheur
Sous l’arc-en-ciel de l’amour nous chantons liberté
Au fil des jours nous gardons en mémoire notre histoire
Notre fierté notre victoire c’est de parler français
Et de vivre ensemble en paix »
Kebekwa (David Goudreault, 2011)
Pour conclure on a David Goudreault saisissant bien cette société plurielle qu’est le Québec d’aujourd’hui.
« Rappelons-nous surtout
Qu’on s’est bâti les autres, les uns
Épaules métissés à la roue
Rouage d’un pays
De fermiers ouverts
De citadins, citoyens de la terre
Terre des hommes, on s’y réfère »