ARTISTES DE SHERBROOKE, COMMENT ALLEZ-VOUS ?

Date : 9 juin 2020
| Chroniqueur.es : Marie-Élise Faucher
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MARIANNE VERVILLE AURAIT PU ÉCRIRE CET ARTICLE. DEPUIS QUE LE QUÉBEC EST CONFINÉ, L’ARTISTE DE LA PAROLE A DÛ METTRE PLUSIEURS PROJETS EN VEILLEUSE ET PORTER SON CHAPEAU DE COMMUNICATRICE À TOUT FAIRE, BÂTISSANT DES SITES WEB ET ENGAGEANT DES COMMUNAUTÉS SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX. L’HORAIRE REMPLI, ELLE A PARTAGÉ MON NOM À L’ÉQUIPE D’ENTRÉE LIBRE, ET ME VOICI, SUR LE POINT DE VOUS RACONTER CE QUE 12 ENTREVUES TÉLÉPHONIQUES M’ONT APPRIS SUR LES RÉALITÉS DIVERSES QUE VIVENT NOS ARTISTES À SHERBROOKE.

Ce prélude semble banal — il ne l’est pas. Il pose dès le départ le postulat que l’art se fraie toujours un chemin dans une collectivité qui en a besoin, se passant de bouche à oreille et se transformant selon le contexte.

À bout de voix, distancés selon les règles, mais unis par les vibrations acoustiques qui voyagent entre les combinés, nous jasons, Ultra Nan et moi. L’illustrateur n’a pas subi de changement de routine depuis la mi-mars. « Je pense que ça a plus marqué le citoyen moyen qui, lui, n’a jamais pris de temps d’arrêt, expose-t-il. Le seul temps qu’il se donnait c’était un temps de vacances, et là c’est un temps où tu es obligé de te retrouver avec toi-même. »

Au-delà de ce que son art exprime, Ultra Nan se dit irrité que le gouvernement ait pu instaurer des mesures drastiques aussi rapidement sous la menace d’une contamination humaine, alors que le discours environnemental des scientifiques, en lien direct avec la propagation du virus, est pris à la légère depuis des années. « Je suis du profil désabusé. Des fois, je fais des trucs qui sont cute pis c’est kumbaya, mais mon profond intérieur… y’a un aspect où j’ai une petite fille et je ne veux pas la décourager, mais je te dirais que ça fait tellement d’années que ça fait partie de mon combat, tout ça. Je ne suis pas seul, on est nombreux. Mais j’ai le sentiment que nos voix sont éteintes par l’économie, par tout ça », confie-t-il.

Tout ça, Adèle Blais a aussi senti le besoin de l’exprimer avec sa voix au sens propre. « J’ai utilisé ma bouche pour dire tout ça ! » lance-t-elle au bout du fil, lorsque je lui demande si l’enchaînement d’émotions que la crise sanitaire a provoqué chez elle s’est manifesté dans ses plus récents tableaux.

Alors que le Québec déclarait l’état d’urgence, l’artiste-peintre entamait d’importantes rénovations dans sa maison pour y installer son atelier de travail. « Au début, j’ai pris panique, honnêtement, quand l’arrêt est arrivé. J’étais sûre que ça y est, c’était fini, je n’aurais plus jamais de demandes. Puis étrangement, trois semaines après, pour moi, ça a vraiment reparti », relate celle qui a surtout reçu des commandes pour du portrait, ce printemps.

Continuer à peindre en isolement, avec ses enfants, au milieu d’un environnement chaotique, a été éprouvant pour l’artiste, qui retrouve peu à peu ses repères. « C’est vraiment venu ébranler tous mes points de référence dans la vie, mes façons de créer. J’ai toujours dit à mes enfants que je ne crois pas aux règlements. Je crois en l’humain, que si on lui laisse la liberté, il va être capable de trouver ce qu’il doit faire ou pas. Là, je le retrouve tranquillement pas vite », annonce la Sherbrookoise avant de quitter la conversation téléphonique quelques secondes, le temps de saluer une connaissance qui croisait son chemin au Bois Beckett.

LE SPECTACLE DE DEMAIN EST REPORTÉ, pouvait-on lire sur la page Facebook de la chorégraphe Danika Cormier, le vendredi 13 mars. Rien de déterminé pour les représentations de Coaticook et de Waterville, espérait-on encore à ce moment-là.

ATTENTION, TOUS LES SPECTACLES DE BAYOU SONT REPORTÉS, apprenait-on finalement le lendemain avec déception.

Fin avril, apparition d’une vidéo. Celle de dix danseurs de l’Estrie s’unissant dans une danse à relai inspirée du mouvement des vagues.
Mi-mai, Danika Cormier m’écrit ceci : « Honnêtement, j’ai seulement débranché la machine artiste pour le moment et je me concentre sur d’autres projets de vie comme : ma nouvelle maison. J’attends un moment plus favorable ou du moins l’inspiration pour m’y remettre. »

Étrange bête qu’est l’inspiration… Sans régime précis, elle se nourrit parfois de moments sombres, parfois pas, disparaît pour mieux revenir sous une autre forme, dans une nouvelle discipline qu’on explore, un lieu auquel on aboutit ou dans une rencontre qu’on fait, physiquement, socialement ou autrement.

La suite de cet article sur l’art sherbrookois au temps du coronavirus est ici sur le site web du journal.
Vous y découvrirez les voix d’Alexandre Leclerc, comédien, Marido Billequey, poète, Anh Minh Truong, réalisateur-scénariste, Anika Rozon, médecin-artiste, Emmanuelle Laroche, comédienne, Étienne Leclerc, tromboniste, Frank Poule, poète, Jean-Sébastien Dutil, réalisateur, Sarah Badkoube, poète, et Sabrina Pariseau, improvisatrice

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