Dans notre imaginaire occidental, la Démocratie est considérée comme l’idéal indépassable d’organisation politique et sociale. Nous estimons que cette forme d’organisation permet au plus grand nombre (demos: le peuple) de s’exprimer sur les choix qui seront ensuite appliqués (kratein: commander) à tous et en leur nom. L’imaginaire idyllique de la Démocratie nous vient de son origine dans la cité grecque d’Athènes: des citoyens tirés au sort étaient chargés d’élaborer des propositions de lois, qui étaient ensuite discutées par les citoyens de la cité. Cependant, n’étaient considérés citoyens d’Athènes uniquement les hommes, à l’exclusion donc des femmes, mais également des esclaves et des personnes d’origines mixtes. Et d’autres règles basées sur la richesse du citoyen s’appliquaient ensuite pour le droit de vote. Pas si Demos que ça finalement, cette Kratia Athénienne.
La démocratie représentative comme celle que nous avons au Québec et au Canada est parfois remise en cause pour ses limites et imperfections, mais rapidement on nous oppose le chaos du Socialisme, du Communisme, et de l’autogestion Anarchiste. Dernièrement, c’est l’action du groupe Extinction Rebellion sur le pont Jacques-Cartier qui a entrainé une batterie de réactions sur le thème de la Démocratie bafouée et de la prise d’otages des citoyens-automobilistes empêchés d’entrer dans la Cité. Jamais nous n’aurions cru qu’il y avait tant de médecins, de policières, d’infirmiers ou d’avocat bloqués sur ce pont. Les femmes qui nettoient nos bureaux et les hommes qui ramassent nos poubelles ont la coquetterie d’entrer en ville hors heure de pointe. Le climax du larmoyant était pour les malades du cancer attendant, en urgence, leur dose de chimiothérapie.
Tout aussi réels que les cancéreux qui sont diagnostiqués et traités par des scientifiques qu’on appelle médecins, les scientifiques du climat ont diagnostiqué un réchauffement de notre planète du fait d’émission de gaz à effet de serre, dont l’automobile est un des plus grands émetteurs. Cette réalité des faits scientifiques a des conséquences pour tous et toutes: les piétons, les cyclistes, les automobilistes et ceux qui crèvent la faim avec rien en Ouganda.
Lors des précédentes élections fédérales et provinciales, les deux premiers ministres finalement élus s’étaient engagés à changer le mode de scrutin. Ils nous ont menti droit dans les yeux, mais nous devons continuer à leur faire confiance sur leurs actions dans la lutte au réchauffement? À Sherbrooke, le maire Steve Lussier en campagne électorale demandait un moratoire sur le projet Well Inc du maire sortant, pour finalement approuver le projet Well Sud qui sans honte face aux citoyens, n’avait changé que de nom. La conseillère municipale élue qui a osé questionner la pertinence du projet a fait l’objet d’un tir de barrage groupé des membres du conseil. Dans quel état ressort la Démocratie qui se passe derrière des portes closes et où une idée contraire est considérée comme une attaque au groupe? La ville de Sherbrooke compte en son sein une personne qui depuis 12 élections maintenant souhaite participer à la vie de la Cité en proposant sa vision du monde, du développement de lat ville, d’un futur commun. Cette personne ne siège pas à la chambre de commerce, elle n’a pas d’amis fortunés pour subventionner ses campagnes électorales, cette personne vit sur le B.S. comme un choix de vie et consacre son temps à sa famille et des associations. Que vaut notre Démocratie si ses représentants essentiels, le citoyen et la citoyenne, ne sont considérés que par le mépris de classe et de la respectabilité quand il ou elle décide de s’exprimer?
Alors, amis bourgeois qui criaient au déni de Démocratie lorsque quelques personnes ne représentant qu’eux même bloquent un pont, demandez-vous avant tout si vous respectez vous-même la Démocratie. Parce que, sans le respect de la parole donnée aux citoyens et citoyennes et le maintien d’un climat de confiance sur les décisions prises en leur nom, il n’y a pas de Démocratie possible. Et vous devenez les tristes larbins d’une Démocrature qui basculera hors du cadre démocratique sans vous demander votre avis.