Plusieurs groupes citoyens et étudiants convient la population de l’Estrie à se rassembler le 20 septembre à 8h devant l’hôtel Delta Sherbrooke pour accueillir le ministre de l’Environnement et de la Lutte aux Changements climatiques, Benoit Charette. Les groupes organisateurs espèrent pouvoir échanger avec le ministre afin de lui témoigner la volonté de la population de l’Estrie que le Québec tourne définitivement le dos aux énergies fossiles polluantes, en commençant par le rejet du projet Gazoduq/GNL Québec. Une séance d’allocution est prévue à compter de 8h15.
Porté par deux compagnies multinationales américaines, le mégaprojet Gazoduq/GNL Québec implique la construction d’un pipeline de 782 km depuis l’Abitibi jusqu’au Saguenay. Il alimenterait un projet d’usine de liquéfaction de « gaz naturel » (nommée Énergie Saguenay) au Saguenay. Le gaz serait extrait par fracturation hydraulique en Alberta. L’objectif principal de ce méga projet fossile est d’exporter par super-méthaniers du gaz « naturel » liquéfié (GNL) vers l’Asie et l’Europe via le fjord du Saguenay et le fleuve Saint-Laurent.
Pour les porte-paroles du mouvement La Planète s’invite à l’Université de Sherbrooke, Marie Talaïa-Coutandin et Vincent Boisclair, «le ministre doit écouter les 180 scientifiques, médecins et experts en matière climatiques, en sciences de l’environnement et en biologie provenant de toutes les universités de la province ayant signé une lettre ouverte affirmant que “ce projet contribuerait à aggraver” la situation déjà critique de la planète, l’urgence écologique de la crise climatique».
Rappelons que le passage à Sherbrooke du ministre de l’Environnement et de la Lutte aux Changements climatiques, Benoit Charette, s’inscrit dans le cadre d’une tournée provinciale lancée par le Gouvernement du Québec pour tenter de déterminer les actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’adaptation aux changements climatiques qu’il convient de mettre en œuvre de façon prioritaire.
«Nous nous réjouissons que le gouvernement souhaite s’engager face à l’urgence climatique. Néanmoins, pour être conséquent avec lui-même, le gouvernement du Québec ne peut tout simplement pas prétendre réduire les émissions de GES tout en tolérant une seconde de plus l’hyper polluant méga projet Gazoduq/GNL Québec», souligne Rodrigue Turgeon, étudiant en droit et sciences de la vie à l’Université de Sherbrooke et cofondateur du collectif Gazoduq, parlons-en!
Ce projet représente également une grande menace sur la biodiversité. Des dizaines d’espèces animales et végétales évoluent sur la trajectoire projetée du pipeline et sont déjà en voie de disparition ou sérieusement menacées de l’être. Selon Adrien Guibert-Barthez, co-porte-parole de la Coalition Fjord qui sera à Sherbrooke pour l’événement, «Le passage dans le Fjord du Saguenay de 320 méga-navires par année auraient des répercussions énormes sur la biodiversité du seul parc marin du Québec, notamment le béluga !».
Le projet émettrait l’équivalent d’un minimum de 46 millions de tonnes de CO2 à chaque année. Ce qui représente environ 60% des émissions annuelles de tout le Québec ou les émissions annuelles de 10 millions de voiture. Face à l’ampleur de la situation, les groupes partagent l’avis que les enjeux climatiques, environnementaux, sociaux, fiscaux et économiques soulevés par le méga projet Gazoduq/GNL Québec sont incontestablement de portée nationale.
Pendant ce temps, la région de l’Estrie n’échappe pas aux nombreuses tentatives des provinces de l’Ouest canadien d’exporter leurs énergies polluantes via le territoire du Québec. Comme le révèle Alexandre Ouellet, du collectif citoyen Résistances Écologistes, «Une coalition de groupes environnementaux du Québec a débuté en mai dernier une campagne pour demander aux parties prenantes, autour du projet de terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) de Pieridae Energy Ltd. À Goldboro, de renoncer à soutenir le projet de terminal, que ce soit financièrement ou en transportant le gaz naturel de l’Alberta à la Nouvelle-Écosse». L’approvisionnement en gaz du terminal Goldboro nécessiterait le forage d’au moins 125 nouveaux puits par année et la construction d’un nouveau gazoduc dans le sud du Québec, passerait à travers de nombreuses villes et cours d’eau de la Montérégie et de l’Estrie.
Les personnes prenant part à l’événement seront invitées à signer sur place la pétition contre le projet Gazoduq/GNL Québec, des tracts informatifs sur les dangers du gaz naturel seront distribués.