Une critique sans divulgâcher.
Le film qui sortira ce vendredi 13 septembre à La Maison du Cinéma, vous laissera sans voix et avec l’intime conviction que ce sera l’un des films de l’année 2019.
Que serait ce monde, notre monde, sans la mémoire? Ces mémoires parfois douloureuses, vacillantes, ignorées ou abandonnées qui disparaissent dans les affres du désespoir sans être transmises. La quête du film, mais également du tout aussi somptueux livre de Jocelyne Saucier, est d’aller à la recherche la mémoire et de la restituer.
Nous disons souvent que l’art a une portée universelle car elle amène à des questionnements sociétaux. Ce film lourd, dont nos émotions voguent à merveille ici et là, met plusieurs sujets en lumière tels que la solitude, la recherche de liberté, l’abandon, la différence, la hantise des maisons de retraite et hôpitaux, ou encore, le déni d’existence de la société qui frappent nos aînés.
Une phrase du personnage interprété par Rémy Girard, sera lancinante et évocatrice de ces nombreux maux, «On n’existe pas pour personne» tel le cri d’un combat déjà perdu, au fur et à mesure que les «mouroirs» ne cessent de se remplir.
Fuir cette société pour enfin vivre cette deuxième vie, va être le leitmotiv de nos trois ermites, avec la nécessité absolue de jouir de ses choix mais aussi d’aimer. L’amour n’a jamais été aussi bien filmé en 2019, que ce soit à travers If Beale Street could talk de Barry Jenkins ou à travers ce film. Délicat, attentionné, subtil, sublime, la virtuose Louise Archambault n’est d’ailleurs pas à son coup d’essai, elle nous avait déjà subjugué avec la douce et tendre Gabrielle qui se bat pour le droit d’aimer. Il pleuvait des oiseaux, son troisième long-métrage, après Familia et donc Gabrielle, est porté par un trio époustouflant, convaincant et attachant Andrée Lachapelle (Cap Tourmente, Route 132, La dernière fugue, Leolo…), Gilbert Sicotte (Le Vendeur, Paul à Québec, Cap Tourmente…) et Rémy Girard (Les Invasions barbares, Incendies, Le Déclin de l’empire américain, Jésus de Montréal…) On aurait aimé se retrouver dans cette forêt secrète pour les écouter, des heures et des heures. Le film fait également la part belle aux remarquables, Ève Landry, en photographe munie de cette bonne qualité qu’est la curiosité, Éric Robidoux et Louise Portal (Les Invasions barbares, Cordélia, Les Beaux Dimanches…). La beauté du film, outre les personnages, est dû aussi à la très bonne bande son de Wild Driving West et à ce lieu, cette forêt, qui cache tant de mystères.
Poétique, délicat, attendrissant, jovial, ce film vous laissera, sans aucun doute, une trace indélébile.
Sortie prévue le vendredi 13 septembre 2019 à La Maison du Cinéma.