C’est une Virginie généreuse et toute en réflexion qui m’a accordé une entrevue en vue de son spectacle Du bruit dans le cosmos, un premier one-woman show, à la salle Maurice O’Bready le 20 mars, qu’elle décrit comme humoristique et existentialiste.
Quatre Virginie
Virginie Fortin a plusieurs chapeaux : l’improvisation, le jeu, l’animation et l’humour. Interrogée sur son identification au multipotentialisme, elle m’explique que ses intérêts sont multiples, mais dans des domaines connexes. Cependant, elle reconnaît se tanner rapidement de faire la même chose et avoir besoin d’être motivée par de nouveaux défis. Si faire un spectacle est un privilège pour elle, aller jouer dans la télésérie Trop lui permet de briser la routine qui pourrait s’installer. D’ailleurs, l’humour lui demande d’être plus confiante, alors que son rôle dans la télésérie lui permet de se montrer plus vulnérable. Il y a quatre Virginie et elle se sent choyée d’avoir trouvé cet équilibre.
Des compétences qui se transposent
Alors qu’elle m’explique n’avoir pas fait l’école de l’humour ni l’école de théâtre, elle déclare que l’improvisation a été une grande école pour elle. En effet, elle l’amène à élaborer des idées, construire des punchs et développer son écoute. Cela lui a servi plus tard en humour, un terrain où elle dit maintenant inclure une part de théâtre et d’interprétation, interprétation qui se transpose à son tour dans son jeu à la télé.
Son personnage dans Trop
Interrogée sur sa responsabilité sociale face à ce rôle de personnage bipolaire, elle m’explique d’emblée qu’il s’agit de son premier contrat de comédienne. Elle s’est donc d’abord senti la responsabilité de ne pas dépeindre trop gros la maladie et de plutôt rendre hommage aux personnes bipolaires. Les excellents textes de Marie-Andrée Labbé n’avaient qu’à être suivis, dit-elle, sans qu’on ait besoin d’en rajouter. Il était surtout important pour elle de ne pas juger le personnage. Elle s’est sentie très bien entourée par les réalisatrices Louise Archambault (Gabrielle) et Chloé Robichaud (Sarah préfère la course) qui ont su la guider.
L’heure est grave
Comme l’émission L’heure est grave, à Télé-Québec, traite d’environnement, d’éducation, de féminisme, de politique, etc., je lui ai demandé quelle était la place des enjeux sociaux dans sa démarche artistique. Elle affirme que son humour a beaucoup évolué avec les années et sous l’influence d’humoristes britanniques, entre autres. Elle tente maintenant d’avoir un regard extérieur sur la société, du moins un questionnement sur celle-ci. Elle précise que dans l’émission, l’idée est d’avoir un angle engagé, tout en n’étant pas moralisateur.
Du bruit dans le cosmos
Interrogée quant à sa plus grande fierté concernant son tout nouveau spectacle, elle affirme être heureuse d’avoir pris le temps nécessaire pour le réaliser. Dans son parcours, elle a participé au festival Dr. Mobilo Aquafest. C’était un lieu d’exploration où les humoristes avaient droit à l’erreur. Dans ce contexte, les numéros pouvaient être plus flous, plus vaporeux, ce qui l’a influencée par la suite dans son écriture. Quand elle a fait son rodage pour Du bruit dans le cosmos, en 2017, elle était heureuse de constater que son fil conducteur n’était pas forcé, ses idées avaient eu le temps d’être peaufinées. Le fait d’avoir participé au festival Fringe, à Édimbourg, lui a permis de se casser la gueule pour s’améliorer par la suite. Elle s’est aussi donné le droit d’aborder des sujets plus lourds et d’adopter un rythme plus lent par moment. Et voilà comment est né son spectacle d’humour à saveur existentialiste.