Je ne sais pas s’il vous arrive d’avoir ce comportement ou ce constat face à la misère, du genre de détourner le regard? D’essayer d’éviter ce sentiment d’impuissance? Avec une tendance à se réfugier dans l’indifférence? C’est drôle, peut-être qu’on n’a pas le même parcours mais qu’on partage les mêmes réactions. Si je ne le vois pas, ça n’existe pas!
J’en profite pour partager un paradoxe, celui des nouvelles internationales comme des voyages qui peuvent servir à nous ouvrir les yeux sur le monde et en même temps susciter juste l’envie de les refermer. Oui, se fermer les yeux sur des situations inimaginables! Parce que c’est douloureux de voir des enfants en lambeaux qu’on voudrait donc rapiécer! Des enfants dans le besoin, il y en a au Québec comme ailleurs et pour aucune raison leur vie ne devrait ressembler à cela.
J’aimerais attirer l’attention sur ceux qui ont des conditions de vie en deçà de l’acceptable, au-delà du «voyons donc». Des enfants de 5-6 ans abandonnés en ville qui se regroupent en se fabriquant des maisons en carton pour survivre, puis ceux qui n’ont pas encore 12 ans et qui servent d’appât sexuel pour nourrir la famille et, tant qu’à faire, tous les autres qui charrient, barouettent de leurs mains sales aux pieds nus qui ne te voient pas parce qu’ils sont trop occupés, ou, lorsqu’ils le font, te supplient du leur regard de les délivrer!
Ces enfants-là s’ajoutent aux millions d’autres que l’enfance a désertés parce qu’ils sont maintenant réfugiés, déplacés, victimes de la guerre. Les nouvelles c’est comme les voyages, cela nous expose à ce genre de détresse, là où la réalité dépasse la fiction. «Ok merci pour l’information. Une fois qu’on le sait, on fait quoi avec ça asteure?»
Tous ces regards lourds d’enfants devraient plutôt en être de sourires prêts à la rigolade, non? On ne pourrait pas leur retaper le décor, parce que me semble qu’en tant qu’enfant, ça pourrait être le fun non? Rire, peut-être pas tout le temps, mais des fois, même si ce n’est pas souvent?
J’en suis venue à me convaincre qu’en faisant des petits gestes, c’était mieux que rien. Même la révolte ne me semble pas une bonne avenue, préférant soutenir que de lutter. Je n’écoute presque plus les nouvelles, même s’il reste impossible de ne pas en voir passer une mauvaise de temps en temps. Aussi, je suis bien trop sensible pour partir en aide humanitaire, mais pas assez insensible à l’humain pour baisser les bras. Alors, je me rabats sur des actions à petite échelle, à ma hauteur. Assez pour me mettre à y croire tellement que je me dis que faire un don, c’est un peu du partage des richesses! C’est un peu de tendre la main à distance. C’est fou comment on peut être optimiste en pensant qu’avec un peu de temps accordé on peut changer les choses!
Soutenir Clowns Sans Frontières
Malgré la richesse des expériences, des fois je regrette d’avoir tant voyagé par curiosité du vrai monde et de m’être tant exposée aux souffrances du vrai monde. C’est comme écouter les nouvelles, on finit plus souvent choquée que réjouie. «Tout est parfait, ça dépend ce que t’en fais» que je me répète pour ne pas imploser. Alors, je participe à quelque chose de plus grand que nous, de valorisant et de grandiose dans sa cause!
Parfois c’est de trouver un lieu où cela fait du bien de contribuer. À défaut d’être sur le terrain directement pour soulager les enfants, j’y vais en extension en adoptant la cause de Clowns Sans Frontières qui offre des spectacles et des ateliers aux populations victimes de la guerre, de la misère et de l’exclusion.
Pour la 1re édition en Estrie, c’est la campagne de sensibilisation du 1er novembre au 18 novembre avec une invitation à faire un don ou acheter un nez de Clowns sans frontières. Une manière collective d’aligner une série de 2$ pour qu’il y ait plus de missions effectuées «pour plus jamais d’enfants sans sourire».
Je ne sais pas s’il vous arrive de vous sentir bien après avoir posé un petit geste? D’avoir l’impression de faire un minimum syndical malgré l’ampleur du désastre? Que même si on ne peut pas sauver tous les enfants de la Terre, au moins ceux qui en arrachent, au Québec comme ailleurs, peuvent compter sur des gens sensibles qui soutiendront des artistes qui leur donneront une trêve sur leur vie de «merde». C’est drôle comment on peut devenir optimiste avec un 2$!
Le montant amassé de la campagne sera annoncé au point culminant de la Journée internationale des droits de l’enfant du 20 novembre, soit le JOURNEZ de Clowns Sans Frontières.
Rendez-vous nombreux à la boutique de Zone Image Estrie au 1306 rue King Ouest ou au Marché régional de Solidarité au 843 rue King Ouest ou sur clownssansfrontieres.ca
Si vous avez envie de participer à la collecte, n’hésitez pas à communiquer avec: clownssansfrontieres.estrie@gmail.com.
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Pourquoi aider CSF?
Clowns Sans Frontières est une association artistique et humanitaire d’artistes professionnels bénévoles qui apporte des moments de rire et de rêve dans des endroits où la culture peine à respirer, tels que les camps de réfugiés, les centres de détention pour enfants, les orphelinats et les bidonvilles.
Nourrie des rires d’enfants et d’adultes captivés par ses spectacles, l’organisation artistique se bat pour préserver le droit à l’enfance puisque cela procure:
- un moment d’apaisement pour une mère qui voit son fils sourire pour la première fois depuis des mois;
- des moments de joie pour des enfants autochtones vivant sur un territoire privé d’eau potable et d’électricité;
- un moment de répit aux populations réfugiées et déplacées à travers le monde;
- l’autonomisation des jeunes vivant dans les bidonvilles en Haïti.
Sans discrimination politique, religieuse ou ethnique, ils organisent des spectacles et des ateliers gratuits ouverts à tous, pour les populations victimes de la guerre, de la misère ou de l’exclusion.
En synergie avec les organisations implantées sur le terrain, ils offrent des formations auprès des enfants et des éducateurs et structurent des réseaux d’artistes locaux. Aussi, Clowns Sans Frontières donne vie au droit à l’enfance, en complément à de nombreux partenaires sur le terrain tels que CARE, Médecins du Monde, UNICEF, la Croix-Rouge et bien d’autres.
En savoir plus
Aujourd’hui, le réseau international de Clowns Sans Frontières regroupe 15 pays membres. Près de 5000 spectacles ont été organisés dans 36 pays rejoignant plus de 2 millions de personnes, principalement des enfants.